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Critiques Séries : American Horror Story : Hotel. Saison 5. Episode 5.

Publié le 05 novembre 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

American Horror Story : Hotel // Saison 5. Episode 5. Room Service.


Quand je lisais plus tôt dans la saison un article sur le fait que Ryan Murphy semblait plus intéressé par raconter des histoires de père qui a peur pour son enfant, cela se voit plus que jamais dans le cols-open de cet épisode. En explorant les vampires sous l’angle des enfants, American Horror Story explore deux thématiques riches pour le monde de l’horreur. Tout d’abord les enfants. Ce sont toujours les meilleurs clients pour nous faire peur. Je regarde encore en tête des films comme Ils ou encore Esther comme des exemples, mais je n’oublie pas la référence ultime que American Horror Story utilise cette année : Shining. Les enfants ça peut faire peur et c’est ce que Ryan Murphy tente de traiter cette année. Car je pense qu’il a peur de ce que son enfant pourrait devenir dans la vraie vie et cette peur, il l’extrapole de façon intelligente au travers d’un épisode qui montre la cruauté de ces enfants. Il met en avant la rébellion contre le modèle adulte, le besoin d’avoir une identité en écrasant celle qui nous apparaît comme trop conventionnelle, etc. En parlant de ses pères de père, American Horror Story délivre l’un des meilleurs épisodes de la saison, voire même de la série. Car la pensée est ici ultra réfléchie, soignée et à chaque strate de l’épisode, on a l’impression de découvrir l’histoire autrement.

Bien entendu, les enfants ne sont pas forcément les seuls éléments importants dans cet épisode, mais cette scène dans l’école est aussi l’une des premières scènes qui sort la série de son cadre habituel (le Cortez) cette année. C’est aussi une sorte d’allégorie des grandes tueries qu’il y a eu dans des lycées et fac américains ces dernières années. Je pense qu’il y a là aussi une peur traduite dans cette scène où les enfants deviennent tous complices de quelque chose de terrible. Ce qui est forcément facile (mais passionnent) c’est aussi le fait que les enfants, on ne s’en méfie pas. La police et les secours boivent les paroles des enfants car les enfants sont en apparence toujours des créatures innocentes. L’identification de Ryan Murphy est passée de s’identifier à l’enfant, à l’adolescent, maintenant au point de vue de parent. La vie d’un scénariste joue beaucoup sur ses créations et je pense que c’est ce qui est traduit à merveille cette année dans American Horror Story : Hotel, et accessoirement dans Scream Queens aussi mais sous un point de vue légèrement différent étant donné qu’il reste agrippé à l’adolescence malgré tout. Tout en montrant aussi ses faiblesses et notamment la peur de ce qu’un ado peut devenir (Chanel en est presque la figure de proue).

Pour en revenir à cet épisode d’American Horror Story, j’ai aussi beaucoup aimé ce qui est fait d’Iris. Kathy Bates est probablement l’actrice la plus intéressante du casting de American Horror Story depuis 3 saisons et c’est la première fois qu’elle est aussi bien utilisée. Son personnage a ses craintes, ses peurs, comme si Ryan Murphy nous faisait voyager au travers d’elle avec sa vision à lui des choses. J’aime bien Iris car elle sort du lot, elle n’entre pas dans les conventions du Cortez, elle n’est pas comme les autres mais elle se laisse influencée par son désir de survie. C’est complexe mais lamentant l’ironie d’être enfermée pour l’éternité dans ce corps, dans cette vie, est forcément sujet à de belles réflexions. Elle est devenue immortelle au pire moment de sa vie en somme. Elle a peur de rester à jamais invisible, cette personne que l’on utilise quand on a besoin et humiliée profondément. Elle est même intimidée par cet homme qui va lui réclamer monts et merveilles. Pourtant, c’est une créature de la nuit, une femme immortelle qui ne devrait avoir peur de rien. Justement, c’est là que l’on se rend compte que iris c’est Ryan Murphy et toutes ses peurs. Le constat qu’il fait au travers de ce personnage est d’autant plus intéressant qu’il met en avant le fait que la société évolue trop rapidement pour lui et qu’il ne peut donc plus être toujours à la page.

American Horror Story : Hotel est la saison la plus adulte que le créateur ait pu délivrer et probablement aussi la plus intéressante (oui, je pose cela là mais meilleure que Murder House et que… Asylum). Cela n’a rien à voir avec ma fascination pour Lady Gaga qui n’a qu’un rôle anecdotique finalement dans cet épisode, mais avant tout pour ma fascination pour l’univers de cette saison, influencé de façon brillante par les années 70/80 et des oeuvres de Stephen King, de David Lynch, et j’en passe et des meilleures. Au travers des enfants et Iris, American Horror Story délivre donc ici une réflexion profonde sur la société actuelle, entre la vision de quelqu’un qui se sent dépassée, qui n’aime pas son corps mais à un âge différent de cette vision adolescente qu’il avait auparavant. Cette saison est mature, comme si d’un coup d’un seul le créateur avait pris conscience de ce dont il est capable. Je sais que beaucoup de gens ne vont pas partager mon point de vue mais j’aime beaucoup. C’est aussi un flashback qui remonte à 1984 est un autre élément réussi de cet épisode, permettant encore une fois de rappeler tout l’intérêt que cette série a pour les références (musicales notamment) au passé. Car le charme de Hotel passé aussi par son côté très 70/80. Denis O’Hare est d’ailleurs parfait pour ce qui est du charme un peu suranné de la saison. Il pourrait faire un numéro de cabaret au milieu d’un épisode que je serais ravi.

De son côté, Josh Lowe est toujours à la poursuite des mystères du Cortez. Après son histoire d’Halloween de laquelle il a du mal à se remettre, la série continue de raconter son histoire avec beaucoup de fluidité. J’aime bien l’apparition de son chef, incarné par Robert Knepper (Prison Break) qui s’associe lui aussi très bien à l’univers de American Horror Story. Si la référence familiale se retrouve là aussi au travers du fils Lowe, on retrouve un peu d’autres références de ce genre là avec les posters de filme de Ramona : Bride of Blackenstein ou Slaughter Sister, que des films qui parlent d’une idée de famille, sous entendue comme toujours.

Note : 10/10. En bref, une allégorie magnifique sur la peur des parents face aux enfants et aux monstres qu’ils peuvent devenir. Mais aussi sur vieillir et ne jamais pouvoir être jeune à nouveau.


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