La conclusion vaut au moins chez l’animal. Une souris stressée à l’adolescence, survit plus facilement à l’âge adulte, conclut cette recherche de la Penn State. Le stress à l’âge jeune n’entraîne pas, chez l’animal, de déficit cognitif particulier, mais plutôt une capacité accrue à surmonter les obstacles pour survivre. Ces résultats, présentés dans la revue Animal Behaviour, peuvent fournir, selon les auteurs, des indications sur la façon dont les êtres humains aussi, réagissent au stress subi à l’adolescence. Point trop n’en faut bien sûr.
2 réserves d’ailleurs à cette généralisation possible chez l’Homme,
· ici les rats stressés à l’adolescence font plus vite mais parviennent en fin de compte aux mêmes résultats que les rats non stressés,
· chez l’Homme, les chercheurs émettent l’hypothèse que trop de stress à l’adolescence puisse mener à une stratégie de vie de type » vivre vite et mourir jeune « .
De nombreuses études se sont intéressées aux effets du stress à l’enfance et à l’adolescence, par le biais de l’intimidation, de la maltraitance ou d’autres types d’environnements défavorables. Mais les études longitudinales sur le sujet sont peu nombreuses. Lauren Chaby, étudiante en neurosciences à Penn State a donc décidé d’étudier les effets du stress sur un modèle animal, chez le rat dont la durée de vie, courte, permet d’identifier les effets du stress à long terme. L’équipe a exposé 24 rats à des stress physiques sociaux et physiques, fréquents et imprévisibles, pendant l’équivalent de l’adolescence. Il s’agissait de stimuli de type cages de taille réduite ou inclinées, isolement social ou surpeuplement, odeurs ou cris de prédateurs.
Les chercheurs ont ensuite fait passer des tests aux animaux adultes pour identifier les effets durables des stress subis à l’adolescence, mais dans des conditions équivalentes de stress (mêmes stimuli qu’à l’adolescence), pour évaluer leur capacité à résoudre des tâches.
ØDans des conditions de stress, les rats adultes stressés pendant l’adolescence commencent leur quête de nourriture plus tôt, 20% visitent plus de » caches » alimentaires, et dans l’ensemble, obtiennent 43% de nourriture de plus, que les rats non stressés.
Ces résultats statistiquement significatifs suggèrent que grandir dans un environnement stressant prépare mieux à un avenir stressant.
ØÉtonnamment, ces rats préalablement stressés, dans des conditions standard, prennent leur temps pour aller chercher leur nourriture et vont consommer la même quantité de nourriture que les rats non stressés qui, dans ces conditions, commencent leur recherche de nourriture plus rapidement.
Surmonter les défis : L’expérience montre que ces animaux ont résolu les différents obstacles dont l’accès à la nourriture plus efficacement, dans des conditions de stress également, à l’âge adulte, par rapport aux rats qui ont connu un développement exempt de tout stress.
- Ces rats ayant subi toutes sortes de stress à l’adolescence, ne présentent pas de déficit cognitif à l’âge adulte,
- en revanche, ils font preuve d’une performance toute spécifique liée à l’environnement qu’ils ont connu au cours de l’adolescence.
Réduire l’imprévisible : Tout est question d‘imprévisibilité, commente l’auteur : « Le stress imprévisible peut avoir des conséquences dramatiques et durables, pour les humains comme pour les animaux (…) L’imprévisibilité est ce qui contribue à rendre le stress toxique, en raison de l’absence de contrôle sur l’environnement et la suite des événements « .
Après, cette expérience préalable du stress à l’adolescence, qui élimine une partie de l’imprévisibilité, a très probablement un coût, chez les humains, à long terme, conclut l’auteur. Une stratégie de prise de risque de type » vivre vite et mourir jeune » ?
Source: Animal Behaviour Oct, 2015 doi:10.1016/j.anbehav.2015.03.028 Does early stress prepare individuals for a stressful future? Stress during adolescence improves foraging under threat(Visuel@ Lauren Chaby / Penn State)
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