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Hébergement d’urgence : 115 saturé ? Citoyens mobilisez-vous !

Publié le 19 octobre 2015 par Asse @ass69014555

Hébergement d’urgence : 115 saturé ? Citoyens mobilisez-vous !Samedi dernier, durant la maraude, nous avons encore essuyé un refus du 115 en réponse à la demande d'hébergement d'une famille sans-abri frigorifiée. " Bonjour. Nous vous appelons pour une famille avec deux enfants qui se trouve actuellement dans le 18e sous une tente. Ils disent vous appeler sans réussir à vous joindre, tous les jours depuis le début de la semaine. Avez-vous de la place pour eux ? " Au bout du fil, notre interlocuteur répond par la négative. Plus de place ! " Depuis le début de la journée, nous avons eu 32 demandes de familles non satisfaites, soit 101 personnes au total ". Voila comment se traduit la réalité de l'hébergement d'urgence à Paris en cet automne 2015. Et nous ne sommes même pas encore en hiver !

Selon la FNARS (Fédération nationale des associations de réinsertion sociale), 771.500 demandes d'hébergement d'urgence ont été faites l'an dernier d'après le baromètre annuel du 115, soit une hausse de 26% par rapport à 2012. Les appels de familles et de mineurs sans-abri augmentent, alors que près de la moitié des demandes n'aboutissent pas.

Cette progression, dévoilée par le baromètre 2014 du 115, s'explique d'abord par la hausse du nombre de demandeurs : en tout, 97.600 SDF ont sollicité le numéro d'urgence, soit 3.500 personnes de plus par rapport au dernier baromètre. Mais les demandes sont aussi plus souvent renouvelées : en cause, les faibles durées des accueils, souvent une seule nuit, et les nombreuses réponses négatives...

Au nombre de sans-abris qui ne parviennent pas à se faire héberger, s'ajoutent les réfugiés qui espèrent eux aussi un hébergement pour déposer leur demande d'asile. Pour eux, la Mairie de Paris affirme tenter de " pousser les murs ".

" Je le dis vraiment avec beaucoup de fermeté, je n'accepterai pas que les moyens que nous avons mis (...) ne soient pas mis à même hauteur pour le plan grand froid qui s'annonce et notamment pour l'hébergement des familles et des SDF ", affirmait Anne Hidalgo au Journal du dimanche le 27 septembre dernier. Alors que les températures ont brutalement chuté et que le 115 est déjà saturé, l'hiver s'annonce épouvantable pour les sans-abris.

Mais la France part avec un tel retard dans le nombre de places indispensables à l'hébergement d'urgence qu'il semble impossible de croire qu'elle y parvienne. Les solutions ne sont que très rarement pérennes : on propose une à trois nuits d'hôtel quand de manière moins coûteuses et plus intégrantes des foyers et logements sociaux seraient plus préférables...

Ces demandes ont lieu majoritairement pendant les mois d'hiver, " " Depuis le début du quinquennat de François Hollande, la situation des sans-abri s'est plutôt dégradée " déplore Florent Gueguen, directeur général de la Fnars, qui réalise ce baromètre. une gestion au thermomètre " , d'après la Fnars. Le reste de l'année, les personnes sont davantage confrontées à des réponses négatives.

Mais que peuvent faire les citoyens face aux carences des municipalités, des départements et de l'État ? Énormément ! On l'a mesuré cet été face à la misère des réfugiés du Pont de la Chapelle et des lieux successifs où se sont posés les réfugiés. On le mesure à chaque démantèlement de camps de roms où, sous prétexte de leur éviter le danger des bidonvilles on les oblige à survivre sous une toile de tente ou un vieux fourgon. On le mesure quand des milliers de personnes survivent à la rue, parfois sans avoir la force d'aller s'alimenter sur les points de distribution fixe. De plus en plus souvent, de plus en plus nombreux, ce sont les citoyens qui assurent le devoir d'entraide que l'État refuse d'assurer.

Témoignage de Marie-Laure

Marie-Laure fait partie des nombreux citoyens spontanément venus prêter assistance aux syriens de la Porte de Saint-Ouen en témoigne :

Parlons franchement.
J'entends beaucoup ces mots pour expliquer la misère grandissante " le gouvernement ne veut pas agir " " les pouvoirs publics ne font rien "
Des enfants sont à la rue en ce moment, des français, des réfugiés, des roms...des femmes...des bébés...On n'avait plus vu ça depuis 50 ans au moins.
Alors soyons clair, puisque nous sommes à l'heure du parler vrai, puisque plus personne n'est complexé par ses idées, puisque qu'il n'y a plus de tabous. Donc les politiques ne veulent pas agir? Allons....On s'était dit qu'on pouvait parler franchement maintenant non? Ca n'existe pas une non volonté d'agir. La seule chose qui existe, c'est la volonté. En l'occurrence ici celle de laisser ces pauvres êtres pourrir dehors. Pourquoi?

Parce que les politiques pensent que c'est la volonté de la majorité des français. En tous cas d'une moitié, l'autre ne votant plus. Leur pensée est simple: ces français veulent laisser crever ces gens, ça leur plait, si on fait ce qu'ils veulent alors ils voteront pour nous aux prochaines élections....Oui c'est absurde, à l'image de ce qu'on voit sur les trottoirs de France actuellement...Tout est absurde...Des locaux vides avec des SDF dormant devant, des HLM réservés aux classes supérieures...des bureaux vides appartenant à des entreprises pour faire des magouilles fiscales...
Des hommes qui meurent par grappes à Calais, des enfants roms et leur famille chassés de Saint-Étienne partout où ils vont et qui se cachent à l'heure qu'il est dans la forêt ou sous un tunnel, dans le froid, sous la flotte, parce qu'ils sont roms. D'autres parce qu'ils sont réfugiés, d'autres parce qu'ils sont français mais que la misère les a brisé et que la rue les a démoli. Vivre dans la rue est une maladie. Cela détruit. Dans nos cités urbaines, outre le froid, c'est les laisser à la merci de l'horreur de la prostitution, pour les femmes et les enfants, oui les chiffres sont en hausse, oui....les enfants...l'horreur de la mendicité, de la mafia.

Mais une question me taraude tout de même: Et l'autre moitié de la France alors? Cette énorme majorité silencieuse? Que pense t-elle de ce qui est fait en son nom? J'en fais partie, jusque là j'attendais de voir ce qui se passe, je n'attendais plus rien des politiques mais je regardais blasée, résignée, en colère souvent mais inactive, impuissante.

Aujourd'hui j'ai appris et si je peux vous communiquer ce que j'ai appris, mes amis, alors peut-être que quelque chose bougera, ça bouge déjà un peu d'ailleurs, comme un bruit sourd à l'horizon.

Il n'y a que nos actions qui bouleversent la donne, qui renversent toutes les certitudes, tous les acquis. Ces actions sont très simples finalement, si simples et à portée de tous que c'était presque trop facile pour y croire. Dites NON. Si dans votre ville cet hiver il y a des femmes, des enfants à la rue et que vous estimez que cela est inacceptable dans notre pays, 6ème puissance économique du monde, dites NON. Si pour vous, que cet enfant ne soit pas français ne justifie pas une telle cruauté, dites non. Écrivez au maire, ou au préfet, ou appelez, ou faites circuler l'information, ou allez apporter une couverture, un lait chaud, juste un geste cela suffit.

Si vous êtes des millions c'est un raz de marée humanitaire qui fait chavirer n'importe quel résistance, je vous assure.

Cela suffit à déstabiliser les politiques qui ne savent plus qui ils doivent écouter.
La petite France décomplexée? Pour être politiquement correcte car cette France du " parler vrai " n'aime pas qu'on l'appelle par son nom, que je tairai donc. C'est celle qui en est encore à compter ses électeurs pour savoir si elle passera ou pas aux prochaines élections et qui se fout des droits de l'Homme et de l'Enfant sur son territoire, elle se torche avec pour parler cru.

Ou La grande majorité silencieuse qui soudain donne de la voix? L'énorme France qui quand elle se met en action a tout d'une géante.

Quand les politiques entendent d'autres voix que celles qu'on leur balance sur toutes les télés, radios, journaux, alors le politique doute, chancelle, hésite. Le politique veut être élu. Il voudra plaire au plus grand nombre, le plus grand nombre c'est nous.

Il s'agit de faire fonctionner notre contre pouvoir en s'indignant là où cela nous semble intolérable. S'indigner comme je vous l'ai dit c'est très simple, c'est faire un pas vers ceux qui sont dehors par exemple. S'il y a un campement avec des enfants comme ce fut le cas à porte de Saint-Ouen c'est apporter une couverture de survie, du réconfort, ou alerter la mairie, en amener à l'hôpital ou chercher des médicaments. Comme on a été nombreux, nos voix ont été entendues. Cela n'a pas été difficile je vous assure, ce fut éprouvant de voir ces enfants dehors, c'est cela qui était difficile, mais écrire un mail à la mairie ce n'est pas difficile, non. Pas besoin de faire partie d'une association, d'un groupe, chacun peut le faire individuellement.

La mairie a entendu nos voix, on a fait basculer la tendance, on a accéléré la solution, on reste en alerte, on a beaucoup appris.

Il y a des alertes à faire en ce moment à Lille, Saint-Étienne, Paris, Calais et certainement ailleurs encore, renseignez vous, alertez vous, la majorité silencieuse commence à murmurer déjà.

Moins d'un an après que la liberté d'expression n'ait rassemblé des millions de personnes dans les rues de France, il est aujourd'hui temps que chacun l'exerce pour le refus de laisser des enfants, des femmes et des hommes survivre dans des conditions indignes avant d'y mourir pour beaucoup d'entre eux ! En contactant les élus ou en agissant, comme le suggère Marie-Laure. Comme elle s'y est récemment essayé. Comme s'y attèlent de plus en plus de citoyens. Comme ceux qui pratiquent avec nous l' entraide-citoyenne.


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