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Lancé en 2007 par deux jeunes passionnés d'internet, Danel Marhely et Jonathan Benassaya, la plateforme de streaming Deezer était d’abord gratuite pour tout le monde et sans annonceurs. Puis en 2009, une fois le public bien "accroché", la publicité apparaît, le temps d’écoute est limité, bref, il faut payer pour avoir les mêmes services qu’au début. Une démarche économiquement habile, renforcée par un partenariat avec Facebook qui propulse le site sur le podium des plateformes internationales, avec 26 millions d’utilisateurs en 2012. Les fondateurs tentent l’aventure américaine et lancent Deezer Elite en 2014, une formule en son haute définition qui arrive en France au printemps 2015. Depuis 2009, les versions se succèdent et ne se ressemblent pas, ce qui fidélise les afficionados de la première heure tout en drainant de nouveaux abonnés. Une belle success story qui compte aujourd’hui 6 millions d’abonnés.
Le 22 septembre, Simon Baldeyrou, directeur des opérations de Deezer, annonce l’entrée en bourse de la plateforme d’ici fin 2015. Une annonce qui a fait couler beaucoup d’encre car cela aurait été une première dans le secteur du streaming musical. La valorisation de la start-up est alors estimée à un milliard d’euros par les observateurs. Hans-Holger Albrecht, le directeur général, peut se frotter les mains: devancer le rival Spotify (15 millions d’abonnés) pour l’entrée en bourse, c’est la possibilité de lui passer enfin devant. Et accessoirement d’éponger les 9 millions d’euros de déficit enregistrés au premier semestre 2015, bien que le reliquat de la précédente levée de fonds (100 millions) puisse encore parer au plus pressé.
Mais coup de théâtre le 27 octobre: Deezer estime que les conditions du marché sont mauvaises et déclare "reporter son entrée en bourse" sans préciser davantage. L’arrivée d’Apple sur le marché avec Apple Music, totalisant plus de 6,5 millions d’abonnés payants en quelques mois, n’est sans doute pas étrangère à cette volte-face. De plus, alors que Spotify revendique 20 millions d’abonnés payants actifs, la plateforme française n’en compte que 3 millions… La rude concurrence du marché mondial semble donc avoir eu raison des velléités spéculatives du petit frenchy, déjà en butte à la frilosité des investisseurs depuis l’annonce des mauvais chiffres de Pandora et Netflix aux États-Unis.
Faut-il craindre une dilution du streaming musical français dans la symphonie internationale? Pas forcément. Les dirigeants réfléchissent à d’autres solutions de financement, et s’appuieront peut-être sur l’exemple de startups telles que Sarenza ou Withings, qui n’ont pas eu besoin de passer par la case bourse pour séduire les investisseurs et se développer davantage.