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Pays Rochefortais : « Brûler, c’est balancer les poubelles dans le ciel »

Publié le 10 novembre 2015 par Blanchemanche
#Hyperincinérateur

Publié le 10/11/2015  par KHARINNE CHAROV

Les médecins locaux dénoncent toujours les dégâts sur la santé.

Pays Rochefortais : « Brûler, c’est balancer les poubelles dans le ciel »Parce que les travaux de l’incinérateur avancent, les médecins vont mener très bientôt des actions percutantes.© PHOTO K. C.
Ce ne sont pas les plus fortiches en com', mais depuis que les médecins du Pays rochefortais ont créé l'association Veille santé environnement 17, en 2014, ils n'en démordent pas : « En général, les cancers augmentent, les allergies et les malformations aussi, alors pourquoi aller en rajouter en construisant un nouvel incinérateur ? C'est un non-sens sanitaire. »
Ils ont beau alerter l'opinion avec une pétition signée par 102 médecins du coin, des conférences et une page Facebook (1), les décideurs locaux ne les entendent pas : ni les élus, ni le Syndicat intercommunautaire du littoral (SIL), qui mène le projet du futur incinérateur.

Le Sil applique les normes

L'argument des artisans du projet, c'est le suivi de la procédure légale. En effet, tout est réalisé avec la bénédiction du ministère de l'Environnement, de l'Institut national de veille sanitaire et du Conseil départemental de l'environnement, avant l'autorisation par la préfète. En outre, le Sil avance que « les performances environnementales du centre seront meilleures que ce qu'exige la réglementation ».Mais les médecins ne sont pas convaincus, ou alors de l'inverse... « Il y a une inadéquation entre ce que l'on sait et ce qui est fait. Au plan éthique et professionnel, on ne peut pas se taire », dit Jean-François Harlet qui, comme ses confrères médecins, est sans cesse interrogé par ses patients sur les risques que représente l'incinérateur.Pour répondre, Veille santé environnement 17 est sans langue de bois. Paul Delègue, un des autres artisans de l'association, explique : « À la fin des années 90, selon de nouvelles normes, l'Europe du nord adoptait de nouveaux filtres sur les incinérateurs, qui ont été imposés en France en 2005. Ces normes ont donc vingt ans. »

Incinération et malformation

Et en vingt ans, la science connaît mieux les substances qui sortent des cheminées. « Les filtres de 2005, toujours valables, contrôlent 17 dioxines - alors qu'il en existe 200 -, et 8 métaux lourds. Ils ne surveillent pas les néo-polluants tels les nanoparticules et les perturbateurs endocriniens. En gros, 2 000 substances sortent des cheminées, pour une vingtaine contrôlée... Les filtres sont obsolètes. Cette pollution aux dioxines et aux néo-polluants pourrait être le scandale de l'amiante de demain. »Jean-François Harlet d'ajouter : « Avec la toxicologie moderne on sait qu'une petite dose peut être plus dangereuse qu'une grosse, d'autant qu'elle est associée à d'autres polluants. C'est l'effet cocktail. Et c'est valable pour les dioxines. » Si le Sil convient que les cancers étaient plus importants avec les anciens filtres, il a raison de dire qu'aujourd'hui, aucune étude ne prouve que c'est la même chose avec les filtres génération 2005.« Pour le démontrer, il faut trente ans, le temps qu'on met pour déclencher un cancer, c'est vrai. En revanche, pas besoin d'attendre pour savoir que la proximité d'un incinérateur doté de filtres de 2005 voit le nombre de fentes faciales (becs de lièvre) et de malformations urinaires (hypospades) augmenter, selon une étude menée par le professeur Sultan à Montpellier en juin 2015 », poursuit le Dr Delègue.

Au comité de surveillance

Parce que « brûler ne purifie pas les principes actifs nocifs, brûler c'est balancer les poubelles dans le ciel », les médecins prônent l'alternative zéro déchets pour diminuer l'incinération et ses risques. Pour se faire entendre, ils vont entrer au comité de surveillance de l'incinérateur : « On demandera que le registre des cancers en Poitou-Charentes fasse une recherche sur notre territoire et que les néo-polluants soient dosés autour de l'incinérateur. »Enfin mardi prochain à La Rochelle, lors de la première Journée de la recherche en santé environnementale en Poitou-Charentes, ils interviendront pour parler de leur action. Leur témoignage ira enrichir les recherches de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) rochelais, qui travaille sur l'effet cocktail. Ils prennent le temps, mais ils avancent.(1) Facebook Veille Santé Environnement 17.http://www.sudouest.fr/2015/11/10/bruler-c-est-balancer-les-poubelles-dans-le-ciel-2180724-1391.php

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