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Politiques culturelles : quel (s) référentiel(s) ?

Publié le 21 octobre 2015 par Ep2c @jeanclp

A mon humble avis, l'une de conclusions les plus éclairantes de l'étude Élargir la participation à la vie culturelle : expériences françaises et étrangèresévoquéedans mon précédent post est la suivante


 

UNE ACTION CULTURELLE SANS PÉDAGOGIE

Traduction concrète de la démocratisation culturelle, l’action culturelle reste marquée par l’idéal malrucien de mise en contact direct des publics avec les œuvres, et cela, quels que soient les pays. Car si les projets étudiés se réclament souvent de l’éducation populaire, ils n’en restent pas moins fondés en grande partie sur une relation plus ou moins directe à des objets et à des œuvres, tandis que la réflexion sur l’accompagnement pédagogique, et proprement humain, apparaît comme le parent pauvre de la plupart des démarches observées. Les intervenants mobilisés sur les différents projets semblent en effet trouver dans les supports matériels – que ce soit des objets ordinaires et recyclés ou des technologies très avancées (notamment numériques) – et dans la volonté de favoriser l’interaction, l’intuition et la participation des publics, une façon d’éviter l’exercice d’un quelconque magister esthétique sans pour autant bousculer les mécanismes de la socialisation culturelle. Tout se passe alors comme si la volonté de ces différents acteurs de favoriser la « participation » et la « diversité » des « publics » contribuait à évacuer une réflexion sur les finalités précises et les modalités d’appropriation de leurs propositions culturelles par lesdits « publics », tandis que la réflexion sur des modalités pédagogiques qui seraient propres à l’action culturelle (i.e. détachées de la « forme scolaire ») apparaît comme un angle mort de la plupart des projets que nous avons étudiés. Devenue une référence obligée d’une action culturelle « renouvelée », la notion de médiation culturelle n’échappe pas à cette analyse. Centrées sur le public et ses motivations, les actions de médiation proposent rarement une réflexion poussée sur l’activité et les outils pratiques des médiateurs et des différents acteurs de l’action culturelle. Elles apparaissent autant comme un support de mise en relation avec des œuvres que comme un outil de communication des institutions ; la volonté de reconnecter des lieux, des objets et des personnages culturels avec des citoyens qui s’en éloignent, demeurant souvent l’objectif principal. éloignent, demeurant souvent l’objectif principal.

D'où l'intérêt constant porté ici aux groupes, projets, initiatives, réflexions qui tentent de nouvelles problématiques et des cadres d'intervention renouvelés.

Un exemple de plus :

On est un certain nombre 

Nous mettons en œuvre des projets artistiques ancrés dans la vie de nos territoires. Nous les élaborons avec des artistes en y associant une grande diversité de partenaires institutionnels, d’acteurs associatifs et militants, d’habitants. Ceux et celles à qui nous nous adressons portent et font le sens de ces projets, parce qu’ils en sont avec nous les acteurs. La dimension de ces projets dépasse l’expérience esthétique du spectateur et l’expérience artistique de l’amateur. Elle se développe aussi dans l’expérience civique, par laquelle chaque organisation, chaque individu prennent part à la réflexion sur la société où ils vivent et contribuent par leur action à la faire évoluer. En reconnaissant à chacun cette capacité, il s’agit de mieux prendre en compte les besoins culturels de la population et les droits culturels de la personne.

De nouveaux enjeux se dessinent pour notre société : nécessité d’un développement soutenable, aspiration à une participation plus active des citoyens à la vie et aux décisions publiques, urgence d’agir contre la persistance et le renforcement des inégalités, maintien du lien entre les générations, devenir des territoires délaissés. Le monde culturel doit s’emparer de ces questions pour en faire des aires de création, de réflexion, de confrontation et de partage de pratiques artistiques et démocratiques.

Cette démarche conduit à modifier les logiques de production, de diffusion et de médiation trop souvent dissociées. Les notions d’œuvre et d’action culturelle s’en trouvent bousculées et repensées. L’exigence artistique se conjugue avec l’exigence relationnelle. Le faire ensemble devient la condition du vivre ensemble.

Présence artistique durable sur un territoire, développement culturel en milieu rural et urbain, actions hors les murs, créations partagées, hybridation des problématiques artistiques et sociétales, éducation artistique et culturelle, toutes ces propositions doivent sortir de leur statut expérimental et cesser d’être cantonnées au volet social d’une programmation dans un système culturel qui resterait inchangé dans sa hiérarchie et ses priorités.

Il s’agit bien d’associer une population à son devenir culturel, de faire émerger de nouvelles pratiques en croisant recherche et action et de reconnaître à ce travail sa capacité à ouvrir de nouveaux champs de rencontres.

Mettons ces questions au cœur de la réflexion sur les politiques culturelles de demain. Inventons des espaces de mutualisation d’expériences similaires. Incitons les partenaires publics à prendre en considération ces mutations, à légitimer ces démarches, à réfléchir avec nous aux nouveaux indicateurs de développement, de bilan et d’évaluation qui pourraient être inventés à partir de ces expériences.

Le partage des cultures, des arts et du sens est à ce prix.

Février 2014

http://onestuncertainnombre.com/

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Ne pas manquer le remarquable espace ressources de La Nacre (Agence culturelle Rhône-Alpes) sur les droits culturels.


 

Les contributions de l'Institut de coopération pour la culture

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