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Mars : de l’eau liquide coule de temps en temps à sa surface

Publié le 30 septembre 2015 par Pyxmalion @pyxmalion

Est-ce qu’il y a de l’eau su Mars ? Oui, beaucoup sous forme de glace et un peu, de temps en temps, sous forme liquide. Des chercheurs viennent de démontrer qu’actuellement, de l’eau coule parfois sur les pentes de certains cratères. Une eau salée qui s’évapore rapidement.

Au sujet de notre voisine, la planète rouge, il n’est pas rare d’entendre : « il parait qu’on a trouvé de l’eau sur Mars ». Il parait ? Non, c’est certain ! Et cela depuis plusieurs années. En effet, il y a actuellement de grandes réserves d’eau, certes à l’état solide sous forme de glace, dans ses calottes polaires et dans son sous-sol, comme l’ont montré les recherches menées depuis l’espace par les sondes spatiales, ou in situ, par certains robots. Dans le passé, plus précisément dans sa jeunesse, il y a plus de 3,7 milliards d’années, l’eau y était même plus abondante et à l’état liquide. Grâce à une atmosphère plus dense et chaude, on pouvait certainement y entendre le murmure de l’eau dans des ruisseaux, lesquels se jetaient dans des lacs et des océans comme en témoignent de récentes études réalisées aussi par des orbiteurs ou des rovers tels Curiosity (le rover a découvert des lits de rivières asséchés avec des galets polis et a enquêté plusieurs mois sur les traces d’un ancien lac ; actuellement sur les pentes du mont Sharp, il poursuit ses recherches sur le passé humide de Mars et son habitabilité…).

Ce qu’il y a d’inédit voire de sensationnel (mais n’est-ce pas aussi pour « survendre » l’information ?) dans l’annonce de la NASA de ce 28 septembre 2015, est qu’il a été établi qu’aujourd’hui, il existe dans certains endroits, selon l’orientation, l’heure et la saison, de petits écoulements d’eau liquide. C’est toutefois sans commune mesure avec les rivières supposées du passé. Mars, il faut le rappeler, n’est plus qu’un vaste désert, froid et presque sans atmosphère… En réalité, les coulées intermittentes observées ne pourraient se produire sans la présence de sels dans le sol. L’équipe de Lujendra Ojha (Georgia Institute of Technology) a démontré leurs présences dans leur article publié dans la revue Nature Geoscience.

MarsStreaks_HiRise_1225

Depuis la fin des années 1990 et l’arrivée de l’orbiteur MGS (Mars Global Surveyor), relayée plus tard par MRO (Mars Reconnaissance Orbiter), des « gullies » (ravinements) ont été observés sur les pentes bien orientées vers le Soleil de plusieurs cratères. Il n’était pas rare d’ailleurs que d’un survol à un autre, des changements y furent constatés. Pour expliquer ces phénomènes, les planétologues ont pensé à de l’eau liquide, mais il fallait le démontrer, car comment pourrait-elle se maintenir dans un milieu si hostile ? ; en outre, quelle serait la source ?, etc.

En sondant avec le spectromètre CRISM de la sonde MRO, plusieurs de ces traces sombres, récurrentes et linéaires (recurring slope lineae ou RSL) laissées sur certaines pentes, les chercheurs ont découvert la signature de sels hydratés uniquement dans les cas où les ravines sont les plus larges. Ce sont des mélanges de perchlorates : perchlorate de magnésium, chlorate de magnésium et perchlorate de sodium, dont certains sont des antigels jusqu’à – 70 °C. Leur présence sur Mars est connue depuis plusieurs années. Phoenix, près du pôle nord martien, en a détecté en 2008 et il n’y a pas très longtemps, Curiosity en a aussi trouvé dans le sol, autour de lui. Par ailleurs, Viking en avait probablement repéré à la fin des années 1970, mais cela reste sujet à débat.

Dark Recurring Streaks on Walls of Garni Crater

Les sels présents dans le sol — en mesure d’abaisser le point de congélation à l’instar du sel que l’on jette sur les routes en hiver pour faire fondre la neige et la glace —, pourraient donc capter l’humidité ambiante. En s’accumulant, l’eau se déverserait ensuite pour peu qu’il fasse « assez chaud » et que la pente soit supérieure à 30°. Les stries observées sur les remparts de certains cratères s’allongent et s’assombrissent chaque été, lorsqu’il fait plus de – 23 °C, et s’amenuisent au retour de l’hiver (les saisons durent 6 mois sur Mars).

« Ceci est un développement significatif qui semble confirmer que l’eau – bien que saumâtre – coule aujourd’hui à la surface de Mars » s’est réjoui John Grunsfeld lors de la présentation de la NASA. Annoncée « tambour battant » plusieurs jours auparavant, l’agence spatiale américaine clamait au sujet de cette conférence de presse : « un mystère martien résolu » ! Certes, on en sait davantage sur ces ravines sombres, mais les scientifiques continuent de s’interroger sur la provenance de cette eau. Vient-elle de l’atmosphère (de la rosée… ?!) ou de source sous la surface ? Comment se rechargent-elles ?

Recurring 'Lineae' on Slopes at Horowitz Crater

Bref, il reste encore de nombreuses questions qui justifieraient d’aller y voir de plus près. D’abord un robot — il a même été proposé que Curiosity s’avance des ravines du cratère Gale, au terme de sa mission… — et ensuite une mission habitée. D’ailleurs, cette annonce qui fait grand bruit dans les médias et sur internet, pourrait aider la NASA dans son ambition d’envoyer les premiers êtres humains sur la planète rouge, à l’horizon 2030 ou 2040.

Naturellement, beaucoup se demandent si il y a des martiens, maintenant que l’on sait qu’il y ponctuellement de l’eau liquide à la surface de Mars. Bien sûr, il est inutile d’imaginer des « petits hommes verts », par martiens, on s’attendrait plutôt à des bactéries. Les chercheurs restent très prudents. L’eau très salée, furtivement à l’état liquide dans un milieu où la pression atmosphérique est très faible et exposée aux rayonnements ultraviolets du Soleil, n’apparait pas propice à la vie telle que nous la connaissons sur Terre. Même pour les extrémophiles, cela parait très difficile. Toutefois, à plus grande profondeur (protégé du rayonnement solaire et cosmique, températures et pressions plus clémentes…) et sinon dans le passé, la question est loin d’être close.

RSLHale Crater


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