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The Last Kingdom (2015): en espérant qu’il y en ait d’autres

Publié le 13 novembre 2015 par Jfcd @enseriestv

The Last Kingdom est une nouvelle série de 8 épisodes diffusée depuis la mi-octobre sur les ondes de BBC America aux États-Unis et une semaine plus tard sur BBC Two en Angleterre. L’action se déroule à la fin du IXe siècle alors que le royaume de Northumbria en Angleterre est victime d’une invasion danoise. Leur chef Ragnar (Tobias Santelmann) tue le seigneur de la région, mais s’attache à son fils Uthred de Bebbanburg (Alexander Dreymon), un jeune garçon plein de fougue et qui n’a pas la langue dans sa poche. Il l’adopte en quelque sorte et lorsqu’il atteint l’âge adulte, les différentes guerres entre Danois et Anglais viennent bouleverser son destin, si bien que le protagoniste se retrouve toujours entre deux feux au milieu de tous ces combats, intrigues et allégeances. Adaptation des nouvelles historiques de Bernard Cornwell, The Saxton Stories, The Last Kingdom est en somme une jolie surprise qu’on n’attendait pas. D’une certaine acuité historique, on définit très bien les deux cultures qui s’affrontent et les intrigues sont assez fines et engageantes pour nous tenir en haleine jusqu’à la fin de la saison.

The Last Kingdom (2015): en espérant qu’il y en ait d’autres

Anglais contre Danois

Au départ, la victoire des Danois est totale puisqu’ils ont envahi tout l’est de l’Angleterre. Uthred, qui a été capturé par l’armée de Ragnar est dans un premier temps considéré comme monnaie d’échange puisqu’il est l’héritier des terres de son père. Mais c’est son oncle Alferic (Joseph Millson) qui le réclame… assurément pour l’éliminer et hériter. Ragnar le prend donc sous son aile et Uthred adopte bien vite le mode de vie danois. Cependant, quelques années plus tard, une scission s’opère entre les Danois et des mécontents attaquent le village que Ragnar s’est approprié et en déciment la population, à l’exception du protagoniste et de Brida (Emily Cox) avec qui il a été élevé. Après avoir fait savoir à son oncle qu’il était encore en vie, il rejoint l’ancien religieux Beocca (Ian Hart) qui a auparavant travaillé pour son père et qui est désormais au service du roi Aethelred (Alec Newman) qui gouverne le Wessex. Sachant qu’une nouvelle attaque danoise est imminente, Uthred s’allie avec le souverain en lui dévoilant les forces et faiblesses guerrières de ce peuple, en espérant en échange titre et fortune dus à son rang. Ces conseils ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd et le peuple anglais inflige un sérieux revers à leurs ennemis, sauf que le roi est mort au combat et que c’est son frère Alfred (David Dawson) qui lui succède. Ce dernier ne fait pas confiance à Uthred qu’il juge parvenu et surtout peu fiable. Dès lors, de multiples épreuves attendent ces deux têtes fortes.

Une série comme Vickings nous a définitivement prouvé que le moyen-âge pouvait toucher un public contemporain et après The Bastard Executioner qui nous laissait définitivement sur notre faim, arrive The Last Kingdom. Contrairement aux séries de History Channel et de FX, celle de BBC America est beaucoup plus soucieuse de représenter deux peuples issus de cultures ô combien différentes. On le voit, les Anglais forment un peuple sédentaire, pacifique, attaché à ses traditions et très replié sur lui-même alors que les Danois ne vivent que de conquêtes et ont très tôt développé une marine à toute épreuve. Le téléspectateur contemporain aurait comme premier réflexe de s’identifier à l’Angleterre étant donné que l’on connaît le cours de l’histoire. De plus, c’est aussi une île et la population doit faire face à des envahisseurs qui n’ont aucune compassion à leur égard.

The Last Kingdom (2015): en espérant qu’il y en ait d’autres

En même temps, un thème qui plus que tout autre domine la série est la religion… ou l’absence de foi. Les Anglais du temps où ils étaient encore catholiques sont davantage préoccupés à gagner leur place au ciel, en particulier aux hautes instances du pouvoir. On le voit avec Alfred qui bien que roi est d’abord et avant tout un dévot qui malgré sa fortune s’obstine à ne se nourrir que de lait et de fruits, quitte à manquer d’énergie. En même temps, il est déconcertant de constater que ces personnes qui ont le pouvoir de changer le cours des événements s’en remettent uniquement à dieu et en ce sens, le téléspectateur s’identifiera plus facilement aux Danois, beaucoup plus pragmatiques.

Uthred est assurément le plus intéressant de tous puisqu’élevé dans les deux cultures, il est sans cesse ambivalent face à ses pairs. Il a une grande conscience de son rang et désire mener une vie de seigneur, tout en s’identifiant aux Danois pour leur courage et leur détermination. Ici, il n’y a pas de méchants ni de gentils, seulement deux visions du monde qui s’affrontent et la qualité de The Last Kindgom est d’éviter de prendre parti pour l’un ou l’autre.

The Last Kingdom (2015): en espérant qu’il y en ait d’autres

Alfred « le Grand »

Ces deux conceptions sont d’autant plus intéressantes qu’elles réfèrent à des événements réels. Les férus d’histoire ne seront pas déçus puisqu’on voit à travers cette fiction l’ascension d’Alfred, le seul monarque anglais à s’être mérité l’épithète de « Grand ». Et quand on sait qu’il a été plus tard canonisé par l’Église catholique romaine (il est d’ailleurs fêté localement tous les 12 décembre), on apprécie que la production mette justement l’accent sur son côté pieux et juste.

Dans la même veine, The Last Kingdom a le courage de s’éloigner des codes cinématographiques ou télévisuels au profit de l’histoire, tout comme cela avait été le cas avec Wolf Hall sur BBC Two l’an dernier, quitte à se priver de quelques milliers de téléspectateurs davantage portés sur des soap d’époque comme Reign. Ainsi, mis à part la relation entre Uthred et Brida, les intrigues ne sont pas entrecoupées de romances chevaleresques et les femmes, même la reine, n’ont pas leur mot à dire, étant quasiment absentes de la série. C’est d’ailleurs cohérent avec la ligne directrice de la fiction, qui, en phase avec l’Histoire, préfère se pencher davantage sur les guerres intestines entre ces deux peuples. À ce sujet, les scènes de combats, très bien exécutées, sont omniprésentes, mais sans pour autant en faire un spectacle en nous offrant une violence gratuite, insistant sur des détails scabreux à la Game of Thrones ou The Walking Dead.

Comme c’est habituellement le cas, BBC America, malgré quelques productions audacieuses, est superbement ignorée des Américains, si bien que le premier épisode de The Last Kingdom a attiré 390 000 téléspectateurs (taux chez les 18-49 ans : 0,11), 240 000 la semaine suivante (taux 0,07) et par la suite un regain à 410 000 (taux 0,15). Il faut dire que la diffusion d’une nouveauté sérielle un samedi soir a contre elle une rassembleuse programmation sportive. La série a au moins récolté un meilleur sort en Angleterre sur BBC Two avec un score de 3,09 millions de téléspectateurs, soit, l’émission de la semaine la plus populaire de la chaîne.


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