19 OCTOBRE 2015 | PAR HÉLÈNE DUFFAU
Le pouvoir organise la violence : sachons déjouer ses manœuvres d'intimidation

Il est à craindre que le pouvoir, sans doute au plus haut niveau, entende organiser la discorde entre les organisations signataires de l'appel pour une marche le 25 octobre à Sivens et leurs adhérents et sympathisants. S'il mettait à exécution sa menace d'interdiction, il organiserait en effet la discorde entre ceux et celles qui souhaiteront passer outre cette interdiction et ceux qui s'y plieront. Il organiserait enfin la discorde entre tous opposants au barrage et la fraction de la population qui est demeurée à l'écoute de la désinformation gouvernementale ou qui cède à la peur. Il organiserait surtout la violence comme il l'a déjà fait à plusieurs reprises, notamment lors de la semaine de l'expulsion des occupants de Sivens en mars 2015, en se gardant d'intervenir contre les pro barrage qui se sont livrés à des exactions non seulement contre les occupants mais aussi contre la population, et en procédant à de multiples interpellations à l'encontre des occupants, il conforterait dans la toute puissance ceux qu'il a laissé complaisamment agir.
Il inciterait les opposants modérés à la radicalisation et conforterait dans leur stratégie ceux qui récusent la modération. Il réitèrerait la même tactique en se présentant impuissant à contrarier ceux qui ont décidé que le 25 sera une opération de nettoyage de la zone, et non une journée d'hommage et de rassemblement. Il laisse entendre qu'un affrontement pourrait avoir lieu, qu'il serait impuissant à s'interposer. C'est une manière d'autoriser les violences telles qu'elles ont déjà eu lieu il y a quelques mois
Les organisateurs de cette journée n'auraient le choix qu'entre une mobilisation clandestine sur un site interdit et la honte de s' être engagés et de devoir se déjuger.
Le motif invoqué, opération nettoyage de la zone ou risque de réoccupation, n'étant pas recevable autrement que comme des provocations. Quand le pouvoir s'appuie sur des groupes n'ayant pas légitimité pour exercer la force et faire le sale boulot à la place, on est dans une dérive fasciste.
Mais il existe un moyen de sortir de ce piège : celui d'un sursaut républicain massif propre à signifier que nous refusons la dérive fasciste du pouvoir.
Rappelons-nous que nous avons le bon droit pour nous : dès septembre 2014, les garde-mobiles étaient là pour couvrir un chantier illégitime à l'incohérence avérée. Les opposants étaient dans leur bon droit. Il le sont encore.
Nous devons nous rassembler massivement pour rappeler notre conception de l'ordre et de la justice. Attendre la fin des négociations entre la préfecture et les opposants, c'est courir le risque de servir le jeu du pouvoir, pour le cas où ce dernier feindrait la possibilité d'une autorisation au seul but de différer notre riposte, et déclarer l'interdiction au dernier moment.
Jean-Claude Egidiohttp://blogs.mediapart.fr/blog/helene-duffau/191015/communique-de-sivens-le-pouvoir-organise-la-violence
