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Scream Queens (2015): pas de quoi s’énerver

Publié le 04 octobre 2015 par Jfcd @enseriestv

Scream Queens est une nouvelle série de 13 épisodes diffusée sur les ondes de Fox aux États-Unis depuis la mi-septembre. L’action se déroule entièrement dans une cité universitaire au sein de la sororité Kappa Kappa Tau qui a pour présidente la belle, riche et surtout insupportable Chanel Oberlin (Emma Roberts). Les humiliations qu’elle et ses subalternes font subir à leurs candidates ont tôt fait d’alarmer la doyenne du campus Cathy Munsch (Jamie Lee Curtis) qui oblige les prima donna à dès lors accepter n’importe quelle recrue, ce qui n’est pas sans créer quelques frictions, tout en voyant la cote de popularité de l’établissement s’effondrer. De toute façon, l’heure n’est pas aux chamaillages puisqu’un tueur en série déguisé en diable rouge rôde dans les parages et que les étudiants sont assassinés un à un dans des circonstances affreuses. Co créé par l’influent Ryan Murphy, Scream Queens, mis à part un casting impressionnant n’a rien pour elle qui pourrait nous accrocher à long terme. L’histoire ne nous est d’aucun intérêt et on doute qu’un tel genre (la parodie d’un slasher) diffusé sur un grand network comme Fox ait été un choix judicieux.

Scream Queens (2015): pas de quoi s’énerver

Meurtres à la chaîne

L’origine des drames qui surviennent est assurément reliée à un événement survenu en 1995 dans un des recoins de la Kappa Kappa Tau : une jeune fille de la sororité a accouché d’un enfant alors qu’elle ignorait qu’elle était enceinte et est morte quelques instants plus tard. Ce bébé, on s’en doute, habite sûrement le campus 20 ans plus tard. Pour le moment, c’est surtout l’arrivée de nouvelles recrues qui met sens dessus dessous l’établissement universitaire. C’est que les nouvelles recrues n’ont rien pour plaire (de façon superficielle, on s’entend) et notons entre autres Hester (Lea Michele) enlaidie par une scoliose et un appareil dentaire, Zayday (Keke Palmer), loin d’avoir l’élégance de ses congénères et Grace (Skyler Samuels), beaucoup trop intelligente pour Chanel, d’autant plus qu’elle ose lui tenir tête. D’ailleurs, en compagnie de son amoureux-en-devenir Pete (Diego Boneta), ils mènent l’enquête et pour le moment semblent les seuls à se préoccuper des meurtres qui surviennent de plus en plus fréquemment, qu’il s’agisse d’une bonne au visage brulé par de l’huile à friture, d’une étudiante poignardée ou d’une mascotte décapitée à la tronçonneuse. Chaque semaine aussi on croit tenir le suspect : c’est tantôt Chad (Glen Powell) le petit ami hautement infidèle de Chanel et à la fin du troisième épisode, c’est Cathy qui est suspectée par le père surprotecteur de Grace, Wes (Oliver Hudson). Et ce sera un autre la semaine prochaine…

Scream Queens (2015): pas de quoi s’énerver

Avec Scream Queens, on a beau vouloir faire une parodie d’un genre justement parodique en soi, ça ne veut pas dire que la légèreté assumée est exempte de toute critique. En fait, pas grand-chose ne fonctionne avec cette série de Murphy qui se veut un étrange amalgame entre ses deux dernières séries fétiche : Glee pour son univers adolescent et American Horror History pour l’aspect horrorifique. Le principal problème est le jeu inégal entre certains acteurs : on a d’un côté des stéréotypes ambulants avec Chanel et sa clique (qu’on ne peut d’ailleurs plus souffrir au bout des 30 premières minutes) et des personnages un peu plus sérieux comme Pete, Grace et son père qui tentent d’insuffler un semblant de crédibilité au scénario. Reste Cathy, un genre de substitut de Sue Sylvester, qui vogue entre les deux selon les circonstances.

De plus, Scream Queens ne repose jusqu’ici que sur des vannes rivalisant de futilité entre les protagonistes, les spéculations à propos des meurtres passés, son (ou ses) instigateur et sur la représentation très graphique de ceux-ci. Rien n’est donc vraiment engageant pour nous tenir en haleine une douzaine de semaine et quant aux victimes, dénuées de profondeur, on ne s’intéresse à leur sort qu’au moment où elles se font assassiner. À ce sujet, même les âmes sensibles ne devraient pas avoir à se cacher les yeux lors des exécutions, caricaturales et enfantines au possible.

Scream Queens (2015): pas de quoi s’énerver

La parodie d’une parodie

Scream Queens a fait grand bruit (mauvais jeu de mots!) depuis que Fox a donné le feu vert à la production et il est indéniable que ce soit la présence d’actrices de renom qui ait contribué à mousser la nouveauté. De plus, Ryan Murphy a indiqué qu’à chaque épisode, un protagoniste se ferait tuer, de quoi attiser encore plus notre curiosité… supposément. En effet, on y est allé avec le même procédé narratif sans pour autant en faire une « nouvelle » avec Scream, série estivale de l’été 2015 qui a été reconduite pour une deuxième saison sur MTV. Déjà là, on avait une parodie du film de Wes Craven de 1996 avec des étudiants imbus de culture pop, faisant eux-mêmes référence aux slashers; énumérant les classiques du genre et s’en servant pour élucider les enquêtes. La série de MTV a en quelque sorte damé le pion à celle de Fox qui incarne une parodie d’une parodie et on se demande encore quel était l’effet recherché par ses concepteurs. Enfin, une fiction de ce genre s’adresse à un public niché, donc plus approprié au câble et la présence de grosses pointures au casting est la seule raison probable pour que Fox ait décidé de diffuser un tel programme sur ses ondes.

Justement, depuis son lancement télévisuel, Scream Queens déçoit : seulement 4,04 millions de téléspectateurs ont regardé les deux premiers épisodes diffusés l’un à la suite de l’autre et la tranche des 18-49 ans se situait autour de 1,7 point. La semaine suivante, ils étaient encore 3,46 en direct et le taux « payant » est descendu à 1,4. Il faut préciser ici que Fox a mis sa première heure pilote en ligne à la mi-juillet, comme le font de plus en plus les réseaux américains. En parallèle, Twitter, LE réseau social où l’on parle le plus de séries, a dévoilé il y a quelques semaines un palmarès de celles qui ont le plus fait jaser sur la toile entre le 1er juin et le 14 septembre. Sur les 21 millions d’échanges en ce sens, la nouveauté de Fox n’a généré que 247 000 tweets, loin derrière des séries phares comme Grey’s Anatomy (2,2 millions de tweets) ou Supernatural (2 millions). On pourrait en conclure que rendre le pilote accessible à tous a peut-être joué en défaveur de la chaîne, notamment à cause d’un bouche à oreille négatif. Disons qu’en 2015, on expérimente encore sur les stratégies à adopter pour attirer des plus jeunes, mais encore faut-il un contenu qui en vaille la peine…


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