Les Revenants // Saison 2. Episodes 1 et 2. L’enfant / Milan.
Trois ans ont été nécessaire pour accoucher de la saison 2 de Les Revenants, ce qui s’est soldé par tout un tas de remous (emplois du temps du casting, problèmes dans l’écriture que le créateur voulait parfaite, tournage mainte et mainte fois repoussé) jusqu’aux résultats d’audience de ces premiers épisodes. La série a perdu la moitié de son public, montrant à quel point les téléspectateurs n’avaient plus vraiment d’attente vis-à-vis de cette série, pourtant, succès public et critique lors de sa présentation il y a trois ans de ça. Cette seconde saison doit changer drastiquement les choses et permettre à Les Revenants d’aller au delà de ses personnages pour plonger un peu plus dans les relations qu’ils entretiennent et dans la mythologie de la saison. La mythologie de la série reste assez mystérieuse par moment et la dernière image de la saison 1 a été résolue de façon presque trop simpliste. L’enjeu de cette saison 2 est de savoir si les téléspectateurs ont envie de voir la suite et après cers deux épisodes, je trouve que Les Revenants a perdu un peu de sa superbe. La série reste soignée visuellement, le casting est toujours bon et convaincant, la musique est elle aussi toujours soignée, etc. Il est aussi très difficile de cerner tout ce que la série veut nous raconter si l’on n’a pas vu la première saison.
Il faut en plus de ça se souvenir de toute la première saison (et je ne comprends pas quelle fût la stratégie du groupe Canal +, alors qu’ils auraient très bien pu diffuser en clair la première saison des Revenants sur D8). Mais cessons de parler de tout ça et parlons un peu plus de cette saison 2. La dernière image de l’épisode 2, avec tous ces personnages « cloués » aux arbres c’est assez impressionnant. Je ne m’attendais pas du tout à ce que cela évolue dans ce sens là mais je suis forcé de reconnaître que la série sait plutôt bien s’y prendre. Mine de rien, Les Revenants garde son aspect le plus fascinant. Je pense aussi que c’est l’une des erreurs de la série (et je ne parle pas de la scène finale de la saison 2). La série a voulu absolument se mystifier, se complexifier et devenir un objet parfois un peu incompréhensible. Je me demande si des gens qui n’ont pas forcément accroché à la première saison vont pouvoir accrocher à celle-ci qui veut être encore plus sombre et difficile à cerner. Je pense que le créateur de Les Revenants s’est parfois un peu trop enfermé dans ce qu’il a voulu créer au départ et n’a pas chercher à faire de cette saison 2 une saison grand public. Il y a donc toujours des tas de choses difficiles à comprendre même si les relations entre les personnages restent suffisamment fortes pour que l’on ne cerne une partie.
Au travers de ces deux premiers épisodes, on reprend les hostilités six mois après l’inondation de la vallée. La population a ainsi presque entièrement désertée la ville et certains décident de rester avec l’espoir de retrouver leurs proches emmenés par la Horde. Le premier épisode entre de façon drastique dans la saison sans trop prendre la tangente. Disons que le « Précédemment dans Les Revenants » a probablement dû suffire à certains producteurs de la série mais personnellement, j’ai oublié une bonne partie des choses. Après tout, je n’ai pas revu Les Revenants depuis deux ans, ce qui fait qu’avec la quantité de séries différentes que j’ai pu voir entre temps, j’ai complètement zappé tout un tas de choses. Accessoirement, « L’enfant » est une bonne entrée en matière. Si tout n’est pas compréhensible tout de suite, les clés pour décoder l’histoire vont petit à petit être données. C’est aussi pour cela que finalement le second épisode est le plus étrange parmi les deux. L’ouverture se fait à Milan des années plus tôt. Une nouvelle vague de Revenants bouleverse aussi le quotidien de ceux qui sont cachés dans la zone inondée. Car il y a là aussi une sorte de groupement, de face à face, etc. Claire est l’un des personnages les plus importants dans cette série et Les Revenants compte bien nous le démontrer une fois de plus. Ils en font peut-être un peu trop avec elle.
J’aime beaucoup Anne Consigny et je trouve que le rôle lui va comme un gant mais parfois il y a des scènes qui n’ont pas toujours de sens. Comme la dernière scène où le personnage apparaît, cloué au sol et que cet homme vient ainsi la caresser. Ensuite, j’ai tout de même un problème avec la façon dont les histoires sont gérées. L’aspect le plus surnaturel de Les Revenants perd parfois de son aura. On a l’impression que ce n’est que beau pour être beau. Car oui, la réalisation est solide, la bande son toujours soignée et irréprochable, l’ambiance très bien gérée et bien aidée par de magnifiques décors (notamment ceux en forêt) mais je trouve que par moment, la série se perd dans de longues élucubrations étranges. Cela reste aussi deux épisodes très denses, très riches en personnages et en informations. Il faut donc décanter le tout et en seulement deux épisodes ce n’est pas suffisant. Du coup, on se perd à certains moments car Les Revenants n’a pas le temps de tout faire. La difficulté vient de cerner où est-ce que la série veut bien nous emmener tant le nombre de personnages grandi et de secrets qui vont avec. Je pense que le risque est de perdre complètement le téléspectateur.
Je sais bien que le créateur de la série a travaillé énormément de temps sur cette saison 2, qu’il l’a voulu parfaite mais il est resté parfois un peu bloqué avec son propre esprit et pas la vision que d’autres pourraient avoir de son travail. Du coup, Les Revenants reste belle et mystérieuse mais parfois un peu trop riche pour être particulièrement passionnante car on nous gave d’informations sans nous laisser vraiment le temps de respirer avec. Finalement, si je n’attendais plus du tout le reste de Les Revenants, je suis assez déçu du résultat. La série manque peut-être de sagesse aussi dans sa manière de gérer les personnages. Dans la première saison il y avait une structure narrative intéressante gérant les personnages, perdue ici alors que le but semble être de se concentrer sur des choses complètement différentes et notamment sur la globalité du phénomène, sur le surnaturel et plus trop ce qui était au départ une série claustrophobique à l’atmosphère étouffante. Tout est devenu plus grand d’un coup d’un seul avec des lieux démultipliés, des personnages aussi et des intrigues. Du coup, on perd le phénomène de huis clos surnaturel pour quelque chose qui va peut-être au delà de la maîtrise de son créateur.
Note : 6/10. En bref, toujours aussi belle, soignée, la série retrouve pas mal de ses éléments sauf peut-être la structure originelle.