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Le bâtiment durable, plus qu’une mode pour les architectes

Publié le 12 novembre 2015 par Blanchemanche
#développementdurable  #Transitionénergétique

Publié le 12/11/2015  par Amélia Blanchot

Le métier d’architecte a évolué avec l’avènement de la construction durable, catalysé par un effet de mode. Rencontre avec des professionnels locaux convaincus de la nécessité de cette démarche

Le bâtiment durable, plus qu’une mode pour les architectes
Yves Cointet, Brice Maurange, Valérie Thiélin et Philippe Cointet, du cabinet d’architectes Cointet, sont devant l’usine de tri de déchets ménagers de la commune de Salles-sur-Mer.© PIERRE MEUNIE
Valérie Thiélin n'est pas dupe : « Le bâtiment durable est à la mode. Certains clients souhaitent obtenir des labels pour une question d'image, de communication. Ou simplement pour avoir des factures moindres. Pour autant, c'est aussi une réalité du monde de la construction. La qualité environnementale s'impose aujourd'hui comme thème incontournable ».
La jeune femme est architecte chez Cointet associés, à La Rochelle. Le cabinet réalise 30 % de son chiffre d'affaires en imaginant des bâtiments industriels auxquels l'équipe apporte une touche « verte ».Ces professionnels ont réalisé, entre autres, la conception de l'usine de tri de Salles-sur-Mer, la station de pompage de Nieul-sur-Mer, auréolée d'une mention spéciale « intégration au site » du palmarès régional construction bois ou encore l'usine d'assemblage de nacelles éoliennes Alstom à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), premier bâtiment industriel de France à recevoir le label HQE (Haute qualité environnementale). Les exigences environnementales impliquent une façon de travailler légèrement différente. « Nous ne construisons plus tout à fait de la même manière. Certains matériaux ont changé », poursuit l'architecte. Sortie de l'école en 2011, Valérie Thiélin assure avoir été « bien formée » à ce sujet.Son aîné Philippe Cointet, le gérant du cabinet, a suivi, lui, deux formations continues pour se mettre au goût du jour : architecture et développement durable (onze mois, en 2010) ; concevoir et construire des bâtiments basse et très basse consommation énergétique (un mois, en 2011).
« Le développement durable c'est du transfert de coût. Ce qui est investi aujourd'hui ne sera pas dépensé demain »

Tout comme Stéphane Foulon, architecte à Saintes, à la tête du cabinet Gravière et Foulon architecture. L'homme a terminé ses études en 1981, mais a décidé de les reprendre pendant un an à Nantes, en 2008, en développement durable et processus haute qualité environnementale. « Mon premier diplôme traitait déjà du développement durable, j'ai toujours eu cette sensibilité. Mais je pense que c'est important de suivre une formation sérieuse », souligne-t-il.Parmi ses références « durables » : les premiers logements sociaux à énergie positive de Poitou-Charentes (réalisé avec Eden promotion, lire par ailleurs), le siège social BBC Charentes Alliances à Cognac, des récompenses en construction bois…« Les labellisations ont aussi un prix »Est-ce qu'efficacité énergétique rime forcément avec augmentation de prix ? « Ce type de bâtiment n'est pas nécessairement ruineux. Le développement durable c'est du transfert de coût. Ce qui est investi aujourd'hui ne sera pas dépensé demain. Mais il faut que le client soit préparé à cette démarche », prévient Stéphane Foulon.« Bien orienter un bâtiment ne coûte pas plus cher. En revanche, la construction peut être plus onéreuse et c'est parfois difficile de pousser un maître d'ouvrage au petit budget à utiliser des matériaux coûteux. Les labellisations ont aussi un prix, certains clients sont dans la démarche HQE sans aller jusqu'à la certification. Dans tous les cas, il faut réfléchir sur le long terme », complète Valérie Thiélin.Trois Questions à... Mélanie Faugoin, architecteLe bâtiment durable, plus qu’une mode pour les architectes
Mélanie Faugoin est architecte au sein du cabinet Alterlab à La Rochelle. Avec ses trois associés, ils revendiquent travailler « dans une démarche environnementale intrinsèque et systématique ».Quelle est la place du développement durable en architecture ?C’est quelque chose qui a toujours existé. Peut-être pas chez tous mes confrères ou consœurs, mais le développement durable est une histoire de bon sens. Pour moi, cela fait partie du devoir d’architecte. La politique de notre agence est d’essayer d’être le plus vertueux possible.Rien n’a changé ces quarante dernières années ?Si, il y a eu une prise de conscience générale. Nous avons de la demande de la part de nos clients et maître d’ouvrage à ce sujet, ce qui n’était pas le cas il y a dix ou quinze ans. Cette demande est d’ailleurs souvent focalisée sur l’énergie thermique, sans doute grâce à l’aspect économique qui joue en sa faveur. Il y a très peu de sollicitations concernant les matériaux bio-sourcés, par exemple.Votre agence a reçu plusieurs récompenses pour la construction bois (1). Est-ce le matériau durable par excellence ?Oui, complètement ! C’est un matériau capteur de CO2, qui se renouvelle à l’infini s’il est bien géré. Il faut tout de même ajouter quelques nuances. Le bois grise avec le temps, ce qui n’est pas du goût de tous. Ensuite, il est impératif que le bois provienne de forêts gérées durablement ; qu’il soit local ou au moins français ; privilégier les espèces qui peuvent être laissées brutes en bardage comme le cèdre rouge, le mélèze ou le pin Douglas. Pour aller plus loin, nous devons réfléchir à la façon dont va sécher le bois, la manière naturelle étant la plus écologique. D’autres matériaux sont durables, comme le chanvre ou le coton. Sauf que leurs usages ne sont pas aussi larges.(1) Lauréate en 2013 du palmarès construction bois Poitou-Charentes dans la catégorie réhabilitation énergétique ; vainqueur en 2015 de ce même palmarès dans la catégorie extensions/surélévations. http://www.sudouest.fr/2015/11/12/le-batiment-durable-plus-qu-une-mode-pour-les-architectes-2183305-4958.php

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