Les complications du diabète de type 2 exigent une prévention multifactorielle qui passe obligatoirement par un contrôle optimisé de l’équilibre glycémique, rappelle l’Académie de Médecine dans un communiqué. Les auteurs rappellent icile bénéfice d’une réduction de l’hyperglycémie et de l’optimisation glycémique sur le risque angiopathique et de décès prématuré, si nécessaire à l’aide d’un traitement hypoglycémiant personnalisé selon les besoins individualisés du patient diabétique.
Hypoglycémiants, un rapport bénéfice-risque parfois discuté : Certains auteurs ont récemment remis en cause l’intérêt de contrôler l’équilibre glycémique des diabétiquesde type 2 (1) tout en contestant l’efficacité des traitements hypoglycémiants par rapport à leurs risques potentiels (2) Cette prise de position est essentiellement fondée sur des publications (3-4-5) qui n’ont pu mettre en évidence un bénéfice cardiovasculaire significatif chez des patients soumis à un traitement intensif par rapport à une approche conventionnelle. Toutefois, ces études ont été conduites sur une courte durée de temps et sur des populations hétérogènes présentant déjà des complications vasculaires, ce qui conduit à faire des réserves sur l’interprétation de leurs résultats.
Le bénéfice d’une réduction de l’hyperglycémie sur le risque angiopathique : à l’opposé, d’autres travaux, menés sur un temps d’observation prolongé (6) ou mis en œuvre chez des sujets plus jeunes (7-8), confirment le bénéfice d’une réduction de l’hyperglycémie sur le risque micro mais aussi macro-angiopathique, avec une diminution de la mortalité après 10 ans de suivi (9). L’intérêt d’une intervention optimale sur le niveau glycémique dans la prévention des complications cardiovasculaires est, en outre, pleinement attesté par les résultats de l’étude EDIC suivant celle du DCCT au cours du diabète de type 1 (10).
En se fondant sur les plus récentes données de la littérature et sur cinquante années de pratique qui ont considérablement amélioré le pronostic des diabétiques, on est en droit d’affirmer que :
1. l’optimisation glycémique réduit les complications micro angiopathiques dans toutes les variétés de diabète (11 -12). La preuve est parfois moins évidente pour les complications macro-vasculaires lorsqu’il s’agit de sujets déjà porteurs de lésions chronicisées peu sensibles à la réduction de l’hyperglycémie. En revanche, le bénéfice devient significatif chez les diabétiques non ou peu compliqués, précocementtraités, suivis sur une longue période (10).
2. la prise en charge des autres facteurs de risque est indispensable mais ne doit pas occulter l’importance de traiter parallèlement l’hyperglycémie. En effet, les essais prospectifs montrent l’efficacité de ces mesures conjointes sur la survenue des événements cardio-vasculaires (7-14).
3. l’HbA1c reste un indicateur fiable du déséquilibre glycémique (15). Son niveau cible doit être personnalisé afin d’adapter l’intensification thérapeutique aux besoins individualisés du diabétique (16).
4. la large panoplie de médicaments hypoglycémiants permet de personnaliser la conduite thérapeutique (16) en optimisant le rapport bénéfice/risque, comme on le constate avec les inhibiteurs de la DPP4 et les analogues du GLP1 qui ont réduit les accidents hypoglycémiques et la prise pondérale observée avec les sulfamides hypoglycémiants.
Mettre en doute l’intérêt des traitements hypoglycémiants pour prévenir les complications cardiovasculaires du diabète de type 2 conduit à ignorer les remarquables progrès obtenus dans la prise en charge multifactorielle de cette affection. Par ailleurs, ne prendre en compte que le risque cardiovasculaire tend à ignorer les autres complications, oculaires, rénales et neurologiques, où le contrôle glycémique joue un rôle préventif capital. Cette attitude ne peut que porter un préjudice grave aux patients qui seraient tentés de négliger les conseils thérapeutiques fondés sur des bases solides et sur des années d’expérience.
Auteurs : Communiqué Claude Jaffiol et Pierre Godeau (Au nom de la commission XVI / médecine générale et exercice médical libéral).Communiqué rédigé avec l’appui de la Société francophone du diabète*, du Conseil National Professionnel d’Endocrinologie, Diabétologie et Maladies Métaboliques et de l’Association Française des Diabétiques**
* Bernard Bauduceau, Jacques Bringer, Pierre Fontaine, Samy Hadjadj ;** Gérard Raymond
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Biblio
[1]Boussageon R, Pouchain D, Renard V. Reconsidérer les bénéfices et les risques des médicaments hypoglycémiants du diabète de type 2. Exercer, 2014; 115: 238-43
[2] Boussageon R, Gueyffier F. Approche factuelle et centrée sur les bénéfices cliniques des traitements pharmacologiques des patients diabétiques de type 2. Exercer , 2013; 110: 278-86
[3] The ACCORD study group. Effects of intensive lowering in type 2 diabetes. N. Engl. J. Med. 2008; 358: 2545-59
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