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Enclos paroissiaux

Publié le 20 octobre 2015 par Aelezig

Un enclos paroissial est au sens strict une église entourée d'un terrain voué (ou non) à un cimetière, avec un mur d'enceinte. Les enclos paroissiaux sont caractéristiques de l'architecture religieuse rurale de la Basse-Bretagne et datent pour la plupart des XVe et XVIIe siècles. Ils s'expliquent par la prospérité économique de la Bretagne à cette époque, liée au commerce du lin et du chanvre. Leur développement a aussi pour origine l'essor des foires liées aux grands événements de la vie liturgique, le contexte de la Contre-Réforme insi que l'importance du culte des saints locaux et des morts, témoins du syncrétisme breton.

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Guimiliau, Finistère

Les origines

Souvent qualifié d’art du peuple ou d’art paroissial, car à l’écart des grands centres urbains, c’est un art profondément enraciné dans la culture locale mais aussi très largement ouvert aux influences extérieures comme le sont les Bretons de cette époque. C’est dans le sud du Léon et dans le nord de la Cornouaille (Finistère) qu’on trouve les monuments les plus remarquables.

L´âge d´or des enclos paroissiaux a coïncidé avec le développement très important du commerce maritime international breton. Les ports du monde entier étaient fréquentés par des navires de commerce breton, tant et si bien qu´au XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, le breton était souvent utilisé comme langue commerciale internationale.

La navigation à voile utilisait beaucoup le lin et le chanvre (voile, toiles, vêtements, cordages), les régions qui cultivaient, tissaient et commercialisaient le lin ont donc connu une extraordinaire période de richesse, ce qui a permis la construction de nombreux enclos paroissiaux dans la zone de culture et de commerce du lin.

Chaque village rivalisait avec son voisin pour avoir le plus bel enclos possible. 

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Saint-Thégonnec, Finistère

La rivalité ostentatoire de posséder les monuments les plus beaux, les plus ornementés exprime un certain orgueil paroissial mais traduit aussi la montée en puissance du baroque chez mandataires et constructeurs qui veulent magnifier l'Église de la Contre-Réforme (la Réforme protestante militait pour des édifices religieux et des offices sobres et sans apparat) propagée par deux missionnaires qui ont une influence considérable et durable en pays bretonnant, Michel Le Nobletz et Julien Maunoir. Cela explique les grands thèmes de la Contre-Réforme qui enrichissent l'iconographie religieuse des enclos.

Les enclos paroissiaux révèlent également la coloration toute particulière qu'ont pris le culte des saints locaux et le culte des morts chez les populations rurales bretonnes nourries du merveilleux celtique qui mêle légendes païennes et piété naïve.

En avril 1695, un décret royal, confirmé par le Parlement de Bretagne sept ans plus tard, interdit toute construction nouvelle d'édifice ou dans les édifices religieux sans nécessité. La politique commerciale de Colbert et le blocus dû à la guerre de la Ligue d'Augsbourg entraîne une baisse de la production toilière et des exportations agricoles bretonnes, si bien que l'État estime probablement que les dépenses somptuaires engagées à élever les monuments des enclos ne soient détournées de la voie royale des impôts... Ce décret, même s'il n'est pas appliqué uniformément, met un coup d'arrêt à la construction d'enclos paroissiaux.

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Calvaire de Tronoën, Finistère

Caractéristiques générales

Pour être qualifié d'enclos paroissial, l'ensemble doit rassembler au moins cinq des huit éléments suivants :

  • l'église,
  • l'ossuaire,
  • la chapelle reliquaire,
  • le calvaire,
  • le mur d'enceinte,
  • la porte triomphale,
  • le cimetière,
  • la fontaine.

Aussi, rares sont les édifices qui peuvent prétendre à l'appellation d'enclos paroissial.

Généralement les diverses entrées de l'enclos sont barrées par un échalier, dalle de pierre verticale qu'il faut enjamber, cette dalle était destinée à empêcher les animaux domestiques de pénétrer dans l'enceinte sacrée, notamment dans le cimetière. Cette précaution fait que le portique d´entrée, toujours ouvert, comporte une marche pour monter, un petit muret à enjamber et une marche pour descendre. L'enclos était ainsi protégé de l'intrusion animale. 

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Echaliers à Berrien, Finistère

Initialement, les enclos paroissiaux étaient en herbe, avec éventuellement quelques arbres dont la vente du bois assurait quelques revenus à la paroisse ; les jours de foire, la fabrique paroissiale autorisait la présence de boutiques, bénéficiant des redevances payées par les marchands ambulants. Les morts étaient alors inhumés dans les églises. Le sol des églises n'offrant qu'un espace assez restreint, afin de pouvoir procéder à de nouvelles inhumations, on retirait les ossements des morts anciens que l'on déposait dans un ossuaire. En 1719, le Parlement de Bretagne interdit l'inhumation dans les églises et même si les recteurs (curés) auront bien du mal à faire respecter cette interdiction, progressivement l'habitude se prend alors d'inhumer les morts hors de l'église, dans l'enclos.

D'après Wikipédia


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