Dans la tête des Français établis hors de France, au Japon, depuis les attentats de Paris du 13 novembre 2015

Nous ne pourrons pas apporter véritablement de réponses individuelles, car bien sûr, chacun vit et réagit à cet événement comme il le peut, mais plutôt certains éléments qui, je l'espère, permettront d'entrevoir des réponses possibles.

Pour les expatriés, il existe néanmoins des sentiments communs et psychologiquement parlant, des ébranlements indéniables chez chacun, et ce sont ces derniers qui nous intéresseront dans ce billet.

Bien que géographiquement, nous, les expatriés, sommes loin de la France, nous sommes français et ce qui se passe nous met durement à l'épreuve exactement comme tous ceux qui sont présent sur le territoire. Exactement, mais aussi différemment, c'est ce que nous allons tenter justement de voir, un peu après.

D'abord, cela nous bouleverse de manière identique parce que c'est notre pays, notre culture et nos valeurs qui sont visés et peu importe l'endroit où l'on se trouve, l'accablement et la colère sont les mêmes.

Mais alors, quelles seraient les petites différences propre à notre condition d'être hors de France ?

Si certaines logiques de pensées amèneraient à nous dire que la distance réduit les émotions, les ressentis et les douleurs. La réalité nous prouve tout à fait le contraire.

En discutant avec d'autres Français ici au japon, il est clair qu'à l'inverse la distance ne fait qu'augmenter notre souffrance.

Pour les expatriés résidant à l'étranger pour de longues durées, cette distance géographique n'est pas une soustraction mais bel et bien une addition qui rajoute beaucoup, dans un moment aussi capital pour la France et qui est particulièrement difficile à vivre.

Le simple fait de voir que même si on est en contact, on ne peut être physiquement avec ses proches, par exemple !

Dans ces moments-là, chacun est je pense, terriblement malheureux.

Au Japon, au fur et à mesure des discussions, on ressent les mêmes paradoxes émotionnels qu'en France. Et puis, ici, à l'étranger, la distance vient forcément très vite mettre son nez dans les réactions et commentaires. Le sentiment d'impuissance résonne alors plus fort. Il serait également impossible de dire, je crois, que personne ici, même loin, n'ait jamais ressenti en secret ou pas, de la culpabilité face à son absence.

Mais, je vous rassure, cette distance géographique, n'est pas simplement vécue uniquement de manière négative. Il y a aussi et heureusement l'effet inverse qui amplifie notre soutien à la France !

Il faut quand même savoir que les expatriés sont généralement loin pour des raisons professionnelles et/ou familiales et qu'il n'y a aucun " abandon " ou " laisser faire " de leur part. C'est encore une fois l'opposé. Si je vois ce qui se passe au Japon, en le généralisant à travers le monde, je pourrais dire que les Français hors de France manifestent d'autant plus un irrépressible intérêt et une prise de conscience, par le fait que justement, ils sont loin.

Au Japon, certains collègues et moi-même s'informons en bravant bien sûr dans la mesure du possible le décalage horaire. Notre besoin de savoir est aussi amplifié parce que nous ne sommes pas sur place et qu'il faut attendre certaines informations.

Ces petits mots en vrac sont simplement une tentative maladroite pour dire à tous les Français de France, que les Français hors de France sont bien sûr avec vous dans cette terrible épreuve, ce moment décisif et historique !

Eric de la CEF-Kansai et d'UMJPJ
http://cef-kansai.org