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L’orgasme féminin se définit par une sensation de plaisir intense et brève (quelques secondes) provoquant un état de conscience modifié accompagné de contractions des muscles à l’entrée du vagin, et qui amène une sensation de bien-être. Si l’orgasme de l’homme ne pose pas de problème de compréhension pour la plupart des gens, celui de la femme est toujours un peu inconnu pour beaucoup.
De nombreuses questions suscitent encore de nos jours des polémiques, comme celles qui concernent l'orgasme clitoridien ou vaginal, la femme-fontaine, la femme multi-orgasmique, la femme qui simule, et aussi concernant la taille du sexe de l’homme.
La sexualité est une notion très variable selon les époques et les sociétés. Celle de la femme a longtemps été tabou, honteuse et inconnue. Nous commençons à peine à sortir de cette période et à y voir plus clair sur les réalités anatomiques et physiologiques mais les idées reçues sont toujours là.
Les grecs considéraient que l’orgasme de la femme était nécessaire à la procréation. Du moyen âge jusqu’au milieu du XXe siècle, l’Église a énormément réduit et codifié les pratiques sexuelles, le sexe ne devant servir qu’à faire des enfants. Au XIXe siècle, la découverte de l’ovulation a encore plus limité l’expression de la sexualité de la femme. L’orgasme n’ayant pas de rôle dans la reproduction, la femme n’était pas sensée éprouver de plaisir lors des rapports sexuels. Vers la fin de XIXe siècle, la médecine commence à s’intéresser au comportement sexuel féminin mais cela amène de nouveaux diktats comme par exemple celui de l’orgasme vaginal, très répandu encore de nos jours. On doit cette notion à Freud qui considérait que seul l’orgasme vaginal était digne d’une femme adulte, l’orgasme clitoridien étant signe d’immaturité.
Les vraies études médicales de la sexualité humaine commencent dans les années '60 et posent les jalons de la sexologie moderne mais elles créent aussi de nouvelles "normes". En effet, la sexualité de la femme est décrite en différentes phases menant à l’orgasme, ce qui, dans l’inconscient collectif, le rend obligatoire pour une relation sexuelle réussie.
Les premiers mouvements d’émancipation du plaisir féminin ont commencé à partir des années '70, depuis que la contraception a définitivement séparé sexualité et procréation. A la même époque, les revendications féministes visent à faire reconnaître la valeur du plaisir "clitoridien".
Depuis le début du XXe siècle, une nouvelle ère de la sexualité féminine est en route qui rajoute encore de nouvelles "normes". C’est le siècle de l’image: les femmes sont représentées toujours en demande, disponibles, multi-orgasmiques, voire femmes fontaines.
Toutes ces évolutions se retrouvent dans les consultations: les femmes viennent voir un/une sexologue car elles n’ont pas d’orgasme vaginal, n’ont pas de désir ou elles ont mal.
Elles ne sont pas informées de la réalité de leur anatomie et de leur physiologie, elles connaissent mal leur corps et ont beaucoup de fausses idées sur la sexualité.
La réaction orgasmique est un réflexe, que l’on soit un homme ou une femme, réflexe qui répond à une stimulation locale et/ou générale, dans un contexte d’excitation psychique, son déclenchement ayant lieu au sommet de l’excitation.
Les hommes ont plutôt tendance à accéder rapidement à l'orgasme, ils doivent apprendre à le différer; leur orgasme dure moins longtemps que celui de la femme et surtout il ne peut y en avoir un second immédiatement.
Les femmes mettent un peu plus de temps pour y arriver mais l’état d’excitation sexuelle dure beaucoup plus longtemps et elles peuvent donc avoir plusieurs orgasmes si la stimulation nécessaire est maintenue ainsi que l’envie d’y accéder.
Chez la femme le point de départ de la stimulation est multiple, très souvent centré sur le clitoris et/ou le vagin mais beaucoup de femmes ont des expériences orgasmiques dont l’origine est une autre partie du corps ou parfois même l’imaginaire ou la stimulation visuelle.
Il existe quatre notions scientifiques modernes sur l'orgasme. La classique opposition entre orgasme vaginal (point G) et clitoridien est appelée à disparaître car on a mis en évidence que la région clitoridienne et la région vaginale, la vulve et même l’anus forment une seule et même entité sur le plan fonctionnel, sous la dépendance du même système neurovasculaire. Ceci explique la diversité des expériences orgasmiques et permet de rassurer bon nombre de femmes.
Des recherches sont en cours sur le phénomène de "femmes fontaines": il ne s’agirait pas d’un équivalent de l’éjaculation mais plutôt d’une augmentation du volume des sécrétions naturelles sans doute associée, dans certains cas, à une émission d’urine. Tout n’est pas élucidé dans ce domaine.
Certaines substances comme l’ocytocine, qui favorise le lien, et les endorphines, qui donnent une sensation de bien-être sont libérées dans le corps chez l’homme comme chez la femme. C’est sans doute ce que tout le monde recherche à travers cette sensation si particulière.
Enfin, le comportement sexuel est en relation avec un circuit cérébral complexe que l’on appelle le système des récompenses et qui est responsable du fait qu’une expérience de plaisir réussie va entraîner l’envie de la revivre et, très au-delà, la pérennisation du lien affectif.
On comprend donc pourquoi avoir du plaisir est une chose importante. Individuellement, c’est un chemin à parcourir également, qui passe par des connaissances, apprendre à dépasser ses gênes, la découverte de son propre corps, la confiance en l’autre ainsi que la communication.
Avoir ou ne pas avoir d’orgasme n’est pas tant la question. Le plus important est sans doute de vivre une expérience de bien être, de complicité et de détente.
Dr Carole Burte
Sexologue
Cannes, France
* wim.mc