Alors que la bobocratie médiatique a réussi à détourner l'attention du peuple des mille et un problèmes qui l'assaillent en montant en épingle une idiotie proférée dans une émission stupide, ce qui n'est somme toute que cohérent, quels ont été les faits saillants de la semaine ?
Atlantico : "Mercredi à Strasbourg, François Hollande a précisé qu'il fallait plus d'Europe. "La seule voie possible pour celles et ceux qui ne sont pas convaincus de l’Europe, c’est d’en sortir !", répondait François Hollande au plaidoyer de Nigel Farage (UKIP). Le président français ne ferme-t-il pas là le débat démocratique ?"
SF : Comme toujours Hollande mélange tout et prend ses interlocuteurs pour des imbéciles. Il ne faut d'abord pas confondre Euroland, Union européenne et Europe. Même si aujourd'hui les deux premiers sont malheureusement liés, on pourrait envisager de faire comme les Anglais et de revenir à une monnaie nationale sans quitter l'Union. Quant à l'Europe c'est une notion géographique et, à moins d'une secousse sismique dont vous me diriez des nouvelles, la France ne s'en détachera pas ! Trêve de plaisanterie, l'Euroland ne tient plus désormais que sur un chantage : si vous quittez la monnaie unique c'est le retour à l'hyper-inflation et vous pouvez dire adieu à votre épargne. C'est en faisant peur aux Français pour leur assurance-vie qu'au fond Hollande et tous les politiciens pro-européens continuent de vendre leur salade. L'Euroland d'aujourd'hui c'est un peu comme dans la chanson de Guy Béart : le premier qui dira la vérité à son sujet, c'est à dire qui assumera qu'elle n'est pas viable et la quittera, les autres Etats et les marchés tenteront de l'exécuter.
Il est vrai qu'une sortie de l'euro nécessiterait une mise sous tutelle temporaire du système financier. Pour ne pas s'achever en désastre, il faudrait qu'elle soit conduite par des gens déterminés, courageux et compétents, capables au surplus de rassurer l'opinion et de dénoncer le travail de sape que les Européistes ne manqueraient pas d'entreprendre.
Il serait également indispensable que la sortie de l'euro s'accompagne de sévères mesures de réformes et de dégraissage de la gigantesque bureaucratie qui paralyse la France. C'est bien le problème : ceux qui veulent quitter l'euro souhaitent souvent défendre la France protégée et ceux qui veulent entreprendre des réformes libérales sont souvent pour l'euro ce qui est absurde car réformer la France avec un tel boulet monétaire est devenu impossible.
Je crains que, face à cette situation de paralysie, la solution historique soit toujours la même : l'effondrement final.
Atlantico : "Les primaires des partis mobilisent politiques comme journalistes. Les premiers sont en campagne permanente. Avec la mise en place du quinquennat, certains observateurs notent une certaine forme de perversion de la démocratie, le type de régime deviendrait plus présidentiel que d'assemblée d'ailleurs. Pour l’historien Michel Winock, "notre vie politique n’est pas démocratique". A-t-il raison ?"
SF : La vie politique française n'est certainement pas un modèle de démocratie mais je crains que Winock, mandaté par le pouvoir pour réfléchir sur le sujet, ne porte pas le bon diagnostic. Le problème numéro un est posé par la caste de politiciens professionnels, élus à vie qui dépendent de leurs mandats pour exister dans le confort. La plupart sont cyniques et réticents à la prise de risques réels. Ajoutez-y le retour du régime des partis que De Gaulle a voulu mettre à bas mais qui revit parce que le coût énorme de la politique et la collusion avec les médias empêchent l'émergence de personnalités indépendantes. Quant aux Primaires, telles qu'elles, de par leur coût et le fait qu'elles reposent sur des organisations partisanes, elles ne feront qu'aggraver la sclérose du système. Aux Etats-Unis elles contribuent beaucoup à la perpétuation du régime démocrate/républicain. Il faut être milliardaire pour pouvoir s'y frayer un chemin comme le montre Donald Trump.
Atlantico : "Le refus de bon nombre de politiques français d'échanger avec Vladimir Poutine concernant son action en Syrie est-il pertinent ?"
SF : Quand on pratique la politique de la chaise vide vis-à-vis de quelqu'un on se retrouve souvent le cul sur le sol. Demandez aux mânes de Krouchtchev, un lointain ancêtre de Poutine, ce qu'ils en pensent. Poutine est un autocrate déterminé mais c'est aussi un chef fragilisé par la baisse du prix des matières premières, sachant que l'Etat russe est surtout un prédateur de richesses naturelles. Soit les Occidentaux veulent par priorité se débarrasser de Poutine et ils continuent de mettre la pression sur la Russie et manipulent les marchés pour l'amener à strangulation, avec tous les risques que cela fait courir à la paix. Soit ils se disent que la menace de Daech et de l'islam réactionnaire est aujourd'hui l'ennemi numéro un et ils s'entendent avec lui pour régler à la fois la question des pays limitrophes de la Russie et celle de Daech. Dans tous les cas, il faut montrer au peuple russe qu'on le respecte sinon cela le soude derrière son chef.
Atlantico : " Le chef de l'Etat au camp des Milles hier a dressé un parallèle avec les années 30. Le débat se structure autour de racisme / anti-racisme sans débat profond. Comment analyser cette dichotomie souvent simpliste ?"
SF : Hollande n'a comme dérivatif à son échec dans tous les domaines que de réanimer ce débat oiseux. Il ferait mieux d'interdire le port du voile à l'Université et à l'hôpital et d'affronter vraiment le cancer islamiste qui ronge la France. Chaque semaine qui passe aggrave la situation. C'est cette affirmation de plus en plus crâne d'un islam obscurantiste qui ulcère les Français et les conduit à voter pour le Front national. L'aveuglement de ce qui reste d'intellectuels dits de gauche face à ce problème est consternant et Hollande en joue pour tenter de les ressouder derrière lui.