Pour ceux qui veulent se distraire à Paris cette semaine, le léger dix-huitième siècle est à l'honneur. Ils ne négligeront pas pour autant les beautés nègres.
Rien de plus délicieux que les titres des oeuvres espiègles et licencieuses du dix-huitième siècle pictural français : "L"heureuse rencontre", "les indiscrètes", "la résistance inutile", "la fontaine d'amour", etc.
Fragonard en fut un des maîtres, ainsi que le malheureusement moins connu Pierre Antoine Baudoin. Ils sont à l'honneur dans une sympathique exposition du musée du Luxembourg dont le seul défaut est de ne pas présenter les plus suggestifs représentants du genre : "la Gimblette", "le Feu aux poudres", où il est sans détour question de stimulation érotique et surtout la suite des panneaux dits de Louveciennes exilés à New York à la Frick Collection, chef d'oeuvre de la peinture française toute époque confondue qui manque tant au Louvre.
Dans une époque comme la nôtre, marquée par le retour en force du bigotisme et de la pudibonderie, véhiculés notamment par l'islam intégriste, ce goût retrouvé pour le siècle de la légèreté est une forme de saine réaction.
On la retrouve au Grand Palais dans l'exposition mieux fournie consacrée à la très talentueuse Elisabeth Vigée Le Brun, sans doute la meilleure portraitiste française avec Ingres, David et Fragonard, du moins quand ce dernier s'adonnait à ce genre.
De tous les peintres femmes, Vigée Le Brun fut la plus prolifique, couronnée de succès et de commandes. Elle atteignit le sommet de son art dans les années qui précédèrent la révolution qui la contraignit à l'exil. Au cours de sa longue quoi que cossue errance en Russie, en Angleterre ou en Italie, elle continua à portraiturer les aristocraties locales dans un genre malheureusement un poil (de pinceau) plus figé.
L'art du dix-huitième siècle a longtemps pâti d'une réputation de frivolité que de rébarbatifs révolutionnaires lui ont collé. Joie de vivre et insouciance : il nous parle aujourd'hui car ce sont les attitudes qui font cruellement défaut à nos contemporains.
Et pendant ce temps, le musée Dapper, en hommage à son fondateur, le regretté Michel Leveau, sort ses plus beaux chefs d'oeuvre. Si vous souhaitez découvrir en un minimum de temps un résumé du meilleur de l'art africain, parfaitement scénographié, rendez-vous d'urgence dans cet endroit délicieux animé par de vrais passionnés.