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La SocGen vu d'ailleurs

Publié le 08 juin 2008 par Vonric Vonric

*Coup de gueule*Tout d'abord, pour jouer carte sur table, je dois dire que j'ai moi même travaillé à la Société Générale, sur les Emerging Markets, il y a longtemps ; j'en pense du mal (attention, il n'y a pas là d'attaque ad hominem, seulement mon sentiment sur l'état d'esprit général de la banque), et ceux que je connais ayant une expérience SG pensent pareil. Je n'étais donc pas surpris de l'affaire, et je me suis même dit : bien fait pour eux. Car au final, et c'est là l'esprit typique de l'entreprise, ils ont tenté de masquer leur manquements en déversant toute leur hargne sur un seul homme. Un terroriste (sic!), comme le décrivait le PDG de la SG.

Quand on m'a demandé mon opinion sur la question, j'ai tout simplement dit qu'il était absolumment impossible que la SG ne se soit aperçu de rien. IMPOSSIBLE. Et que l'explication la plus plausible est que les chefs, les yeux rivés sur leur bonus facilement gagné (ils prennent un pourcentage des gains du desk, parce qu'ils sont chefs!), ont préféré regarder ailleurs.

Oh, la presse française a fortement ménagé la banque... Pour bien voir la perversion de ses dirigeants, il fallait lire les journaux étrangers, le International Herald Tribune par exemple qui s'est toujours gardé d'accabler seul le trader (tout en reconnaissant sa faute bien sur) tout en soulignant les causes profondes du mal.

On en a peu parlé en France, et on remarquera au final que ce n'est pas un journal francais qui a fait les dernières révélations sur l'affaire : non, les journaux francais, discrets, préfèraient citer une source étrangère: "L'International Herald Tribune affirmait, vendredi, que deux supérieurs hiérarchiques de M. Kerviel et l'assistant trader étaient sur le point d'être licenciés" écrivait Le Monde, qui imprimait aussi (je grasse):

La mission d'audit interne, [...] met en cause, pour la première fois, les supérieurs directs du trader et laisse penser que M. Kerviel a pu bénéficier de complicités au sein de la banque.

"La fraude a été facilitée ou sa détection retardée par les faiblesses de la supervision du trader et du dispositif de contrôle des activités de marché", affirme ce rapport, qui met en cause l'ensemble de la hiérarchie, "défaillante dans la supervision de ses activités", et en particulier son "superviseur immédiat" sur le desk Delta One, qui "manquait d'expérience du trading et n'a pas été suffisamment encadré" et "a fait preuve d'une tolérance inappropriée à la prise de positions" du trader. Au-delà de la responsabilité humaine dans cette affaire, le document pointe les insuffisances des dispositifs techniques de contrôle au sein de la Société générale.

Si vous trouvez cela dur, c'est du petit lait en comparaison de ce qu'on peut lire dans la presse étrangère, qui, elle, ne mache pas ses mots. Car ce ne sont pas les journaux français qui mènent l'enquête, mais le IHT par exemple, qui, la veille de publication du rapport, s'était procuré celui ci et citait et commentait abondamment (je grasse ici aussi):

Investigators say Kerviel's bosses missed

  1. more than 1,000 faked trades;
  2. a huge jump in his earnings in 2007;
  3. questions about his trades from the Eurex exchange;
  4. unusually high levels of cash flow, accounting anomalies, and high brokerage expenses;
  5. Kerviel's failure to take vacation;
  6. and his breach of the desk's market risk limit on one position.

[...]

Kerviel says his superiors must have known what he was doing but that they chose to look the other way when he was making money for the bank.

"We notice that while protecting the superiors of Jerome Kerviel, the Societe Generale has found a new scapegoat — who just happens to be a 23-year-old assistant," said Guillaume Selnet, a lawyer for Kerviel.

He noted that the directors' report was prepared by the bank's own services and insisted that SocGen's version of events keeps changing. The bank issued a preliminary investigation into the scandal in February.

"My feeling is that — we are now on the second report — by the third report it's going to be the fault of the cleaning ladies," he added. "Each time it goes down (the corporate hierarchy), instead of up."

SocGen employee Patrice Leclerc, who heads an association of the bank's employee shareholders, said Kerviel's managers need to explain why they missed warning signals that were picked up in Germany - and why they didn't follow up on questions from Eurex, the German derivatives exchange.

Tout pareil ! Moi aussi je suis curieux de lire les explications de la SocGen-qui-n-a-rien-fait.

Et pour connaitre la suite, il faudra suremment continuer à lire la presse étrangère, car en France actuellement on ne s'occupe plus que de virginité.


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