Job de rêve
Nous descendons du même avion. Elle marche devant moi, à même le tarmac, en direction de la ville. Je remarque immédiatement sa longue robe noire et imagine qu’elle se rend à un événement spécial. Je pense très précisément à un gala dans une foire aux vins.
Son pas est rapide, pressé. Elle est en retard. Elle multiplie les grands pas et les petits sauts, si bien qu’elle ne tarde pas à sortir de l’aéroport pour rejoindre un quartier résidentiel. Je la suis toujours. Un chignon, un petit sac dans une main, un pan de sa robe dans l’autre, elle manque presque de trébucher une fois ou deux. Passagère depuis la chaussée, je l’observe sans effort.
Bientôt, je suis à sa hauteur et remarque que la robe se compose d’une longue jupe et d’un corset. Ce corset la serre, semble incommode. Pourtant, il ne la gêne pas. Elle est jeune. Elle est belle. Soudain, je pense qu’elle va à ce « gala » en tant que dame de compagnie, qu’elle est en retard pour se pendre au bras d’un riche propriétaire, que c’est son travail.
Les pavillons se suivent et se ressemblent : petits jardins fleuris, maison à un étage, balcon, garage, gravillons dans l’allée, attention chiens méchants. Une maison attire mon attention. Des ballons de baudruche colorés sont accrochés aux arbres, des lampions et des guirlandes sont suspendus au-dessus d’une table pleine de friandises, de la musique et des rires sonnent au loin. C’est vraisemblablement un goûter d’anniversaire qui va se jouer là cet après-midi.
L’inconnue à la robe de soirée se précipite dans ce jardin festif et se dirige sans réfléchir vers un grand sac de voyage noir posé près de la clôture, à droite de la jolie table. Elle sort du sac une énorme perruque aux cheveux violets et un micro qu’elle accroche derrière son oreille. Elle sera un personnage de dessin animé qui m’est inconnu le temps d’une animation pour enfant. Pas de riche propriétaire ni de foire aux vins.
Surprise, je me réveille.
Julie Campagne