Publié le 05/11/2015 par Olivier Sarazin
Mardi soir, plus de 200 personnes ont écouté le cri d’alerte des docteurs Mazé et Périnaud. Au pays de la vigne reine, le sujet est éminemment sensible.

Dans la salle, beaucoup de gens acquis aux thèses présentées. Mais on a aussi reconnu de nombreux viticulteurs qui sont restés silencieux.© PHOTOS PHILIPPE MÉNARD/ « SUD OUEST »
Il est presque 23 heures, mardi soir au centre des congrès de la Salamandre, où plus de 200 personnes ont écouté le long, l'édifiant, le terrifiant exposé des docteurs Mazé et Périnaud sur les dangers des pesticides. La salle a entendu les médecins limougeauds détailler les liens scientifiquement établis entre l'exposition aux produits pudiquement appelés phytosanitaires et le cancer de la prostate, les myélomes (cancers de la moelle osseuse et du sang), la maladie de Parkinson, ou encore la leucémie chez les enfants dont les mères ont été exposées…
Il est tard, les gens sont sonnés ou en colère - c'est selon - et un homme demande la parole. Il n'a guère besoin de se présenter. Ici, tout le monde connaît Jacky Ferrand, ancien cadre du Bureau national interprofessionnel du Cognac (BNIC). En 2011, M. Ferrand a perdu son fils Frédéric, viticulteur de 35 ans terrassé par un cancer de la vessie.
Victimes d'un système
« Bon sang ! J'aurais aimé qu'un viticulteur parle ce soir, dit-il au micro. Quand va-t-on avoir le courage, ici, dans la vigne, de se lever et dire ça suffit ! Quand va-t-on foutre dehors les lobbies ! Les coopératives - autrefois proches de leurs adhérents - sont devenus de grands trusts. Elles ne font plus de conseil, plus d'agronomie. Elles vendent des produits. Oui, qui va oser se lever et dire ça suffit ! » Tonnerre d'applaudissements dans la salle. Mais l'écho de cette soirée d'information réussira-t-il à briser la loi du silence, rompre ce que M. Ferrand nomme « une véritable omertà » ?