L'État Islamique accusé d'avoir utilisé du gaz moutarde. Le régime de Bachar el-Assad a perdu la dernière des positions
conquises au cours du mois dernier dans le centre du pays avec l'aide de
l'aviation russe, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme
(OSDH).
Des groupes islamistes, dont Ahrar al-Cham, se sont emparés vendredi
d'Atchane et de localités proches, récupérant ainsi toutes les localités
prises par le régime syrien il y a un mois dans la province de Hama.
L'armée syrienne, appuyée par des milices pro-régime et par des
bombardements russes, avait pris le contrôle d'Atchane le 10 octobre.
Seize
membres de l'armée syrienne et de groupes pro-régime et au moins sept
rebelles ont été tués dans les combats à Atchane, a indiqué à l'AFP Rami
Abdel Rahmane. "Tous les gains réalisés par les forces du régime avec
l'appui des bombardements russes (dans la région) ont été perdus. C'est
un échec" pour le régime de Bachar el-Assad, a-t-il affirmé. Jeudi,
l'armée avait perdu au profit des jihadistes de Jund al-Aqsa Morek, la seule localité qui était aux mains de l'armée depuis 2014 sur l'autoroute-clé entre Alep et Hama.
La
Russie, fidèle alliée du régime syrien, dit mener une campagne de
frappes aériennes contre les groupes "terroristes", dont le groupe Etat
islamique (EI). En tout cas, les missiles antichars de fabrication
américaine TOW semblent plus efficaces sur le terrain que les
bombardements aériens. Selon le "Bureau des forces révolutionnaires en
Syrie", les rebelles ont détruit 123 chars de l'armée syrienne en
octobre, et chaque jour, les insurgés postent sur Twitter des vidéos
d'attaques avec ces missiles.
L'EI accusé d'avoir utilisé du gaz moutarde
Sur
un autre plan, l'EI était pointé du doigt vendredi par des militants
syriens après la confirmation par l'Organisation pour l'interdiction des
armes chimiques (OIAC) du recours pour la première fois de gaz moutarde
durant des combats en Syrie en août.
Les experts en armes chimiques de l'OIAC ont conclu, sans désigner de
responsables conformément au statut de leur organisation, que du gaz
moutarde avait été utilisé le 21 août à Marea, une localité syrienne
frontalière de la Turquie et tenue par les rebelles. Mais le directeur
de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, a affirmé vendredi à l'AFP que "l'État
islamique a utilisé des gaz toxiques durant son attaque en août contre
Marea".
L'EI tentait depuis des mois de prendre Marea, considéré comme le
plus important réservoir de rebelles et d'armes dans la province d'Alep
(nord).
Présent à Marea le jour de l'attaque, Mamoun al-Khatib, un
journaliste de Shahba Presse, une agence pro-rebelle, a indiqué à l'AFP
par Internet: "Nous savions que c'était l'EI car tous les obus étaient
tirés de l'est de Marea et cette région était complètement aux mains de
l'EI". Et pour un autre militant, Nazir al-Khatib, "ce rapport arrive
trop tard et n'est pas suffisant, car il ne désigne par l'EI comme le
responsable des tirs de gaz moutarde".
Médecins Sans Frontières
(MSF), qui à l'époque avait indiqué avoir soigné quatre civils d'une
même famille exposés à des agents chimiques, a refusé de se prononcer
sur les auteurs. "MSF ne fait pas de commentaire tant qu'elle ne possède
pas de preuve absolue sur l'identité des auteurs et nous ne les avons
pas pour le moment", a affirmé vendredi à l'AFP un porte-parole, Yazan
al-Saadi.
Reste l'origine de ce gaz moutarde. Pour Rami Abdel
Rahmane, "il ne venait pas de Syrie mais probablement de Turquie ou
d'Irak". En revanche, selon lui, l'EI s'était procuré du chlore dans des
usines de la région d'Alep en 2014. Pour Nazir al-Khatib, soit l'EI
compte dans ses rangs "des experts (formés sous) le régime de Saddam
Hussein en Irak et qui l'ont aidé à obtenir ces produits" chimiques,
soit le groupe extrémiste "les a obtenus dans les dépôts du régime à
Palmyre", une ville du centre du pays entre les mains du groupe.
Damas
est censé avoir détruit tout son arsenal chimique aux termes d'un
accord américano-russe de septembre 2013 qui lui a permis d'éviter des
bombardements occidentaux.
Déclenché en 2011 après la répression sanglante de manifestations
réclamant des réformes, le conflit en Syrie est devenu complexe au fil
des années, avec une multiplication des acteurs, locaux et étrangers,
sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a causé la mort de plus de
250.000 personnes et poussé à la fuite des millions de Syriens.
Source : Lorientlejour