Jusqu’à l’an dernier, le terrain de la série d’horreur n’était presque occupé que par Ryan Murphy et son American Horror Story. Alors que cette année sa série entre en saison 5, le succès de la série a fait des émules et même Ryan Murphy s’est laissé piégé à nouveau. En effet, en cette rentrée il vient de lancer Scream Queens sur FOX, une sorte de parodie d’horreur, à mi chemin entre Scream et les Scary Movie. Une parodie dans l’excès, souvent incomprise et fun, mais qui se révèle au fil des épisodes alors qu’au départ, ce n’était qu’un mousseux sans grande saveur. Si American Horror Story a été un succès assez instantané, aucune autre série d’horreur n’a vraiment eu de succès (à moins que l’on ne mette Bates Motel dans le même lot et encore, la série réalise des audiences désormais presque décevantes).
Le retour du slasher
Chaque année, un projet s’inspirant d’un univers horrifique voit le jour et c’est d’autant plus visible cette année alors que le slasher semble revenir au goût du jour. En gestation depuis 2012, la série adaptée de la franchise à succès Scream a enfin vu le jour cette année. Wes Craven (décédé cette année) n’aura jamais vraiment participé au projet (alors qu’il était en discussion pour réaliser le pilote). Avec un casting d’inconnus, peut-être même parfois un peu amateur, la série a eu l’intelligence de reprendre certains éléments de la franchise cinématographique et de les transposer à notre époque. En effet, on peut notamment le voir lors de la scène d’ouverture, directement inspirée de la scène d’ouverture du premier film, qui se moque ouvertement des nouvelles technologies et de l’impossibilité de pouvoir déverrouiller son téléphone avec les doigts mouillés ou encore l’utilisation de Siri qui ne sera pas de bons conseils, ripant sur le nom du numéro à appeler.
Le slasher est un genre horrifique de prédilection pour moi qui ait ingurgité au fil des années toutes les franchises du genre (de Halloween à Vendredi 13 en passant par Freddy et ses comparses). Si j’aime beaucoup ce genre, en télévision Scream n’a pas été toujours à la hauteur. Si l’idée est bonne, certains éléments n’ont pas eu le charme des films. A commencer par le masque que la série n’a pas pu utiliser car elle n’en avait pas les droits (les droits du masques n’appartenant pas au même studio de production, ce qui est un comble). Quoi qu’il en soit, cette série a su faire revivre certaines scènes de la franchise en s’inspirant notamment du premier volet et de ses twists (même si à la fin le twist est légèrement différent). Le slasher a fait des émules et Ryan Murphy a lui aussi eu l’idée de s’en créer un avec Scream Queens. La série n’est pas un succès et il est parfois difficile de définir ce qu’elle est véritablement, une parodie ou quelque chose d’un peu plus fun sur fond d’une histoire intéressante. Dotée d’un casting réussi, Emma Roberts en tête, dommage qu’elle ne donne pas de place suffisamment importante à Jamie Lee Curtis (qui est plus là pour la référence à Halloween qu’autre chose… dommage). Si le genre que CBS avait tenté de remettre au goût du jour en 2009 avec Harper’s Island a mis du temps à se faire un chemin en télévision, il est encore difficile de savoir si le téléspectateur en redemande. Quoi qu’il en soit, le slasher est encore là alors qu’une version série de Vendredi 13 est en cours de discussion.
L’horreur psychologique
A la télévision, l’horreur peut prendre plusieurs formes et notamment celle de la psychologie. Cela passe donc par des personnages dérangés comme par exemple Bates Motel ou même la dernière version en date de American Horror Story : Hotel. Si cette dernière mélange énormément de genres (le gore, l’épouvante, le thriller psychologique, etc.), elle n’en reste pas moins très intéressée par l’idée de plonger dans la psychologie de ses personnages et de ce que chacun de leurs actes peut créer comme émotion ou bien comme moment de furie. Ce n’est pas facile de mettre en place une vraie ambiance et pourtant, Carlton Cuse a su le faire avec Bates Motel, réussissant à casser l’image de petit enfant sage de Freddie Highmore. L’horreur est aussi psychologique (en plus d’être gore) avec Hannibal. La série prequel au Silence des Agneaux, s’attardant sur l’histoire de Dragon Rouge, est brillante comme tout. Elle a su se créer une ambiance, un vrai univers original tout en s’inspirant de l’oeuvre originale. Annulée après 3 saisons, la série a fait sensation chez les critiques plus que chez les téléspectateurs qui ne se sont malheureusement jamais précipité en nombres pour aller lui donner sa chance.
L’anthologie
Ce qu’il y a de plus facile c’est de nous faire peur en nous racontant une nouvelle histoire à chaque épisode. Si American Horror Story le fait aussi mais au bout de 13 épisodes, d’autres séries ont vu le jour au fil des années et se sont proposées d’explorer des tas de genres différents au travers des épisodes qui composait leurs saisons. Je pense notamment à La Quatrième Dimension (1959) de Rod Sterling. C’est certainement l’une des anthologies les plus connues au monde et aussi l’une des plus réussies. Elle avait été ensuite remise au goût du jour sur UPN en début du siècle au travers de « La 13e Dimension », animée par Forest Whitaker. Showtime a aussi eu l’idée de se créer une anthologie d’horreur mais cette fois-ci inspirée par les grands maîtres de l’horreur. Elle a donc décidé d’inviter pendant deux saisons des réalisateurs et scénaristes de films d’horreur afin de travailler sur des histoires en tout genre. La collection Masters of Horror n’a jamais eu de saison 3 (à mon grand damne) mais je suis certain qu’ils pourraient la faire revenir sans problème aujourd’hui. Dans le registre de l’anthologie, HBO a elle aussi eu son mot à dire avec « Les Contes de la Crypte », diffusés entre 1989 et 1996. Vous n’avez peut-être jamais vu aucun épisode, mais elle vaut le détour. Ce n’est pas pour rien qu’un remake est en pourparler.
Le monstre, les monstres…
Je ne suis pas certain que l’on puisse mettre dans les séries d’horreur The Walking Dead dans le sens où la série est plus dans le registre de la science fiction, s’attardant sur la survie et sur une dystopie. Mais le zombie est une créature de l’horreur, créée par George A. Romero il y a de ça près de 50 ans dans La Nuit des Morts Vivants. Cette créature est aujourd’hui l’héroïne de la série à succès de AMC (et accessoirement d’une parodie produite par Asylum sur Syfy : Z Nation). Mais les créatures terrifiantes (comme le vampire également) sont aussi le lot d’autres séries comme par exemple Penny Dreadful mélangeant les créatures connues dans le même univers (tout en ajoutant aussi une dose de spiritisme mystifiant un peu plus l’univers de celle-ci). Le monstre a donc plusieurs formes, même The Strain mettant en scène le vampire sous la houlette des histoires racontées par Guillermo del Toro démontre ici toute sa réussite.
Le gore comme inspiration
Avec l’arrivée de Ash vs. Evil Dead, comment ne pas imaginer que le gore est finalement très à la mode en télévision. Directement inspirée du film de Sam Raimi, produite par ce dernier et avec Bruce Campbell reprenant son rôle, Ash vs. Evil Dead (renouvelée pour une saison 2 avait même la diffusion de la série) est déjà une réussite qui a agité les critiques américains.
La série d’horreur sous toutes ses formes a encore de beaux jours devant elle même s’il va falloir un peu renouveler aussi le parc d’idées et peut-être éviter de se reposer sur des franchises connues pour développer de vraies histoires. Arrive l’année prochaine sur A&E la petite « Damien », série sequel de La Malédiction (qui a aussi connu un remake en 2006 sous le nom 666 La Malédiction). Je suis très curieux de découvrir cette série de possession sous couvert d’une aventure diabolique.