Chaque jour est différent pour ces infirmier(e)s qui exercent en services des Urgences. Ces professionnels vivent des situations exceptionnelles, à forte intensité émotionnelle et ont donc besoin de protocoles et de soutien spécifiques. Cette étude menée par des experts de l’Emergency Nurses Association (ENA), publiée dans le Journal of Emergency Nursing, constate que l’expérience de la détresse morale dans ces services d’urgence est bien différente de celle vécue par les autres infirmiers et appelle donc à la prise en compte d’autres indicateurs.
La détresse morale se produit lorsque la mesure ou la décision prise, est ressentie comme "injuste". Une situation fréquemment rencontrée par les infirmiers et infirmières des services d’urgence, mais la plupart du temps générée non pas par une insuffisance d’expertise ou de savoir-faire mais par des facteurs de type environnementaux. Liés à l’histoire du patient par exemple.
Une histoire de quelques minutes ou quelques heures seulement, car, aux urgences, il n’y a pas de journée typique et pas suffisamment de temps pour construire une relation avec le patient.
Concilier l’intérêt du patient et la contrainte de temps : Les soins infirmiers d’urgence doivent ainsi concilier l’intérêt du patient, l’exigence de qualité des soins et de fortes contraintes de temps, résume le Dr Matthew F. Powers, de l’ENA, à l’initiative de l’étude. Parmi ces facteurs de détresse morale identifiés, il y a ceux relatifs au patient, comme les visites répétées aux urgences chez les toxicomanes ou les malades mentaux, le manque de personnel, la violence et le risque d’agression mais aussi une trop forte focalisation sur un temps minuté à consacrer aux soins et à la prise en charge de chaque patient. Tous ces facteurs qui entraînent chez les infirmiers le sentiment de ne pas être en mesure de fournir les soins adéquats, à la fois efficaces et sécuritaires, sont apporteurs de détresse morale.
Des implications pour les infirmier(e)s d’urgence en tant que personnes, mais aussi en tant que professionnels, qui sont profondes et exigent l’attention des responsables hospitaliers, concluent les auteurs. Jusqu’à présent, la recherche sur la détresse morale en soins infirmiers s’est limitée à l’identification de besoins spécifiques en dehors des services des urgences. Les auteurs appellent à de prochaines recherches sur la validation d’un outil d’évaluation de la détresse infirmière et l’évaluation de stratégies de soutien des infirmières d’urgence face à cette détresse morale.
Source: Journal of Emergency Nursing DOI: 10.1016/j.jen.2015.05.015 Breaking Down the Door Between EMS and the Emergency Department(Visue@ Emergency Nurses Association- ENA) et communiqué Meeting The Burden We Carry: Moral Discordance in ED Nursing
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