Mémoires de Jeunesse // De James Kent. Avec Alicia Viander, Kit Harrington et Taron Egerton.
Les histoires de guerre, c’est quelque chose que l’on a déjà vu plusieurs fois au cinéma et pourtant, l’adaptation de l’autobiographie de Vera Brittain par Juliette Towhidi (Death Comes to Pemberley, Calendar Girls) s’avère être assez sympathique dans son ensemble. La lumière que porte James Kent (Inside Men, Marchlands) sur cette histoire est très proche de l’une de ses précédentes oeuvres et je pare bien évidemment de la série Marchlands. On retrouve le charme de cette série d’époque(s). Je ne connaissais pas du tout Vera Brittain pour autant, que j’ai appris à connaître au travers de cette histoire. Bestseller outre Manche, Testament of Youth, de son titre en VO, est un film étonnant qui ravira les spectateurs en quête d’une belle histoire aux allures de romance et de roman d’amitié. Tout est fait avec l’élégance requise par le script et l’époque. Si l’on ne se concentre que sur quatre ans de la vie de Vera, c’est avant tout pour parler de sa jeunesse, manquant cruellement d’amour, d’amitié, et qui a été brisée par le conflit et le rapport avec la mort. D’ailleurs, le film entretient une sorte d’espoir et de terreur en même temps de façon particulièrement étonnante.
Printemps 1914. Jeune femme féministe à l’esprit frondeur, Vera Brittain est résolue à passer les examens d’admission à Oxford, malgré l’hostilité de ses parents particulièrement conservateurs. Décidée à devenir écrivain, elle est encouragée et soutenue par son frère et sa bande d’amis – et notamment par le brillant Roland Leighton dont elle s’éprend. Mais les rêves de Vera se brisent au moment où l’Angleterre entre en guerre et où tous les jeunes hommes s’engagent dans l’armée. Elle renonce alors à écrire pour devenir infirmière. Tandis que la jeune femme se rapproche de plus en plus du front, elle assiste avec désespoir à l’effondrement de son monde.
Je ne m’attendais pas du tout à ce que cela soit fait de cette façon mais je suis surtout forcé de constater que Juliette Towhidi maîtrise assez bien son sujet. On retrouve aussi pas mal des qualités des films et séries d’époque britannique. Il y a un charme particulièrement confortable dans ces fictions que je retrouve ici avec grand plaisir. Avec toutes ces histoires à raconter, Mémoires de Jeunesse ne s’égare jamais. Dans un premier temps au travers de l’émancipation de cette femme, Vera. Le féminisme à cette époque est quelque chose qui n’est pas toujours facile à traiter. D’autres fictions se sont heurter à un problème (notamment Bomb Girls par exemple, une série canadienne sur les femmes qui travaillaient dans les usines durant la Seconde Guerre Mondiale). Puis c’est aussi le portait d’une histoire d’amour aussi passionnante que terrible. Car cette relation est bourrée d’émotions, toutes utilisées de façon judicieuse. Mémoires de Jeunesse ne cherche jamais à tromper son spectateur et toutes les fioritures, visuelles ou musicales, sont là pour accentuer les meilleurs aspects de ce film. Grâce à une photographie magnifique et un casting parfait (notamment Alicia Vikander - encore actuellement dans Agents très Spéciaux - Code U.N.C.L.E. - ou encore Kit Harington, que tout le monde connait beaucoup plus pour son rôle de Jon Snow dans Game of Thrones).
James Kent n’est pas un metteur en scène particulièrement connu et il ne cherche d’ailleurs pas à faire de vague avec Mémoires de Jeunesse. Au contraire, le film sait rester à sa place et surtout humble. Dans sa manière de contempler les histoires de chacun, on ne peut qu’être émerveillés. Je sais que je suis un grand sensible et que je suis plus facile à séduire que d’autres avec ce genre de films mais franchement, je m’attendais à quelque chose de particulièrement pompeux voire même de sirupeux dans le plus mauvais sens du terme. Mais c’est le contraire qui se passe avec ce film étant donné que le résultat est au rendez-vous. La guerre (et ici la première, ce qui est presque rare alors que la seconde est sur-exploitée au cinéma) est donc un terrain de jeu toujours aussi intéressant pour raconter des histoires en tout genre (notamment des romances). Bien entendu, tous les films de guerre ne sont pas forcément bons (je pense à Suites Françaises, l’une des plus grosses déceptions de cette année et qui prenait pourtant pour sujet la trame de la guerre pour raconter une histoire d’amour complexe et sirupeuse au possible). Parfois on pourrait avoir envie de souligner que Mémoires de Jeunesse traite aussi d’un devoir de mémoire de la Première Guerre Mondiale alors que la Seconde prend une place protubérante un peu de partout (notamment dans les manuels scolaires). Certes il y a le nazisme et cie, mais je trouve que c’est presque trop simple alors que la Première Guerre porte sur des éléments légèrement différents.
Note : 7/10. En bref, une belle histoire de guerre.
Date de sortie : 23 septembre 2015