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NICOTINE, codéine, morphine et …dépendance – Neuropsychopharmacology

Publié le 19 octobre 2015 par Santelog @santelog

Cette recherche de l’Université de Toronto, menée sur l’animal, montre que l’utilisation de la nicotine augmente la vitesse de conversion de la codéine en morphine dans le cerveau, en augmentant les niveaux d’une enzyme spécifique. Ainsi, les cerveaux des fumeurs sont amorcés pour recevoir une plus grande quantité de morphine et développer un risque plus élevé de dépendance voire de surdosage. Ces conclusions, présentées dans la revue spécialisée Neuropsychopharmacology, élargissent également la compréhension de plusieurs associations entre tabagisme et maladies, comme la maladie de Parkinson.

Nous savions que la codéine est métabolisée dans le foie, mais cette équipe de l’Université de Toronto montre que ce même métabolisme se produit dans le cerveau. Le Pr Rachel Tyndale, professeur de psychiatrie et chercheur au Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) explique que la consommation chronique de nicotine via le tabagisme augmente les niveaux d’une enzyme qui transforme la codéine en morphine dans le cerveau, augmentant l’effet analgésique mais aussi la dépendance à la codéine donc à terme, le risque de dépendance au médicament.

Un rôle du cerveau bien plus déterminant : le cerveau n’est pas une cible médicamenteuse passive avec des récepteurs impassibles, mais joue un rôle beaucoup plus actif qu’on ne le pensait auparavant. Les niveaux des enzymes dans le cerveau varient en fonction de l’exposition aux médicaments. Mieux comprendre le rôle de ces enzymes et les spécificités génétiques qui affectent le métabolisme du cerveau peut contribuer à expliquer chacun réagit différemment aux médicaments et aux toxines, et même pourquoi certaines personnes ont un risque accru de maladies complexes comme la maladie de Parkinson.

NICOTINE, codéine, morphine et …dépendance  – Neuropsychopharmacology
L’exemple de la connexion entre nicotine et codéine : L’équipe du Pr Tyndale a administré de la codéine à des rats, évalué la réduction de leurs niveaux de douleur, ainsi que les niveaux circulant de codéine et de morphine dans le cerveau. Un groupe avait reçu de la nicotine durant les 7 jours précédant l’administration de la codéine. Un second groupe a reçu du propanolol, un inhibiteur de l’enzyme responsable et donc de l’activation de la codéine. Un 3è groupe a reçu à la fois de la nicotine puis le propranolol et un 4è n’a rien reçu (groupe témoin). L’expérience permet de constater :

·   plus de morphine et moins de douleur chez le groupe ayant reçu de la nicotine + codéine.

·   moins de morphine et plus de douleur chez groupe ayant reçu l’inhibiteur,

·   ces différences sont constatées dans le cerveau, mais les niveaux circulant de morphine dans le sang étaient similaires pour tous les groupes.

·   C’est donc la variation de l’activité de l’enzyme dans le cerveau, et non dans le foie, qui détermine l’effet de la codéine sur la douleur.

·   Les patients ayant les niveaux les plus élevés de cette enzyme dans le cerveau, que ce soit en raison de facteurs génétiques, de tabagisme, de vaping ou autre mode de consommation de nicotine, peuvent connaître un soulagement plus important de la douleur, mais peuvent aussi développer un risque de dépendance à la codéine.

Un impact certain en pratique clinique : L’étude illustre pourquoi certains patients répondent différemment aux médicaments, même lorsque les niveaux de principe actif circulants dans le sang semblent similaires. Comprendre les effets du tabagisme sur les enzymes métabolisant les médicaments dans le cerveau a donc un impact certain en pratique clinique. Il existe ainsi des patients qui ne disposent pas des niveaux de l’enzyme nécessaires pour transformer la codéine en morphine. La recherche révèle donc tout le rôle du cerveau dans le métabolisme des médicaments : une conclusion cohérente avec le risque documenté comme plus faible des fumeurs de développer la maladie de Parkinson par rapport à leurs homologues non-fumeurs. Car l’enzyme même qui transforme la codéine en morphine est aussi capable de briser une toxine qui provoque un symptôme parkinsonien, toujours chez l’animal. D’autres recherches sont en cours sur ce nouveau lien.

En conclusion, le cerveau est un « métaboliseur » actif et renferme les clés de nos réponses différentes, aux médicaments, toxines ou drogues et de notre susceptibilité à certaines maladies.

Source: Neuropsychopharmacology 2015 doi:10.1038/npp.2015.32 Nicotine Increases Codeine Analgesia Through the Induction of Brain CYP2D and Central Activation of Codeine to Morphine (Visuel@ Rachel Tyndale)

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