D’ici peu, les êtres humains pourront être critiqués, analysés et évalués, tels des produits en vente sur Amazon ou des commerces sur Yelp.
Lorsque vous rencontrez une personne pour la première fois, êtes-vous du genre à mener une enquête en cherchant sur Google ou Facebook de l’information à son sujet? Si c’est le cas, il vous sera bientôt plus simple d’accéder au registre de Peeple, une application qui sera lancée en novembre prochain, afin de connaître l’opinion d’autres utilisateurs sur cette personne.
«Révolutionner la façon dont nous sommes perçus dans le monde à travers nos relations», telle est la devise de ce nouveau service.
«Révolutionner la façon dont nous sommes perçus dans le monde à travers nos relations», telle est la devise de ce nouveau service, qui déjà suscite inquiétude et indignation sur les réseaux sociaux. Des internautes n’ont pas manqué de souligner que le concept derrière Peeple rappelle un épisode de la télésérie Community dans lequel une application similaire a déjà été mise en scène. Dans cet épisode, elle est l’élément déclencheur qui transforme l’école en une dystopie digne de Hunger Games, où les élèves cotés 5 étoiles dominent les autres.
Aux yeux des créateurs de Peeple toutefois, il s’agit d’une «application positive pour des gens positifs». C’est très positif. Allons, ne soyez pas paranoïaques!
«Peeple est une application qui vous permet de noter et laisser des commentaires à propos de gens qui interagissent avec vous dans votre quotidien selon trois catégories : vie personnelle, professionnelle, et intime», explique-t-on sur le site du service. «Peeple améliorera votre réputation en ligne pour l’accès à de meilleurs réseaux de contacts, des possibilités d’emploi de qualité, et permettra une prise de décision plus éclairée à l’égard d’autrui.»
Comment Peeple compte restreindre les critiques non fondées
En entrevue avec le Washington Post, les fondatrices de Peeple, Julia Cordray et Nicole McCullough, affirment avoir beaucoup réfléchi à des méthodes visant à assurer une expérience positive à travers leur service.
Julia Cordray, cofondatrice de Peeple (Image : Peeple).
D’abord, les critiques anonymes n’y sont pas autorisées. Toute personne souhaitant s’inscrire à Peeple doit détenir un compte Facebook depuis un minimum de 6 mois et jumeler son numéro de téléphone mobile afin de valider leur identité.
Les utilisateurs qui font l’objet de critiques déraisonnables à leur sujet auront un délai de 48 heures pour défendre leur réputation lorsque la note laissée est de 2 étoiles ou moins (en écrivant à l’auteur de la critique pour qu’il change d’avis). Il sera aussi possible de signaler les cas d’intimidation, ou les critiques inexactes. Bien entendu, on ignore exactement comment le système fonctionnera, mais essentiellement, les membres ayant agi comme des trolls y seront bannis.
Le paradoxe de la non-adhésion
Seules les critiques positives seront affichées sur votre profil si vous n’adhérez pas au service. Pour voir tout le mal qu’on dit de vous, il faudra par conséquent vous inscrire. Se faisant, les critiques négatives seront alors visibles sur votre profil.
Encore une fois, Peeple se dit être un service positif. Ainsi, seules les critiques positives des personnes qui n’y sont pas inscrites seront affichées sur leur profil. Car oui, on parlera de vous que vous y soyez ou non. Et les critiques négatives à votre sujet ne seront visibles qu’à la communauté ayant adhéré au service. Afin de pouvoir les consulter, il vous faudra donc adhérer à Peeple, ce qui aura pour conséquence de les rendre visibles publiquement une fois inscrit. Vous voyez le beau paradoxe?
Sans compter qu’il n’est pas impossible que certains utilisateurs contournent le fait qu’ils ne puissent pas partager publiquement de mauvais mots à votre endroit en étant très négatifs dans leur critique, mais en laissant la jolie note de 5 étoiles.
Toutes ces questions ne semblent pas avoir traversé l’esprit des investisseurs cependant. Le duo Corday et McCullough a réussi à amasser 250 000$ US en seulement deux semaines, et selon le Washington Post, la startup est déjà évaluée à 7,6 millions de dollars US.
La fin du monde est ainsi prévue pour la mi-novembre, avec le lancement de Peeple pour iOS, qui sera d’abord déployé à San Francisco et… Calgary?