Le Cap serait-il la nouvelle Silicon Valley?

Publié le 02 octobre 2015 par Pnordey @latelier

En juin dernier, Seedstars World a posé ses valises à Cape Town et interroge l'entrepreneuriat local.

La nouvelle vague de la Silicon Cape

Il y a dix ans, personne en Afrique du Sud ne connaissait les termes “angel” et “tech startup”. Les gens s’adaptaient progressivement à une nouvelle démocratie, dirigée par le modèle Nelson Mandela. Les efforts du gouvernement se concentraient, à raison, sur la lutte contre le racisme et l’apartheid, et non sur l’investissement dans les entreprises. Certaines personnes, comme Justin Stanford et Vinny Lingham, ont anticipé la vague tech. Seedstars World a rencontré Justin, 31 ans, qui explique comment avec Vinny Lingham, il a mis en place l’écosystème entrepreneurial en Afrique du Sud. Autodidacte, Justin a quitté l’école pour venir s’installer au Cap et devenir entrepreneur.  Seul dans son garage, il a réussi très rapidement à développer une entreprise panafricaine de logiciels Internet. C’est sur ce pilier que tout 4Di Group a été construit, un « family office » et une société d’investissements divers, basée au Cap. Le slogan ? « From Garage to Global » (Du Garage au Global). Tout un programme !

Justin Stanford and Vinny Lingham

Bardé de réussites, Justin est devenu le “Golden Boy” de l’Afrique du Sud et s’est construit une réputation d’homme d’affaire de confiance. Les gens ont commencé à le contacter pour obtenir des conseils et des financements. “Je devenais un business angel sans le savoir”.  Afin de mieux comprendre la structure et les valeurs de l’écosystème californien, Vinny Lingham et lui sont allés en Silicon Valley. Une fois revenus, ils ont commencé à mettre en place un écosystème entrepreneurial dynamique et réceptif au Cap. La première étape ? La Silicon Cape Initiative. C’est en 2009 qu’ils créent ce réseau d’entrepreneurs sud-africains.

A la question d’une distinction entre l’Afrique du Sud et le reste des pays africains, Justin répond, “vous ne pouvez pas parler d’un marché africain. Il y a un marché nigérien, un marché kenyan, un marché sud-africain…”. L’Afrique n’est donc pas un seul bloc, mais un regroupement de pays différents aux écosystèmes variés. Le gouvernement sud-africain a aussi eu sa part dans l’émergence d’un écosystème startup local.

L’entrepreneuriat démocratique

Politiquement, le Cap est un hub en Afrique du Sud. La ville est dirigée par l’Alliance Démocratique, qui a montré un soutien indéniable pour l’entrepreneuriat et l’innovation. Le Comité de la Mairie de la ville est également en faveur du développement des startups. Xanthea Limberg, qui supervise les services corporatifs au sein du comité, est catégorique sur l’importance des partenariats entre le secteur privé et le secteur publique. Elle était d’ailleurs un des membres du jury lors de l’événement organisé par Seedstars World au Cap.  

Les entreprises sont aussi en train de s’impliquer. Les banques, par exemple, comprennent que, dans cette nouvelle ère de gourous web surdoués, ils doivent proposer quelque chose d’attrayant et d’innovant. Standard Bank s’est lancé dans la bataille en lançant ses propres incubateurs, pour soutenir les entrepreneurs en Afrique du Sud. “Nous voulons devenir la banque des entrepreneurs”, souligne Linda Swart, en charge du projet.

Un lieu accueillant pour les entrepreneurs

S’ils recherchent des espaces de co-working, les entrepreneurs ont l’embarras du choix. Pour les plus hippies, le Woodstock Exchange abrite des lieux dynamiques comme The Barn et le Cape Town Garage. Daddy. O est aussi un excellent endroit situé dans le charmant Old Biscuit Mill. Pour ceux qui recherchent un environnement plus moderne, l’atelier baptisé Workshop 17 est entouré de baies vitrées et offre une magnifique vue sur le port. Les femmes préférant travailler entre elles ont Voices Club, récemment lancé à l’Hôtel Taj. La fondatrice du lieu, Shelley Webb a voulu créer un espace où les femmes intelligentes et motivées pourraient venir travailler sur leurs projets tout en étant capable d’interagir avec d’autres femmes entrepreneurs. Des relations publiques aux médias, en passant par la technologie, le choix est bien là !

Cape Town Garage Co-Working Space

Les “success stories” sud-africaines

Même si l’Afrique du Sud en est encore à ses premiers pas, il existe bel et bien quelques réussites notables. Première à se démarquer: Gyft, une application mobile permettant d’acheter, de sauvegarder et de racheter des cartes-cadeaux en utilisant son téléphone mobile. Cofondée par Vinny Lingham, elle s’est fait racheter pour 50 millions de dollars. WooThemes a aussi gagné ses galons. Récemment acquis par Automattic, il conçoit et développe des thèmes commerciaux et plugins pour WordPress.

Eugen Petersen et Sheraan Amod, les deux directeurs associés de Springlab

Mais il y a aussi des entreprises prometteuses sur le point de décoller. Un exemple est le projet RecoMed, une plateforme web qui permet de fixer des rendez-vous médicaux 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. L’entreprise est en partie dirigée par Springlab, un incubateur basé au Cap. Sherman Amod, l’un des gérants, explique que leur devise n’est pas seulement d’investir, mais d’investir et de participer activement afin d’aider l’entreprise à réussir. Springlab dispense un coaching avec experts qualifiés, des espaces de co-working modernes et dispose d’un réseau d’investisseurs réputés. Tout cela a bien sûr un prix. Amod et son équipe demandent généralement une participation minimale de 30% dans l’entreprise. En contrepartie, ils s’investissent à 100%, ce qui est non négligeable.

Le Cap est bien une plaque tournante de la technologie, qui gagne de jour en jour en traction et en attractivité. Situation géographique, savoir-vivre et esprit d’entreprise fort, la ville sud-africaine pourrait très bien devenir la nouvelle Silicon Valley. Et les Sud-Africains semblent l’avoir compris !

Cet article a d’abord été publié sur le blog de Seedstars World.

Traduction par Bérénice Magistretti.