« L’Inca et le Conquistador », Musée du Quai Branly, 23 juin – 20 septembre 2015
Du 23 juin au 20 septembre 2015, le musée du quai Branly a consacré son exposition temporaire à l’art inca, à travers la thématique originale de la chute et la conquête de l’empire inca, au milieu du XVIe siècle. J’ai eu le loisir de la découvrir récemment, et bien que devant reconnaître être d’ordinaire, peu réceptif, toutes proportions gardées, disons aux arts premiers, en général, et beaucoup plus à tout ce qui relève de l’Antiquité (Egypte ancienne, Grèce, etc.), je dois avouer mon mea-culpa et mon agréable surprise, face à l’esthétique et l’intérêt réel de certaines pièces exposées, rarissimes et relevant d’un artisanat assez fin et élaboré. Le parcours suit un fil rouge.
Ainsi, à travers les portraits de l’Inca Atahualpa et du conquistador Francisco Pizarro, l’exposition – de grande qualité – retrace les moments-clés de la conquête de l’empire Inca et met en scène la déroute de deux mondes, à l’orée de leur destin. Dans les années 1520, l’empire espagnol de Charles Quint, assoiffé d’or et de conquêtes, poursuit son exploration de l’océan Pacifique et du littoral sud-américain entamée une décennie plus tôt, avec déjà la conquête de l’actuel Mexique et la chute de l’empire aztèque. Au même moment côté amérindien, le plus grand empire inca jamais connu – Tawantinsuyu, « l’empire des quatre quartiers » – mène son expansion sous le règne de Huayna Capac. A la mort de ce dernier, une crise dynastique porte au pouvoir son fil Atahualpa, coïncidant avec l’arrivée sur le territoire péruvien de l’espagnol Francisco Pizarro et de ses conquistadores.
Autour des récits espagnols et indigènes de la conquête, illustrant les parcours parallèles puis l’affrontement de ses deux protagonistes, l’exposition retrace les moments-clés de l’histoire du continent sud-américain. Présentés sous forme de dialogue, les objets incas et hispaniques, les peintures, cartes et gravures d’époque mettent l’accent sur la confrontation de deux mondes radicalement opposés, engagés dans une profonde révolution politique, économique, culturelle et religieuse.
A ce titre, l’exposition est construite sur le plan de son parcours, en quatre sections, chaque section intégrant un nombre varié d’objets. Les deux premières sections concentrent la majeure partie des objets. La première partie met en scène les deux camps adverses et leur chef respectif, la deuxième section donne corps à la rencontre avec les Espagnols, avec des objets phares comme le siège en bois, ainsi qu’aux symbole véhiculés sur cette rencontre : la bible d’un côté, les rituels de boisson de l’autre. Puis suivent la capture et la rançon d’Atahulapa. La troisième section, moins riche en objets, intègre plusieurs multimédia : sur la ville de Cuzco, sur l’assassinat de Pizarro et sur le vol et le transport du corps d’Atahualpa dans sa terre natale. En guise de conclusion, la quatrième partie ouvre sur la suite de la conquête. Une exposition passionnante, maintenant logiquement terminée, mais peut-être en prolongation, outre l’exposition permanente qui est également de grande qualité.