Cette étude de chercheurs de l’Université Wayne State révèle que des niveaux élevés de plomb dans le sang, chez les femmes enceintes vont affecter non seulement les cellules fœtales de leurs enfants, mais aussi leurs petits-enfants. Il s’agit bien ici d’une hérédité épigénétique multigénérationnelle : Les conclusions, présentées dans les Scientific Reports montrent en effet la transmissibilité des changements de méthylation d’ADN associés à l’exposition maternelle au plomb.
On savait déjà qu’in utero, le bébé peut être affecté par de faibles niveaux d’exposition au plomb. Si une femme enceinte est exposée au plomb, le plomb traverse le placenta pour atteindre les os et d’autres organes en développement du bébé. Une exposition préalable à la grossesse peut aussi affecter le cerveau de l’enfant à naître et entraîner un risque accru de troubles du développement chez l’enfant.
Enfin, de précédentes études ont montré que ce type d’expositions affecte le profil de méthylation de l’ADN d’une personne ; c’est ce qu’on appelle des modifications épigénétiques.
Ici, le Dr Douglas Ruden, professeur au Département d’obstétrique et de gynécologie de la Wayne State University et son équipe, révèlent que l’exposition au plomb peut causer des changements spécifiques dans la méthylation de l’ADN, décelables au-delà d’une génération. Ici, les chercheurs ont travaillé à partir d’échantillons de sang de mères, de leurs enfants et petits-enfants stockés dans la biobanque Michigan Neonatal Biobank, qui conserve des » tâches » de sang séché recueillies à la naissance des enfants.
ØLes résultats de cette analyse suggèrent que l’exposition au plomb pendant la grossesse affecte le statut de méthylation de l’ADN des cellules germinales fœtales, ce qui conduit à la transmission de cette modification de la méthylation de l’ADN chez les petits-enfants.
C’est donc la première démonstration d’une héritabilité, sur plusieurs générations, des effets épigénétiques d’une exposition environnementale chez les femmes enceintes. A partir de ces travaux, les chercheurs pensent qu’il est possible d’identifier les gènes qui peuvent servir de biomarqueurs candidats d’évaluation des risques. Avec des conséquences épigénétiques sur plusieurs générations, précisent les auteurs, différentes de celle d’une exposition aiguë et directe. A préciser.
Source: Scientific Reports 29 september 2015 doi:10.1038/srep14466 Multigenerational epigenetic inheritance in humans: DNA methylation changes associated with maternal exposure to lead can be transmitted to the grandchildren
Lire aussi :PLOMB: Exposition maternelle et obésité chez l’enfant -