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L’austérité en Seine Saint-Denis, c’est facile comme des chèques à gogo(s)

Publié le 13 novembre 2015 par H16

Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un département qui subit de plein fouet les frimas de l’hiver économique qui frappe la France, et qui doit adapter sa politique à la terrible pénurie de fonds qui touche tous les conseils généraux du pays. C’est terrible : l’austérité s’est abattue sur les séquano-dionysien.

Et pour bien illustrer les difficultés que traverse la Seine Saint-Denis, le fameux « 9-3 » aux accents lyriques d’une beat-box suralimentée, je vous propose la croustillante histoire des Chèques Réussite qui s’y est déroulé ces derniers mois.

Bartolone, scotché à son téléphone
Mais pour situer cette histoire, un peu de contexte est nécessaire, surtout qu’on parle ici du département jadis sous la férule d’un considérable éléphant socialiste, le patelin Claude Bartolone. Celui-ci aura trouvé l’échappatoire pratique de l’Assemblée Nationale à la suite de son mandat local qui, on s’en souvient, a laissé le 93 dans un état catastrophique, englué dans des emprunts toxiques contractés en toute insouciance par un élu particulièrement détendu de la dette. La Seine Saint-Denis, c’est aussi un département qui héberge une vingtaine d’élus qui, devant l’accumulation de trous dans des trésoreries gérées n’importe comment, avaient décidé de se balader en slip devant leur mairie. Selon l’INSEE, c’est aussi le département avec le taux de pauvreté le plus élevé, ce qui s’explique en partie par un taux de chômage bien joufflu.

Bref, le 93 ne nage pas vraiment ni dans le bonheur économique, ni dans la saine gestion, et ne peut pas vraiment se targuer d’une trésorerie suffisamment florissante pour distribuer de larges prébendes à ses administrés. Ce qui ne l’empêche pourtant pas de le faire : quand la puissance publique s’est fixé comme objectif de dépenser l’argent des autres (fut-ce des autres générations, les futures), cette puissance dégotte toujours les moyens de le faire. Ou presque.

C’est ainsi qu’on apprend, sur le site officiel entièrement dédié à la gloire de l’administration locale séquano-dionysienne, que les autorités ont décidé, pour la rentrée de septembre 2015, de distribuer des Chèques Réussite destinés aux collégiens de sixième inscrits dans un établissement public du département.

L’idée est, comme d’habitude, aussi simple que généreuse avec l’argent qu’on n’a pas. Comme l’explique le site dédié (et réalisé pour une somme qu’on imagine sans mal fort modeste, austérité oblige), les familles du département ont jusqu’au 24 novembre pour choper des chèques (dépêchez-vous, la clôture de la course au bourrichon est bientôt finie) moyennant quelques démarches administratives tout ce qu’il y a de plus sympathiques : formulaire en ligne, justificatif de domicile correctement numérisé, certificat de scolarité, et moyennant un traitement prompt par une administration au taquet, on reçoit 10 bons d’achat de 20 euros utilisables dans les commerces de Seine-Saint-Denis pour des biens scolaires définis à l’avance, et ce jusqu’au 31 décembre 2015, ce qui ne laisse pas tant de temps que ça. Youpi, ne perdez pas de temps pour vite réclamer cet argent gratuit, d’autant qu’il s’ajoute le cas échéant à l’allocation de rentrée scolaire ! Miam !

Oh, là, pas si vite, petit séquano-dionysien effervescent ! La droite départementale, une belle bande de méchants du Camp du Mal, a levé en mai dernier quelques objections quant au procédé et aurait même fait preuve d’idéologie, chose que la gauche s’est toujours refusé à pratiquer. Apparemment, en excluant les élèves du privé (sous contrat), ce chèque — in fine payé par l’impôt de tous — introduirait comme une petite discrimination, chose à laquelle se refuse la gauche, tout comme l’idéologie, je vous le rappelle. Quant au chèque en lui-même, la même droite a expliqué qu’à cette honteuse discrimination près, elle voterait des deux mains cette magnifique initiative.

Rassurez-vous : la justice, saisie, est bonne pâte et comprend bien les intentions altruistes de la majorité en place. Elle tranchera donc rapidement en faveur de cette belle et utile dépense, et rappellera que puisqu’il s’agit d’une compétence non obligatoire, les règles de stricte égalité ne s’appliquent pas entre le public et le privé, et toc. L’Open Bar est validé, ouf, les sphincters se relâchent, on peut reprendre le cours normal de nos dépenses publiques, et le claironner haut et fort.

Et voilà donc comment un département en pleine déroute financière se lance dans une nouvelle opération gentiment clientéliste, avec la désinvolture toute particulière de ceux qui prennent des décisions, engagent d’importantes dépenses en sachant pertinemment que les dettes créées ainsi ne seront jamais portées à leur débit.

bartolone moquage de visage

Mais le plus beau n’est pas là.

Déjà, on peut regretter une nouvelle ponction d’argent public dans un département qui compte plus de dettes et de pauvres que d’opportunités d’asperger les uns et les autres de subsides rigolos. Mais que voulez-vous, c’est aussi ça, l’austérité qui cogne fort. Ensuite, on ne peut que noter les retards importants dans la mise en place de l’opération, retards indirectement liés aux joutes juridiques déclenchées par la droite trouvant l’ensemble de procédé votable mais entaché d’irrégularité, et retards directement imputables à la façon dont a été géré cette nouvelle usine à gaz.

Il apparaît en outre que ces sommes assez importantes (on parle de 18.000 familles bénéficiant de la mesure, soit 3.6 millions d’euros dépensés) sont mobilisées alors que le département est endetté jusqu’au cou, et que, pendant ce temps, bien que disposant d’un Service du Projet Éducatif et de la Jeunesse ainsi que d’un Service de la Restauration et de l’Éducation au Goût (si si), cette formidable collectivité a bien du mal à budgéter les 12 mois de ses obligations d’aide sociale. Comme d’habitude, on peut raisonnablement parier que ce seront les services en charge des missions obligatoires du département en lien avec les collèges (qui sont, eux, vraiment débordés) qui devront se coltiner une bonne partie de la mise en œuvre de cette nouvelle aventure bondissante dans le Royaume de la Finance Publique Amusante.

Comment ne pas sentir, dans cette opération hâtée par tous les moyens, l’odeur de la panique s’emparant des équipes en place et trouvant soudainement judicieux de distribuer des chèques alors que des élections (pronostiquées franchement rudes) approchent ? Ne l’oubliez pas : Bartolone est candidat aux prochaines élections pour la Région Île-de-France. Imaginer qu’il puisse avoir conservé des contact en Seine Saint-Denis, son ancien fief, n’est pas invraisemblable.

L’opération « Plein d’Argent Pour Les Parents de Sixièmes » prend alors tout son sens : comme l’austérité frappe le département de plein fouet (mais si, puisqu’on vous le dit), et comme une élection approche, il était urgent d’ouvrir à fond les robinets à Pognon des Autres.

Quand il n’y en a pas, il y en a encore : décidément, le socialisme, c’est magique.

socialisme magique

L’austérité en Seine Saint-Denis, c’est facile comme des chèques à gogo(s)

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