VENDREDI, 16 OCTOBRE, 2015 HUMANITE.FRPhoto : Joël Saget/AFPLa CGT et FO ont refusé les propositions du Medef et quitté les négociations. La CFDT, la CFTC et la CFE-CGC demandent quelques aménagements mais acceptent le principe d'un accord sur la base des mesures proposées par le Medef. Lire la déclaration de la CGT.Le Medef impose un report du départ en retraite d’un an par rapport à l’âge du taux plein. Les salariés qui ne pourraient différer leur départ subiraient les trois premières années de retraite un abattement de 10 % : une double peine pour les 56 % de salariés qui ne sont plus en emploi et pour les femmes dont la pension est déjà en moyenne inférieure de 40 % à celles des hommes et de 60 % pour les femmes cadres.Les jeunes générations verraient le niveau de leurs futures pensions diminuer de 8,5 % supplémentaires. Les retraités essuieraient de nouvelles baisses de leur pouvoir d’achat pendant trois années supplémentaires, outre le report au 1er novembre de la revalorisation de leurs pensions.Au total la contribution des salariés actifs et retraités s’établirait à 95 % du besoin de financement contre 5 % pour le Medef : soit 5,7 milliards à la charge des salariés et retraités contre 300 millions pour le patronat.Pour autant les régimes ARRCO et AGIRC ne seraient pas équilibrés. Le Medef propose donc de mutualiser les réserves des régimes. Il s’ensuivrait un épuisement anticipé de quatre années des réserves de l’ARRCO qui induirait à terme une baisse du niveau des pensions pour tous. De surcroît, l’accord troque l’existence du régime complémentaire AGIRC contre un engagement à ouvrir une négociation interprofessionnelle sur la notion d’encadrement. Un marché de dupes très lucratif pour le Medef !Nouvelle preuve en est que le dialogue social nécessite l’intervention des salariés sur tous les sujets qui les concerne pour être efficace.
- Lire également la réaction de Force Ouvrière
Retraites complémentaires. Pour FO, "l’accord proposé est un marché de dupes"
SAMEDI, 17 OCTOBRE, 2015 HUMANITE.FRAlors que syndicats et organisations patronales étaient réunis au MEDEF depuis 9 heures du matin pour tenter de trouver un accord sur l’avenir des retraites complémentaires, la délégation FO a quitté la table des négociations peu avant 17 heures, après avoir pris connaissance d’un projet présenté par le MEDEF comme son ultime proposition.« Le bureau confédéral de FO prendra une décision formelle sur le projet d’accord mardi, mais d’ores et déjà notre délégation émet un avis défavorable », a indiqué Philippe Pihet, secrétaire confédéral FO et chef de file de la délégation FO.Le MEDEF, qui veut reporter dans les faits l’âge de départ à la retraite, a présenté une ultime trame d’accord maintenant le principe controversé d’un abattement de la pension complémentaire pour tous les salariés qui prendront leur retraite à taux plein au régime de base quel que soit leur âge – 10% la première année, 10% la deuxième et 10% la troisième.« Un marché de dupes »
« On prend le prétexte des économies, mais la mesure ne rapportera qu’un dixième des 6 milliards à rechercher. C’est avant tout une mesure politique pour repousser l’âge de la retraite, on est dans un changement structurel des régimes de retraite complémentaire », dénonce Philippe Pihet. Le chef de file de la délégation FO estime par ailleurs que « l’accord proposé est un marché de dupes » : « Ce sont les salariés qui vont payer à 90% les mesures. », a t-il indiqué.Confédérations syndicales et organisations patronales gestionnaires des régimes ARRCO (tous les salariés) et AGIRC (cadres du privé) avaient débuté en février leur cycle de négociations pour pérenniser les retraites complémentaires, confrontées à une dégradation de leurs comptes.La CGT a, elle aussi, refusé le projet du Medef, tandis la CGC, la CFDT et la CFTC avaient accepté de rester à la table de négociation. Cela serait seulement la deuxième fois dans l’histoire des retraites complémentaires, après un précédent en 2001, que FO ne serait pas signataire d’un accord éventuel.Ce que dit l'accord :Pour "sauver les régimes de retraites complémentaires", le Medef a maintenu vendredi sa volonté d'"inciter" les salariés à travailler plus longtemps. Il a proposé la mise en place d'un système de bonus-malus, pour les départs à la retraite ne dépendant plus uniquement de l'âge mais aussi de la durée de cotisation. Leur objectif: inciter les salariés, à partir de 2019, à travailler une année de plus, une fois qu'ils ont rempli les conditions nécessaires pour partir avec une retraite à taux plein (âge légal de 62 ans et durée de cotisation de 41,5 ans).http://www.humanite.fr/negociations-agirc-arrco-coup-de-force-du-medef-587098
Ainsi, un salarié remplissant ces deux conditions qui déciderait de prendre sa retraite à 62 ans verrait sa retraite complémentaire amputée de 15% la première année, 12% la seconde et 10% la troisième, avant de récupérer une retraite à taux plein à 65 ans. En revanche, s'il travaille jusqu'à 63 ans (soit 4 trimestres de plus) ce malus serait annulé.
Autre cas de figure, une personne disposant de ses annuités à 64 ans devrait attendre 65 ans, pour partir à la retraite sans subir de décote. Des bonifications de 10, 20 et 30% seraient au contraire appliquées pendant un an pour les salariés restant en activité deux, trois ou quatre ans de plus. Les retraités modestes exonérés de CSG ne seraient pas concernés.