Maryland // De Alice Winocour. Avec Matthias Schoenaerts, Diane Kruger et Paul Hamy.
Maryland démarre comme un drame sur un homme qui a été brisé par la guerre. Il n’a qu’une seule envie : y retourner afin de vaincre la douleur (mentale) qui l’anime. C’est ainsi que Maryland nous offre petit à petit une histoire légèrement différente alors que le film évolue vers un thriller tant psychologique que d’autres registres assez proches. C’est d’ailleurs étonnant de voir un tel film ne jamais prendre le chemin du film à sensations alors qu’il en avait amplement les moyens (ne serait-ce que lors de la scène de home invasion, redoutable en efficacité mais qui justement le sombre jamais dans le déjà vu et nous propose ainsi quelque chose de brut). Pour son second long métrage, Alice Winocour (Augustine) veut nous plonger dans un enfer souvent troublant, dont on ne sait que très peu de choses si ce n’est qu’il y a des enjeux géopolitique avec le Qatar. On va par la suite découvrir ce qui se cache réellement derrière toutes ces messes basses et tous ces non-dits. C’est là que Matthias Schoenaerts entre en jeu. Ce dernier, brillant ces dernières années avec chacun des rôles qu’il incarne (de Bullhead à The Drop en passant par Loin de la foule déchaînée) avec une ferveur assez unique en son genre. J’aime beaucoup ce qui anime cet acteur et le retrouver est à chaque fois un immense plaisir.
De retour du combat, Vincent, victime de troubles de stress post-traumatique, est chargé d’assurer la sécurité de Jessie, la femme d'un riche homme d'affaires libanais, dans sa propriété « Maryland ». Tandis qu'il éprouve une étrange fascination pour la femme qu'il doit protéger, Vincent est sujet à des angoisses et des hallucinations. Malgré le calme apparent qui règne sur « Maryland », Vincent perçoit une menace extérieure...
Si tout cela est un vrai plaisir, Maryland a aussi parfois un peu de mal à surprendre. Il y a quelques moments où le film semble errer au milieu d’une bonne et belle histoire, sans parvenir à trouver un moyen de boucher les trous sans donner cette impression de remplissage. Maryland est aussi un film très différent de tous les home invasion que l’on peut voir actuellement car le film ne cherche jamais à prendre le chemin le plus facile. On sait très bien dans quoi on s’embarque au moment où Vincent entre à Maryland, le nom de cette somptueuse villa. Sauf que même si l’on sait dans quoi on s’embarque, on ne sait pas du tout comment le film va arriver au bout du chemin et c’est ce qui fait le caractère ultra paranoïaque. On en vient à douter des intentions de certains personnages (notamment de l’ami et collègue du héros, de cet homme qui est venu négocier des contrats et surtout récupérer de l’argent, etc.). Alice Winocour fait un film qui fait monter petit à petit la pression avec quelques moments forts (une agression en voiture, une sorte de course poursuite sans en être une, l’invasion de la maison, etc.). Les personnages sont tous mis à rude épreuve afin de délivrer un spectacle qui en met plein les mirettes.
Avec cette paranoïa ambiante (même le grésillement dans l’oreillette de Vincent nous donne l’impression que quelque chose cloche alors que ce n’est pas forcément un signe). Mais justement, c’est la force de Maryland, d’avoir su peser son ambiance sans jamais trop en faire. Mais justement, le jamais trop en faire est parfois aussi l’un des problème du film. Alice Winocour vient surtout nous démontrer à quel point avec peu de choses on peut faire un assez bon film. Je savais pertinemment que j’allais apprécier Maryland quand j’ai vu la bande annonce mais je ne m’attendais peut-être pas à tomber sur un film aussi intelligent dans sa manière d’aborder le home invasion, détournant tous les codes possibles et imaginables bien évidemment. Quoi qu’il en soit, reste aussi Diane Kruger. Sa présence est presque énigmatique à certains moments. Elle disparaît du cadre et réapparaît toujours avec ce regard qui laisse à penser qu’elle cache quelque chose ou bien qu’elle n’est pas heureuse et cache quelque chose de lourd dans sa besace. Finalement, Maryland est une bonne surprise aux rebondissements assez étonnants et à la mécanique plus originale que d’autres films de genre.
Note : 7/10. En bref, avec un Matthias Schoenaerts qui habite son personnage, Alice Winocour ne pouvait que réussir ce thriller paranoïaque et psychologique.