Le premier "L'Afrique pour les nuls" est sorti jeudi avec pour ambition de synthétiser toute la diversité d’un continent plus que jamais dans l’actualité. Et de mettre à mal les idées reçues qui nourrissent les discours populistes.
Le livre tombe à pic à l’heure de la crise migratoire et des discours qui appellent l'Europe à se fermer notamment à l’égard de tout ce qui vient de l’autre côté de la Méditerranée. Les éditions First enrichissent leur fameux catalogue "pour les nuls" avec un premier ouvrage consacré à l'Afrique, paru le 21 octobre.L’histoire, l’économie et la culture ou encore les aspects politiques de 54 pays synthétisés en 350 pages : un sacré défi. "Le manuscrit original était plus épais", reconnaît dans un sourire Rahmane Idrissa, politologue nigérien à l’Université de Niamey et coauteur du livre. "Mais lorsqu’on refuse d'entrer dans les détails, et que l’on se concentre sur les grandes orientations, on constate que les choses sont assez simples : l'Afrique est un pays émergent qui possède tous les facteurs possibles du succès de l’émergence", ajoute Jean-Joseph Boillot, l’autre coauteur, économiste spécialiste des pays émergents.La fausse image du "continent noir"Ce "L’Afrique pour les nuls" cherche ainsi à souligner le dynamisme de ce continent largement méconnu du grand public et au sujet duquel circulent encore un grand nombre de préjugés. Tordre le cou aux clichés est, d'ailleurs, l'un des objectifs des deux auteurs. "Le premier des lieux communs est de parler de 'continent noir', comme si il n'y avait que des noirs, alors que c'est un territoire très vaste avec une population très variée", précise Jean-Joseph Boillot.Rahmane Idrissa dénonce, quant à lui, "le discours misérabiliste qui fait l'impasse sur tout ce qui se passe en terme de transformation du continent". "L’Afrique pour les nuls" propose à cet égard une autre lecture de la situation et, c'est pourquoi il était "important de le faire maintenant, car l’Afrique vit un processus historique de changements qui vont avoir de plus en plus en plus d'impact sur le reste du monde", assure le politologue nigérien.Afrique, terre d’accueilUn impact qui ne rime pas avec émigration accrue. "On oublie trop souvent que l’Afrique est depuis longtemps une terre d’immigration et il suffit de regarder les populations chinoises, et plus généralement asiatiques, qui viennent s’installer pour s’en rendre compte", souligne les deux auteurs.Même l’émigration africaine serait mal comprise en Europe, d’après Jean-Joseph Boillot. Le Vieux Continent "a une politique migratoire qui fait croire que les Africains viennent s’installer et restent sur place. Or, pas du tout, il y a des Africains, souvent devenus Français ou Britanniques, qui voyagent tout le temps vers l’Afrique pour y développer leurs affaires, ce qui permet finalement d’enrichir les deux continents", assure cet économiste qui regrette l’approche "frileuse" des dirigeants européens sur cette question.Pour lui, il est essentiel de comprendre toute ces nuances car "l’Afrique va compter quatre milliards d’habitants d’ici la fin du siècle et si on ne se donne pas les moyens tout de suite de comprendre la diversité de ce continent, on va vite être perdu".