Tout le monde se scandalise des
logiciels menteurs de Volkswagen, des déclaration racistes de Nadine
Morano, des mensonges publics de Poutine à l'ONU à propos de
l'homophobie dans son pays, et de nombreux autres sujets
d'abomination, au point que certaines agressions aux valeurs les plus
fondamentales arrivent à se frayer un chemin dans ce vacarme sans
que personne ne les relève.
C'est le cas de cette déclaration d'Emmanuel Macron , et je trouve très grave que personne ne l'ait relevée comme elle le mérite :
Emmanuel Macron « estime qu'accéder aux plus hautes fonctions par l'élection est un cursus d'un ancien temps ».
Cette imprécation évoque immédiatement dans le fil de mes pensées le nombre de citoyens, résistants, héros, qui ont versé leur sang et donné leur vie pour que dans ce pays vive et perdure la démocratie qui permet au peuple de choisir ceux qui le conduisent. Tout cela serait-t-il donc de la foutaise, non seulement pour monsieur Macron, mais également pour Hollande et Valls qui l'ont nommé ministre en affirmant bien le connaître, et donc en connaissance de cause ?
C'est facile de dire après coup que ses déclarations n'engagent que lui, mais c'est tout de même eux qui l'ont mis aux commandes, et c'est surtout eux qui l'y maintiennent alors qu'ils ne peuvent plus ignorer la nature du monstre.
Et voilà maintenant, grâce aux bons soins de ces apprentis sorciers, que ce termite de la finance, ce rongeur des institutions qui fait des risettes à l'opinion publique en se drapant d'un geste large de son voile de démagogie et de populisme dans la plus belle tradition des tribuns d'extrême-droite, s'engage dans une escalade de popularité dont il espère qu'elle le conduira aux sommets de l'état par une sorte de voie messianique... La démocratie, l'élection, le consensus du peuple, c'est, pour lui, un passé révolu. De la gnognotte, indigne de sa grandeur, incompatible avec son génie. Le voilà auto-promu empereur galactique, issu, sinon de la cuisse de Jupiter, du moins de quelque force obscure qui fait fi de la voix du bon peuple et s'apprête à le poser en majesté sur un trône de toute puissance… De qui se moque-t-on ?
Le roi était « de droit divin ». Macron serait « de droit financier », de « droit technocratique ». Vous savez qu'on a fait des révolutions, et pas seulement France, pour éradiquer ce genre de tyrannie ?
Dans
la foulée, et pendant qu'il jonglait avec les énormités, l'incube
de la république a même rajouté que
« le libéralisme est une valeur de gauche ».
Encore un ou deux sophismes de ce genre, et le libéralisme deviendra une valeur sacrée, un dogme intouchable, la source de toute chose, le Verbe, et il faudra l'honorer et même lui faire des sacrifices…
Comment? On lui en fait déjà? Ah oui, tu as raison!
Si on se réfère au Thatchérisme, dont Macron a prétendu quelque temps s'inspirer, notons qu'il aura fallu 35 ans à l'Angleterre pour en revenir. Or pourtant, Thatcher a été élue, elle, elle a été député et chef de parti…
L'Angleterre, comme bien d'autres pays, -comme tous les pays-, est un pays riche habité de citoyens pauvres, comme le sont tous les pays gouvernés par cette doctrine. La richesse est dans les tours vitrées des multinationales, sur les graphiques des institutions financières, dans les paradis fiscaux, mais certainement pas dans les poches des citoyens. De plus en plus de villes ressemblent à Metropolis, avec sa ville haute et sa ville basse. Notre société entière ressemble à Metropolis, avec ses quartiers favorisés hébergeant une élite glapissante de plaisirs et ses immenses contrées grises et mornes où végète le reste de la population. Si c'est cela que nous voulons, laissons faire Macron et ses suppôts. Continuons à le trouver souriant et bien propre sur lui, à voir comme un sourire ses dents de carnassier, et à répéter comme des incantations ses imprécations dictatoriales, à entendre comme des prophéties ses attaques contre la démocratie et la république. Les admirateurs du prophète Emmanuel, -enfin surtout ceux qui habitent la ville haute-, essaient bien de rassurer les esclaves en leur disant « qu'on ne fait pas toujours ce qu'on veut ».Mais ne pas pouvoir faire ce qu'on veut ne signifie pas que l'on doive faire ce qu'on vous dit et obéir à des maîtres que l'on n'a pas choisis.
Ce sont les gens qui ont beaucoup à perdre qui calculent avant d'agir et bâtissent des doctrines pour ne pas perdre leurs avantages. Méfions-nous de ceux qui n'ont plus rien à perdre. Ceux-là ne vont pas concocter un « coup en trois bandes ».
Ils iront droit au but. Ou vers ce qu'ils croient être une solution. Car l'exaspération d'un peuple que l'on méprise et que l'on croit pouvoir manipuler sans limite, c'est justement le terreau sur lequel prolifèrent les fleurs vénéneuses du front national. Macron veut priver le peuple de droit au chapitre.
Plus fine, hélas, Marine Le Pen veut lui faire dire ce qui l'arrange. Deux manières de court-circuiter la véritable aspiration au bonheur humaniste d'un peuple que l'on fait tourner dans son enclos. Car le résultat est le même : persuader le peuple qu'hors de l'enclos, point de salut. Or c'est justement là que les Hommes veulent aller.