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Pour accélérer son déploiement, la filière de l’éolien veut encore faire sauter des verrous

Publié le 22 octobre 2015 par Blanchemanche
#parcséoliens #COP21
A quelques semaines de la COP 21, Frédéric Lanoë, président de France énergie éolienne, fait le point sur le développement des parcs éoliens, et plus généralement de l’énergie verte sur l’Hexagone. Pour accélérer son déploiement, la filière de l’éolien veut encore faire sauter des verrous© REACapital.fr : Selon Bruxelles, la France doit atteindre 23% de consommation d’énergie verte d’ici 2020. L’objectif est-il tenable ? 
Frédéric Lanoë : Soyons clair, nous ne serons pas au rendez-vous. Et encore moins si on s’en réfère aux nouveaux objectifs fixés par le gouvernement : 40% d’énergies renouvelables d’ici 2030 ! Certes, l’énergie verte alimente déjà 17% de notre consommation en électricité, ce qui n’est pas mal du tout. Mais il sera difficile d’accélérer la cadence pour satisfaire à ces quotas. L’énergie hydraulique, qui reste de loin la source d’énergie renouvelable la plus importante en France (12,9% de la consommation d’électricité), nécessite des investissements trop lourds pour permettre un déploiement rapide. En outre, le développement de l’énergie solaire (1,5% du total de la consommation) a pris beaucoup de retard. Et si les 4.500 éoliennes implantées en France (4,5% de la consommation) permettent d’alimenter plus de 6 millions de Français en électricité, ce secteur est encore contraint par de nombreux verrous qui l’empêchent encore de vraiment décoller…
Capital.fr : Parlons justement de l’éolien. La loi sur la transition énergétique, votée cet été, vous a plutôt été favorable : vous allez pouvoir installer des turbines à 500 mètres minimum des habitations… Que demander de mieux ? 
Frédéric Lanoë : Il y a certes des avancées, c’est indéniable. Avec 1.200 mégawatts raccordés, 2015 sera d’ailleurs une très belle année pour l’éolien en France. Malgré tout, il est nécessaire de gagner encore en souplesse. Depuis le Grenelle 2, les éoliennes sont des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) : elles sont ultra-réglementées, ultra-contrôlées, pourquoi donc continuer à contraindre les professionnels à déposer en plus des permis de construire, source de paperasses inutiles ? De la même manière, il est totalement absurde de maintenir trois instances juridiques pour les recours ce qui ralentit parfois de 8 ans bon nombre de projets !… Enfin, j’appelle à une table ronde avec la ministre Ségolène Royal afin d’étudier les possibilités de libérer de nouveaux espaces qui sont aujourd’hui réservés à des entrainements militaires ou à la pose de radars Météo France, ce qui limite de facto toute possibilité de déploiement de l’éolien en France. C’est notamment le cas dans l’Est, en région PACA ou en Bretagne…
Capital.fr : En même temps, de nombreuses associations locales s’insurgent contre le déploiement massif de parcs éoliens autour de leurs villages. Preuve que le marché n’est pas si verrouillé que cela…
Frédéric Lanoë : Deux constats pour commencer : l’Allemagne compte 4 fois plus d’éoliennes que la France, sur un plus petit territoire, et ceci ne pose aucun problème outre-Rhin. Ajoutons que la moitié de nos installations sont déployées dans de vastes zones agricoles en Picardie et en Champagne-Ardenne, régions où nous sommes toujours les bienvenus. Après qu’il puisse exister, ici et là, des projets d’implantations qui irritent certaines franges de la population locale, c’est effectivement possible. Je rappelle enfin que, la préfecture de département a le dernier mot : c’est à elle de valider si les projets sont finalement conformes ou non aux schémas régionaux d’implantations qui ont été décidés en amont.
Capital.fr : Où en est-on de l’éolien offshore ? 
Frédéric Lanoë : Six parcs éoliens offshore sont actuellement en projet – sur les côtes de la Manche et de l’Atlantique nord - pour une puissance de 3.300 mégawatts. On ne sera donc là encore pas dans les clous des objectifs fixés par l’Europe, qui rappelons-le sont d’atteindre une production de 6.000 mégawatts d’ici 2020. Le gouvernement doit donc d’urgence lancer un nouvel appel d’offre pour permettre multiplier les implantations. Certes, le coût de l’éolien offshore reste encore plus élevé (environ 200 euros le mégawattheure, contre 85 euros pour l’éolien terrestre), mais cette source d’énergie reste indispensable si on veut réaliser la transition vers l’énergie verte et bâtir une industrie d’avenir.
Propos recueillis par Guillaume Chazouillères© Capital.fr
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