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Mon testament

Publié le 05 juin 2008 par Ad
Bon j'ai bientôt 27ans, il faut que je pense à mes obsèques.
Alors je lègue tous mes instruments à la fanfare Centrale de Lille (sauf le piano qui est pour Liline), à une seule et unique condition: qu'on m'enterre à la vietnamienne.
Avant-hier, il y avait un drapeau satiné accroché sur la palissade du chantier. Un drapeau multicolore: bien jaune, bien mauve et bien bleu ciel. A la tombée de la nuit, j'aperçus un second drapeau plus au fond de l'allée. Et puis j'entendis une musique qui m'appela. Cette musique je la connais très bien, jusqu'à chaque note.
Pour la première fois je l'entends ici. En un instant je ne suis plus au Vietnam mais avec Pont, Manu, So6, Tof, Romjé, A2, Don Pat, Kamarade, Zaza, Mimile, Mastersax, RV, Tintin, Frankan... et tous ceux que je ne connais même pas. Je me surprends à courir pour (re)trouver notre ambiance si festive sur l'air de Fiesta. J'en chiale presque tellement ça fait du bien.
La famille me regarde interloquée: un étranger veut assister... aux obsèques de la mamie.
Les membres proches sont enveloppés d'une tuile blanche et sur le front un bandeau blanc marqué d'un point rouge indique une coutume inconnue. Les codes culturels différent. Ils sont même complètement opposés. A un tel point que cela est choquant. Imaginez les bandhoulles animer uniquement des enterrements? Et pourtant au Vietnam, en 1 an je n'ai vu des fanfares que lors des rites funéraires. Elles jouent les mêmes airs de fête que nous, souvent mieux d'ailleurs. Les percussions sont très rythmées, pas du tout mortuaires. A présent je reconnais le titre de cette chanson: Oyé como va? Comprennent-ils les paroles? C'est émouvant par la violence de cette musique. Les cuivres forcent l'écoute, poussent l'émotion. Le show se continue par des portés d'objet appartenant au défunt à bout de menton! Table, chaises, empilement de chaises, chaise avec bambin dessus, le spectacle m'amuse, mais semble banal aux yeux avertis. Pourtant au milieu de ces musiques dansantes l'ambiance n'est pas à la fête. Les yeux sont marqués du deuil, les mines sont fatiguées de veiller le mort. Il faut rester tout près d'elle, car ici l'âme quitte le corps au bout de 21 jours.
Si par mégarde je vous quitte un peu trop tôt,
un petit Fiesta suivit de Oyé como va pour me saluer sera ma dernière volonté. (Bon pas besoin de rester à côté 21 jours, prenez 1 RTT ça suffira.)

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