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Claude Bartolone au cœur d’une enquête préliminaire sur un possible emploi fictif

Publié le 06 octobre 2015 par Blanchemanche
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LE MONDE | 06.10.2015Par Gérard Davet et Fabrice Lhomme
Claude Bartolone au cœur d’une enquête préliminaire sur un possible emploi fictifClaude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, lors d'une séance de questions au gouvernement, en juin 2015. MIGUEL MEDINA / AFP
Le parquet de Bobigny a ouvert, fin septembre, une enquête préliminaire susceptible d’embarrasser Claude Bartolone, à quelques semaines des élections régionales (les 6 et 13 décembre), dont le président de l’Assemblée nationale sera l’une des figures – il conduit la liste socialiste en Ile-de-France. L’enquête judiciaire, qui vise d’éventuels détournements de fonds publics, a été confiée à la direction centrale de la police judiciaire.
Elle porte sur un possible emploi fictif, en l’occurrence le recrutement par le conseil général de Seine-Saint-Denis, présidé par M. Bartolone de 2008 à 2012, de Didier Segal-Saurel. Pour l’opposition de droite, cet élu de Pantin a été embauché par le conseil général, pourtant exsangue sur le plan financier, pour le récompenser d’avoir cédé une place élective à M. Bartolone.
Les magistrats s’étonnent du nombre pléthorique de collaborateurs affectés à la présidence sous le mandat de M. Bartolone
L’affaire trouve son origine dans un rapport de la chambre régionale des comptes (CRC) d’Ile-de-France sur la gestion du département de la Seine-Saint-Denis depuis 2010. Dans leurs conclusions, rendues publiques début juillet, les magistrats s’étonnent du nombre pléthorique de collaborateurs affectés à la présidence sous le mandat de Claude Bartolone.
Le cas de « Monsieur S »
« Toutes les personnes qui occupent des emplois ont vu leur recrutement décidé et leur niveau de rémunération fixé directement par le président ou son directeur de cabinet », écrivent-ils, regrettant en outre que le processus de recrutements se soit « écarté de la procédure ». Mais la CRC s’attarde surtout sur le cas d’un salarié, pudiquement baptisé « Monsieur S. ». Il s’agit de Didier Segal-Saurel.
Au début de l’année 2008, ce dernier laisse sa place dans le canton de Pantin-Est, dont il était l’élu sortant, au profit de M. Bartolone, qui a besoin d’être élu à l’assemblée départementale pour pouvoir en briguer la présidence. De fait, la gauche l’ayant emporté, M. Bartolone accède au fauteuil qu’il convoitait. Et il embauche dans la foulée M. Segal-Saurel à son cabinet, où ce dernier sera en poste du 1er avril au 1er décembre 2008. Puis, jusqu’en 2012, M. Ségal-Saurel conseille le président de Seine-Saint-Denis Avenir, organisme satellite du conseil général, dont la disparition va inciter le département à lui trouver une nouvelle affectation.
C’est chose faite à l’été 2012 : alors que Claude Bartolone, après la victoire de François Hollande, accède au « perchoir » de l’Assemblée nationale, M. Segal-Saurel est nommé « chargé de projet » à la direction de la culture du département. Son contrat de trois ans, note la CRC, est signé le 21 août 2012 « par le président du conseil général lui-même ». A cette date, M. Bartolone est encore à la tête de l’assemblée départementale – il sera remplacé par Stéphane Troussel le 4 septembre 2012.

Un emploi « très peu défini »
Or, les magistrats émettent des doutes sur l’embauche de M. Segal-Saurel, dont le contrat a pris fin cet été. Rappelant que sa lettre de mission le chargeait de publier « un ouvrage historique » sur la Seine-Saint-Denis, ils constatent que près de trois ans après, « aucun ouvrage de cette nature n’avait encore été publié ». Ce n’est pas tout : la chambre des comptes observe que « le recrutement de ce collaborateur a été effectué précipitamment au cours de l’été 2012, sans que les besoins du département soient explicites ». « De surcroît, ajoute-t-elle, le niveau de diplôme de l’intéressé [le bac] ne correspondait pas à celui requis s’agissant d’un administrateur territorial. »
Conclusion des magistrats : « Le contenu de l’emploi de l’intéressé (…) semble très peu défini et une incertitude existe sur la réalité de son service au sein de cette direction. » Convaincu que la CRC a mis au jour l’existence d’un emploi de complaisance, le président du groupe Les Républicains au conseil départemental, Jean-Michel Bluteau, a saisi d’une plainte, dès le 9 juillet, la procureure de Bobigny, qui a donc décidé, au vu du dossier, de déclencher une procédure judiciaire. Interrogé par Le Monde, M. Bluteau a assuré : « La question est de savoir si M. Bartolone s’est payé le poste de président du conseil général aux frais du contribuable. »
Si M. Segal-Saurel n’a pu être joint, Jean-Luc Porcedo, qui dirigeait le cabinet de M. Bartolone au conseil général, a affirmé au Monde que « parler d’emploi fictif est à la limite de la diffamation. M. Segal-Saurel a effectué un vrai travail ; il était d’ailleurs à son poste tous les jours. Il est par ailleurs totalement faux d’affirmer que cet élu avait laissé sa place éligible à M. Bartolone. Il est regrettable que la droite fasse une campagne de caniveau ».
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