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Non, Monsieur Lamour, les Français ne se « foutent » pas du droit

Publié le 17 novembre 2015 par Gezale

Jean-François Lamour sur France culture ce midi : « Les Français s’en foutent du droit, ce qu’ils veulent c’est la sécurité. » Autrement dit, la proposition de François Hollande d’amender la constitution — par définition le texte fondamental de notre République, la charte commune du vivre ensemble — afin de modifier les articles relevant des situations exceptionnelles est passée, d’ores et déjà, par pertes et profits pour un grand nombre de membres de l’Ex-UMP. Dans ce parti, il n’y a guère qu’Alain Juppé, un homme d’Etat en l’occurrence, pour approuver certaines mesures urgentes et nécessaires à la protection des personnes et des biens. Que l’éventuelle modification de la Constitution soit considérée comme secondaire par un élu de la nation chargé de voter la loi est confondant voire inquiétant.
Jean-François Lamour fait donc partie de ces élus aux visions simplistes des faits et son analyse relève plus de l’amateurisme que d’une véritable incarnation du parlementaire démocrate forcément attentif aux libertés fondamentales. Car il s’agit bien de cela. Loin de moi l’idée de mépriser les mesures intrinsèques à l’état d’urgence. Elles prouvent, nuit après jour, que certaines personnes fichées, relevant autant de la délinquance que du prosélytisme djihadiste, possèdent des armes, de l’argent liquide, tout un arsenal non lié directement aux attentats de Paris mais susceptibles de servir demain. Bernard Cazeneuve a raison de permettre aux policiers et gendarmes de prévenir tout délit et tout attentat et d’agir dans l’urgence. Mais l’état d’urgence ne peut pas être une mesure permanente puisque tous les actes des officiers de police judiciaires ne sont visés qu’a posteriori par les procureurs et les juges ce qui est dérogatoire aux textes « ordinaires » et cette urgence, comme son nom l’indique, n’a pas vocation à s’inscrire dans la durée.
Même dans une situation extraordinaire, la France doit demeurer un état de droit. C’est l’apanage et l’immense privilège des grandes démocraties. En ce sens, je suis au regret d’indiquer à M. Lamour que je ne me fous pas du droit et encore moins pendant les périodes graves et troublées que nous vivons. Je souhaite que le député de la 13e circonscription de Paris prenne son rôle et sa fonction plus au sérieux et évite, à l’avenir, de traiter le droit comme une vile matière. Sinon, que penseraient les citoyens de ceux qui ont vocation à nous protéger de l’arbitraire et du despotisme ?

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