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Témoin Sous Silence (2014) : polar signature

Publié le 01 octobre 2015 par Jfcd @enseriestv

Témoin sous silence est une série norvègo-suédoise de six épisodes (titre original : Øyevitne) diffusée à l’automne 2014 sur NRK en Norvège et SVT en Suède. Et depuis la fin septembre de cette année, c’est au tour d’Arte d’en assurer la diffusion en France ainsi qu’en Allemagne. Le tout commence dans un petit village aux environs d’Oslo alors que les deux adolescents Philip (Axel Boyum) et Henning (Odin Waage) se sont donné rendez-vous dans une sablonnière abandonnée. Épris l’un de l’autre, leur tête-à-tête est cependant interrompu alors qu’une bande de motards débarque, prête à assassiner un otage. Ce dernier parvient néanmoins à défaire ses liens et liquide ses quatre ravisseurs. Les deux jeunes garçons ont tout juste le temps de fuir, mais l’inconnu (c’est ainsi qu’on l‘appellera ici) les a repérés et qui sait s’ils ne se croiseront pas encore d’ici six épisodes. Une patrouille se met donc en branle et c’est la shérif Helen Sikkeland (Anneke von der Lippe) qui commande les opérations, elle qui est aussi la mère adoptive de Philip. Lui et Henning, honteux d’avouer le motif de leur présence sur les lieux du crime, préfèrent se taire et vont jusqu’à cacher l’arme du crime, ce qui fait que l’enquête piétine et c’est un comble puisque celle-ci se révèle très complexe. Témoin sous silence est un polar efficace avec une signature toute scandinave, quasiment garante de sa qualité. Le seul bémol concerne la prémisse qui n’est pas assez exploitée, du moins, durant la première moitié de la série.

Témoin Sous Silence (2014) : polar signature

Passée au peigne fin

Témoin sous Silence suit trois histoires toutes reliées à la tuerie que l’on exploite avec plus ou moins d’équité et outre Philip et Henning qui s’emmurent dans le silence, on assiste à de plus en plus d’actes de mouchardise au sein de de la bande de motards et certains n’hésitent pas à dévoiler quelques secrets à des journalistes en échange d’argent. Les premiers épisodes s’intéressent aussi à Zana (Tehilla Blad), la fille de Hamit Milonkovic (Mahmut Suvakci), membre du gang Z qui fait aussi commerce dans la revente de drogue. Celle-ci, mineure, a eu une relation avec l’inconnu qui ne lui faisant plus confiance, la tue. Par la suite, tout dégénère entre les deux clans : une bombe explose au cœur d’Oslo et c’est ensuite une fusillade qui a lieu près d’une garderie de la capitale. La police est plus impuissante que jamais et Philip pourrait bien se décider à aider Helen, mais ce sera vraisemblablement sans le concours de Henning.

The Killing (Forbrydelsen), The Bridge (Bron); depuis quelques années, les séries scandinaves se sont forgé une solide réputation au sein des communautés de sériéphiles, particulièrement du côté des polars et l’on peut affirmer sans peine que Témoin sous silence ne déroge pas à la règle en terme de qualité. En effet, les intrigues sont multiples et l’enquête se complexifie d’épisode en épisode, et ce, sans jamais perdre de sa crédibilité. De plus, on s’éloigne de l’enquête statique ponctuée d’interrogatoires en lieux clos pour privilégier l’expérience terrain, ce qui donne lieu à de nombreux rebondissements puisque les scènes d’action et les revirements sont multiples.

Témoin Sous Silence (2014) : polar signature

Et au-delà d’une histoire qui tient cent pour cent la route, c’est toute une signature du côté de la mise en scène qui ne peut laisser indifférent le téléspectateur. On passe aisément d’un extrême à l’autre concernant l’éclairage puisqu’il y a sans arrêt des contrastes entre des plans lumineux où le jaune domine, surtout lorsqu’on est en campagne alors qu’à l’inverse, surtout lorsqu’il s’agit de l’enquête, des ton très froids tels le bleu et le chrome dominent. Enfin, c’est cette manière de mettre en valeur les paysages norvégiens autant en campagne qu’à Oslo qui force l’admiration; de vraies cartes postales qui en plus sont parties prenantes du récit.

Reste la prémisse…

Qu’on se le dise, Témoin sous silence, très classique en son genre, est loin de décevoir, mais on reste tout de même sur notre faim lorsqu’il s’agit de Philip et de Henning. Comme le titre l’indique (traduit littéralement du norvégien), c’est le (ou ici les) témoin qui est supposé être au cœur de toute cette intrigue et pourtant, on n’exploite pas assez cette relation entre les deux garçons et surtout les motifs qui les conduisent à se taire sur ce qu’ils ont vu. Comme le dit Philip lors du premier épisode, ils auraient pu aller voir la police et dire qu’ils se trouvaient tout simplement là, mais Henning est persuadé qu’on en conclura automatiquement qu’ils étaient ensemble pour du sexe, ce qui ne fait aucun sens. Et outre un extrait où il affirme que son père le tuerait s’il savait qu’il était gai, on peine à comprendre une telle crainte, qui plus est lorsqu’on vit dans un pays scandinave réputé pour son ouverture d’esprit.

Témoin Sous Silence (2014) : polar signature

En somme, une plus grande part de mélodrame dans Témoin sous Silence où l’on aurait mis l’accent sur les démons intérieurs des deux protagonistes afin d’humaniser quelque peu l’enquête, aurait fourni un équilibre bien meilleur. Les choses se mettent enfin à évoluer en ce sens vers la moitié du troisième épisode, mais surtout du côté de Philip et quant à Henning, il reste pour le moment une énigme, ce qui est dommage.

Il est pour ainsi dire impossible lorsqu’on commence la série de ne pas vouloir la terminer, d’autant plus qu’Arte a eu la brillante idée de proposer les trois premiers épisodes le même soir. Encore mieux : ceux qui ne sont pas trop impressionnés par le doublage en français ont aussi la possibilité de la regarder sous-titrée. Ce mode de diffusion et le choix de la langue est tout à l’honneur de la chaîne franco-allemande qui nous fait découvrir des petits bijoux européens alors qu’en Amérique, on ne peut compter que sur Sundance Channel (et encore) pour avoir accès à ce qui se fait de mieux en Europe. Seule ombre au tableau du côté d’Arte qui n’offre pas sur son site les épisodes en rattrapage, ce qui est probablement dû à la négociation du contrat… En 2015, cette décision est du moins très anachronique.


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