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La démocratie face à la tentation autoritaire

Publié le 08 octobre 2015 par Délis

Un quart des Français porte un regard positif sur lui. Lui qui a fait parler à nouveau les armes sur le continent européen. Lui qui, dans son bras de fer contre les Occidentaux, à coup de sanctions entrechoquées, a aggravé la crise agricole qui s'est exposée au grand jour cet été dans les campagnes françaises. Lui qui est accusé de bâillonner la presse, de commanditer des exécutions d'opposants politiques et d'attaquer de front une " propagande homosexuelle ". Vladimir Poutine, puisque c'est de lui qu'il s'agit, défend donc des intérêts souvent opposés à ceux de la France, porte aux nues des valeurs incompatibles avec celles de notre République, alimente la controverse encore aujourd'hui en Syrie - n'y joue-t-il pas avec le feu ? Mais envers et contre tout, il séduit une frange non négligeable ( 25%) de l'opinion publique française. Sûrement parce qu'il tranche avec le sentiment de mollesse qui prévaut en France. Dans un contexte où seuls 20% des Français estiment ainsi que Hollande a de l'autorité...

L'image de la démocratie largement écornée

Mais la personnalité du Président de la République est anecdotique dans l'histoire. Car le système démocratique français, tout entier, est loin d'être loué par les Français : seuls 30% considèrent qu'il fonctionne bien. Le mécanisme est enrayé. Pour le débloquer, les citoyens regardent d'abord vers le bas de l'échelle. Espérant une ouverture du monde politique vers la société civile et une participation citoyenne qui s'aventure au-delà de la simple élection d'élus. 77% des Français sont favorables, avant toute décision majeure, à organiser des débats délibératifs, associant des citoyens, des professionnels et des élus. 67% attendent davantage de référendums. Cette soif de transparence et d'une démocratie plus directe trouve un vrai relais sur le plan local. Au niveau des communes s'épanouissent les conseils de quartiers, se multiplient les consultations d'habitants pour telle ou telle initiative et se déploient même des budgets participatifs (depuis 2014 à Paris). Ça, c'est côté pile. Mais côté face plane une tout autre image. Face au dysfonctionnement politique perçu se dessine l'ombre de l'homme fort, une iconographie qui a marqué l'histoire de France. Un homme ou une femme qui prendrait des décisions susceptibles d'agir sur le cours des choses : consulter, c'est bien, trancher, c'est encore mieux.

Car les Français sont tout sauf anarchistes : pas moins de 85% appellent de leurs vœux l'arrivée d'un " vrai chef pour remettre de l'ordre en France ". Certes, même imparfaite, la démocratie demeure " le moins pire des régimes " pour près des trois quarts (74%). Mais une frange de l'électorat est prête à en écorner ses principes fondamentaux. Un Français sur deux ne serait pas opposé à l'émergence d'un " homme fort, qui n'aurait à se préoccuper ni du Parlement, ni des élections ". Quand à certains, certes très minoritaires (15%), ils se mettent même à rêver d'une dictature militaire...

A la recherche d'un homme d'autorité à droite

Marine Le Pen fait aujourd'hui son miel sur la dégradation de l'image de la démocratie et sur les aspirations à un homme ou une femme inspirant l'autorité. Dès lors, rien d'étonnant de voir que son électorat compte le plus grand nombre d'admirateurs de Vladimir Poutine. 45% des sympathisants frontistes verraient même d'un bon œil un Vladimir Poutine à la tête de leur propre pays. Les Républicains sont nettement plus nuancés à propos du Président russe, mais ils restent, de tradition, plus enclins à s'adonner au culte d'un homme fort. Un enjeu de taille en terme de leadership pour Alain Juppé, au coude à coude avec Nicolas Sarkozy dans les sondages, pour endosser ce costume taillé sur-mesure dans l'imaginaire collectif français.


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