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Sages-femmes ou criminelles ?

Publié le 12 novembre 2015 par Novelist225
Sages-femmes ou criminelles ?

Un homicide survenu dans une formation sanitaire publique interroge sur l'éthique des sages-femmes diplômées d'État...

Une parturiente est passée de vie à trépas dans des conditions que l'on présume atroce, dans la nuit du dimanche au lundi dernier au sein d'une formation sanitaire publique à Marcory dans le District d'Abidjan...

Le témoignage du mari est édifiant. À son arrivée en salle d'accouchement, le spectacle de son épouse gisant au sol, le front tuméfié de même que l'œil gauche...

Les riverains en colère ont aussitôt envahi les artères de la commune pour exprimer leur mécontentement. Ce qui n'est point un banal fait divers nous interroge en ce jour sur les excès de ces sages-femmes trop souvent décriées, à tort selon leur corporation.

De la responsabilité des sages-femmes de service ce jour-là

Comment une parturiente, multipare de surcroît, peut-elle se retrouver au sol, sinon après avoir glissé de la table d'opération ? Il n'aura pas suffit que d'un moment d'inattention, mais d'une véritable négligence, une négligence coupable, une banalisation de la vie humaine et de la souffrance d'autrui, pour que l'on en arrive là. À ce niveau selon les dires de nombreuses femmes ayant vécu l'expérience de l'accouchement, les sages-femmes constituent dans l'immense majorité un groupement de pestiférées que l'on pourrait éviter, si cela relevait du possible.

Les négligences sont malheureusement légions

À titre d'exemple, une sage-femme complètement dans la lune ne s'est pas gênée pour libérer nouvelle maman et nourrisson, sans s'être assurée que le bébé avait poussé son premier cri à la naissance. La conséquence a été une évacuation d'urgence dans un Centre Hospitalier Universitaire avec tout ce que cela comporte comme frais médicaux pour des personnes à faible revenu.

Qui partage la coresponsabilité de présent homicide ? Le chef de service de la formation sanitaire ou l'administration d'un point de vue général ?

Il apparaît difficile d'incriminer le chef de service à notre humble avis. Comment aurait-il pu éviter le drame ? Devait-il faire la police dans la salle d'accouchement, arracher à ces sages-femmes blouses et gants pour prendre lui-même en charge la parturiente ? A-t-il le pouvoir d'éveiller la fibre de solidarité ou de compassion d'un groupe de femmes vis-à-vis d'autres femmes dans l'épreuve ?

Quant à l'administration, elle partage entièrement la coresponsabilité du drame. Comment s'opèrent les recrutements de nos jours ? Les personnes méritantes et désintéressées sont laissées de côté au profit d'individus médiocres qui ne rêvent que de se faire de l'argent de poche toutes les fins de mois. Or la santé fait partie de ces intouchables de la république, les secteurs clés où la moindre négligence se paye cash pour le plus grand malheur des citoyens.

Un fâcheux bond de plusieurs années en arrière

Avec la survenue de tels drames, les campagnes et les spots publicitaires prônant zéro décès à l'accouchement grâce à une prise en charge médicalisée apparaissent risibles. Autant élever des putes au rang de moniales ! Comment convaincre raisonnablement les populations, surtout le petit peuple de se rendre dans des formations sanitaires en cas d'accouchement ? Dans un système de gestion traditionnel où les matrones sont sollicitées, il existe une relation de confiance entre la parturiente et la matrone, de sorte que les familles se sentent rassurées. Il y existe forcément de nombreux risques, toutefois la prise en charge affective pérennise la fonction des matrones, garantit leur capital crédit.

Bien-entendu, sages-femmes ou matrones, aucune ne peut donner la garantie absolue que tout ira pour le mieux, mais le respect d'une certaine éthique peut légitimer ou décrédibiliser. Aminata SOW FALL, écrivaine sénégalaise nous en donne un aperçu qui tombe fort à propos dans son ouvrage L'appel des arènes, quand une crise de confiance entre une sage-femme jugée à mille lieux des réalités et croyances des populations locales, entraîne la désertion pour de vrai de la maternité, en dépit des efforts de sensibilisation déployés...

En clair, les sages-femmes ne sont pas de nature divine pour donner la garantie absolue de zéro mortalité à l'accouchement, pourtant des mesures toutes simples allant des recrutements méritoires à la prise en charge psychologique (Ben oui, elles en ont également besoin), peuvent aider à éviter la survenue de drames dont celui que nous déplorons.

Nous présentons nos sincères condoléances à la famille éplorée, en formulant le vœu qu'au-delà des sanctions dûment appliquées aux fautives qui ont été suspendues de leurs fonctions, les autorités compétentes mènent une réflexion sérieuse, afin que les campagnes de sensibilisation collent aux réalités sur le terrain.

Félicité Annick FOUNGBÉ ZIMO épse DE SOUZA


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