Crimson Peak // De Guillermo del Toro. Avec Mia Wasikowska, Tom Hiddleston et Jessica Chastain.
Après s’être essayé aux robots dans Pacific Rim et à la série de zombies avec The Strain (adaptée de son propre roman), Guillermo del Toro revient avec un film à l’univers qui lui colle à la peau. L’histoire de ces personnages est juste merveilleuse tant l’on retrouve la fascination pour l’horreur et les monstres du réalisateur et scénariste star. C’est un film très étrange qu’il nous offre mais particulièrement soigné et intelligent qui nous permet de nous délecter de tous les instants. Cela passe par la candeur des personnages ou leur folie maladive. D’ailleurs, le personnage incarné par Jessica Chastain est parfait dans ce sens là, permettant de donner au film un arrière goût assez amusant qui sort clairement du lot. Pourtant, on retrouve aussi de multiples influences, telles que La Famille Adams, Casper, et j’en passe, ces films des années 90 qui utilisaient souvent pour lieu de villégiature de grands manoirs. Je pourrais aussi penser à Hantise pour l’aspect le plus fantastique de ce film. On a l’impression de plonger tout de suite dans un film original, aux antipodes de ce que l’on aurait probablement pu imaginer au départ. Je ne pensais pas retrouver tous les charmes d’un conte Grimm là dedans avec une tonne de belles et bonnes surprises.
Au début du siècle dernier, Edith Cushing, une jeune romancière en herbe, vit avec son père Carter Cushing à Buffalo, dans l’État de New York. La jeune femme est hantée, au sens propre, par la mort de sa mère. Elle possède le don de communiquer avec les âmes des défunts et reçoit un étrange message de l’au-delà : "Prends garde à Crimson Peak". Une marginale dans la bonne société de la ville de par sa fâcheuse "imagination", Edith est tiraillée entre deux prétendants: son ami d’enfance et le docteur Alan McMichael.
Le scénario de Crimson Peak est truffé de bonnes idées, souvent là pour servir l’aspect visuel du film j’en conviens mais toujours soignées. Le pari fait par Guillermo del Toro ici est tout bonnement réussi. Je savais bien que le réalisateur saurait nous satisfaire pleinement, à milles lieux de ses robots (qui n’ont pas convaincus tout le monde). On retourne ici à ses premiers amours et quel plaisir c’est de le faire. L’autre surprise de Crimson Peak est la façon dont il tourne autour de trois personnages, laissant peu d’occasions aux secondaires de véritablement se frayer un chemin. Cela confine un trio de personnages dans une prestation presque théâtrale. Il était temps que Guillermo del Toro délivre un film à lui, qui joue avec les codes qu’il préfère. Son utilise du visuel est par exemple brillante, rappelant facilement ses oeuvres précédentes tel que Le Labyrinthe de Pan ou encore Hellboy. Ce côté très coloré, très chaleureux, mais à la fois très gore. Visuellement, il apporte toujours quelque chose de neuf qui sort du lot. On se retrouve alors avec un film assez touchant dans son ensemble également grâce à la sensibilité du personnage incarna par Mia Wasikowska. Si je n’ai pas frémis comme l’on aurait probablement dû frémir devant un film d’horreur, Crimson Peak délivre malgré tout suffisamment de belles choses pour être comblés.
On se rend donc compte que le but n’était pas d’avoir peur mais uniquement de nous faire plaisir. Guillermo del Toro dépeint toute son historie sur fond de révolution industrielle (et l’ambition d’un homme de créer une machine). C’est assez drôle car de ce point de vue là, Crimson Peak semble complètement se déconnecter. Dès que le film commence à véritablement mettre en scène la révolution industrielle, on a l’impression de voir un western sur la construction des rails de l’époque. Mais le résultat final reste toujours le même, toujours aussi beau et somptueux. Les décors sont magnifiques, les costumes tout autant. Si au départ, Crimson Peak a parfois un peu de mal à décoller, ce qui nous permet de nous plonger véritablement là dedans c’est la seconde partie du film, sans temps mort et sans mauvaises surprises. On retrouve des tas de références de Mario Bava à Edith Wharton, sans parler de Dario Argento bien évidemment (même si le giallo n’est pas forcément l’inspiration première de Guillermo del Toro ici). On aime aussi l’amour que voue Guillermo aux romances complexes et interdites, jouant avec la poésie et la splendeur d’une telle histoire de façon brillante.
Note : 8/10. En bref, c’est beau, sensuel et gore à souhait. Une vraie réussite tant visuelle que scénaristique.