La France est entrée en guerre sur son sol vendredi 13 novembre.
Huit assaillants, pour la plupart avec des ceintures d'explosifs attachés autour de la taille, ont simultané frappé 6 lieux en Ile-de-France - la salle de concert du Bataclan, les abords du Stade de France où se déroulait un match amical France-Allemagne devant 80.000 personnes et le président Hollande; et un restaurant dans le 11ème arrondissement. Pour la première fois, quatre kamikazes se sont fait sauter pour tuer. Vers minuit, c'est un Hollande essoufflé par l'émotion qui annonce l'intervention de l'armée dans les rues de Paris, l'état d'urgence et la fermeture des frontières.Samedi matin vers 11h55, l'Etat islamique a revendiqué les attentats.
Source AFP - samedi 14 novembre, 8h du matin
D'une vidéo filmée par un journaliste du Monde alors qu'il se prenait une balle dans le bras peu avant 22 heures à la sortie du Bataclan, aux prises de vues ou aux clichés rapidement postés sur les réseaux sociaux, des centaines d'images ont envahi nos écrans. Les témoignages des centaines de personnes rescapées ou blessées ont complété l'horreur.
Rue de Charonne, une fusillade a coûté la vie à 19 personnes. "C'est une scène de guerre, on ne peut pas gérer ça" expliquait en pleurant, samedi, un témoin de l'attaque.
Dans la nuit de vendredi à samedi, on annonça 18 morts. Puis 30, puis 50. A petit matin, le comptage affichait plus de 120 tués dont 8 terroristes. Deux d'entre eux se font fait sauter à Saint Denis, deux autres au Bataclan. Une majorité du pays se réveille et découvre l'horreur. Le Nord de Paris a vécu des scènes de guerre.
Puisque nous sommes en guerre.
On peut rappeler la responsabilité de l'Europe ou des Etats-Unis dans la déstabilisation politique du Moyen Orient depuis l'aube des années 2000, jusqu'à la guerre de Libye en 2011 et la chute du régime du colonel Kadhafi. On peut pointer du doigt les interventions militaires françaises plus récentes au Mali contre Aqmi en 2013 ou contre Daech cette année; le double jeu de certains émirats ou les dérapages anti-islam en France qui renforcent les plus extrémistes et les plus fous. On peut aussi s'interroger sur les facilités de Daech à vendre son pétrole, et disposer ainsi de la plus grande fortune qu'une organisation terroriste ait jamais possédé.
Ces explications au long cours sont essentielles pour comprendre d'où l'on vient. Et totalement obsolètes pour savoir comment réagir, dangereuses alors que la mobilisation nécessaire.
La France est en guerre. Fallait-il se taire devant l'occupant en 1940 sous prétexte que les Alliés de 14-18 l'avaient bien cherché à force d'humiliations imposées à l'Allemagne ?
La France est fragile quand elle est divisée. Tout concourt aujourd'hui à sa fragilité. L'époque est d'abord au ricanement permanent et aux raccourcis de la pensée. Certains ne savent plus réagir autrement que comme cela. Certains auront besoin de critiquer pour démontrer que leur esprit critique reste aiguisé alors que la France pourrait sombrer dans l'unanimisme sécuritaire. Mais la France est en guerre.
130 morts ou plus devraient suffire à convaincre les indécis.
Alors que les assauts n'étaient pas résolus, les réactions les plus violentes et déplacées vinrent du Front national. Le sang des victimes était encore chaud que Louis Aliot, compagnon de Marine Le Pen, fustigeait la politique de François Hollande. Gilbert Collard appelait sans retenue à voter Marine Le Pen. La fachosphère publiait des fausses rumeurs sur internet.
La droite furibarde s'est aussi lâchée avec à peine moins de retenue. Laurent Wauquiez réclamait que "les 4 000 personnes vivant sur le territoire français, fichées pour terrorisme" soient rapidement internées.Vers 11h30 du matin, samedi, Nicolas Sarkozy réagissait d'abord sobrement. Mais sans surprise, il ne put s'empêcher de critiquer la politique de François Hollande. Son fils junior, Louis, a publié un tweet incendiaire et horrible contre Hollande qu'il a rapidement effacé.
Ces attentats de Paris disqualifient aussi le discours anti-Charlie de janvier.
Rappelez-vous la polémique, entretenue à des degrés divers, qui relayait l'idée selon laquelle les victimes des attentats de janvier l'avaient quelque part "bien cherché". Même la prise d'otage du supermarché HyperCasher fut attribué à la politique d'Israel comme certains savent si cyniquement bien le faire à chaque attentat antisémite. Rappelez-vous les auteurs d'ouvrages post-Charlie qui caricaturèrent ensuite l'émotion collective comme un assaut d'islamophobie conservatrice. Ces seconds attentats de Paris ont frappé à l'aveugle et en masse. Un vendredi soir veille de weekend. Dans les rues, des restaurants, dans une salle de concert, ou un stade où des dizaines de milliers de civils y compris des enfants, assistaient à un match de foot.
Ces attaques démontrent, s'il le fallait, que ce djihadisme ne choisit pas ses victimes: jeunes ou vieux, athées ou croyants, musulmans, juifs ou chrétiens, Français ou étrangers, citoyens ou immigrés. Environ 130 personnes ont été tuées ce vendredi 13 novembre, quatre-vingt autres gravement blessées. Paris s'est transformé en village, chacun aura un témoignage personnel, direct ou indirect, mais dramatique, à partager.
"C'est un acte de guerre commis par une armée terroriste, Daech; commis par une armée djihadiste; (...) un acte de guerre préparé, planifiée depuis l'extérieur, avec des complicités intérieures." François Hollande, 14 novembre 2015.
#JeSuisEnGuerre
Ami citoyen, c'est la guerre.
(voici la chanson de Eagles of Death Metal, chantée au moment où 4 assaillants commencèrent à flinguer. #Enjoy)