Sérieux. Je vois arriver un tas de fleurs mobile du bout de la rue... des fleurs. Je ne vois que les fleurs, de face. Je ne distingue pas le pilote de l'engin. Je crois savoir bien entendu. J'ai un gros doute. Il ne peut pas en être autrement. Je vois passer ma mère qui pile net en me voyant sortir mon téléphone-photo pour la pécho, l'immortaliser. Elle me dit : "Presque en novembre, et des fleurs plus belles qu'en été !!!"
Je lui dis que je vais lui installer un périscope pour qu'elle puisse se guider. Qu'elle exagère un peu. Que si les flics la chopent, elle va passer la nuit au violon, qu'on lui saisira sa bécane et ses fleurs. Elle me dit qu'elle voit la rue très bien entre une pivoine et une marguerite. Suffit qu'elle les écarte tout en roulant, tout en tenant son guidon d'une seule main. Interloqué je lui dis que j'ai déjà vu ça au cirque de Moscou, que c'était un ours qui était alors sur la bicyclette, que Bozo le clown faisait ça aussi, je lui demande si c'est comme ça qu'elle conduit son vélo avec lequel elle a fait Amou/Bordeaux et retour en 1948 et à présent, au quotidien, la maison/le jardin et retour. Elle acquiesce. Je suis vaincu.
C'est "mom", c'est elle, ses fleurs "sacrées", son jardin, son vélo, ses quatre-vingt-onze ans...