Chaque année, en France, environ 4.500 nouveaux cas de cancer de l’ovaire, majoritairement des adénocarcinomes sont diagnostiqués. Il n’existe pas de tests de dépistage et si le cancer de l’ovaire n’est pas un cancer très fréquent, en revanche, il est caractérisé par une extrême gravité. De plus, de nombreux traitements du cancer mettent en cause la fertilité. La » solution » de cryoconservation de tissu ovarien apparaît aujourd’hui et de plus en plus, comme une méthode efficace pour la sauvegarde de cette fertilité. Si, à ce jour, plusieurs dizaines d’enfants ont pu naître à la suite de cette procédure, quelle est son efficacité réelle ? Cette étude danoise, présentée dans la revue Human Reproduction, montre que la transplantation de tissus ovariens peut durer jusqu’à 10 ans, sans rechute et estime le taux de succès ou de grossesse réussie à environ 1 sur 3.
Pour préserver une chance de tomber enceinte dans les années post-cancer, certains médecins offrent maintenant de supprimer tout ou partie d’un ovaire avant le traitement du cancer, de le congeler et de le stocker. Ce tissu ovarien pourra être transplanté par la suite, le cas échéant dans l’ovaire restant. Des prélèvements de tissu ovarien ont déjà été réalisés en France à quelques dizaines de patientes soumises à une chimiothérapie ou une radiothérapie entrainant une destruction des follicules ovariens.
Conservés par congélation, les fragments d’ovaire peuvent être restitués quand les patientes souhaitent mener une nouvelle grossesse une fois guéries.
Les chercheurs de l’hôpital de l’Université de Copenhague, d’Odense et d’Aarhus (Danemark) ont mené cette étude de cohorte rétrospective auprès de 41 femmes qui ont reçu une transplantation de tissus ovariens préalablement congelés, soit au total sur 53 greffes de tissus ovariens.
Parmi les 32 femmes ayant eue une grossesse désirée
· 24 grossesses cliniques ont été recensées,
· 10 participantes (31%) ont mis au monde un enfant ou plusieurs enfants (14 enfants au total, dont 1 au 3ème trimestre de grossesse).
· Le tissu greffé est resté » fonctionnel » durant près de 10 ans chez certaines patientes : moins d’1 an pour 4 femmes et plus de 10 ans pour 2 participantes.
· Enfin, 3 femmes ont connu des récidives de leur cancer, mais sans rapport avec la greffe d’ovaires. La proportion de femmes ayant cette récidive du cancer (7%) était la même (sur la base certes d’un tout petit échantillon) que chez les femmes qui n’ont pas subi de transplantation.
En conclusion, la cryoconservation de tissu ovarien pourrait être intégrée, à court terme, dans le protocole de traitement des jeunes femmes atteintes de cancer, qui courent un risque de perdre leur fertilité. La durée de vie fonctionnelle complète des greffons reste cependant en cours d’évaluation.
Enfin, l’étude e peut dire si certaines femmes seraient naturellement tombées enceintes, après leur cancer, sans recours à la greffe.
Source: Human Reproduction October 6 2015 doi: 10.1093/humrep/dev230Outcomes of transplantations of cryopreserved ovarian tissue to 41 women in Denmark (PDF, 249kb)
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