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Témoignage de Chris Hoy, champion olympique sur son travail avec un psychologue du sport

Publié le 18 novembre 2015 par Sportpsy @sportpsy
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ChrisHoyAPChristopheEnaJ’ai visionné une vidéo de l’Open University qui a fait une série de reportages sur la thématique “A la recherche de la perfection: Comment les athlètes deviennent champion” qui regroupent des témoignages intéressants. J’ai donc décidé de traduire l’entretien qui a été fait avec Chris Hoy, cycliste britannique sur piste, qui compte six médailles d’or à son actif. Chris a toujours évoqué le travail fait avec un psychologue du sport et le détaille dans cette entrevue faite par Michael Johnson, à son centre d’entraînement de Manchester.

Question: La plupart des gens pourraient penser qu’il doit y avoir un problème pour aller consulter un psychologue du sport. Mais ce n’a pas été le cas avec toi. Qu’est-ce qui t’a motivé pour demander de l’aide d’un psychologue du sport?

Je me suis engagé avec Steve Peter parce que j’avais envie d’être le mieux préparé possible. Je savais que j’avais envie de cocher toutes les cases dans ma préparation et d’être sûr d’avoir tout tenté pour réussir. Il n’y avait pas de problème particulier comme gérer la pression ou un manque de concentration. Mais deux jours avant les championnats du monde, j’avais eu l’exemple où j’avais changé ma stratégie en regardant les autres concurrents. J’ai vu quelqu’un qui avait fait un temps vraiment rapide. Plutôt que de me dire que c’était à cause des conditions et que peut-être tout le monde ferait un temps rapide, j’ai changé mon matériel sur mon vélo et j’ai attaqué fort au début and je me suis écroulé à la fin et fait une mauvaise performance.

C’était plutôt des détails qui m’ont poussé à aller le voir, même si cela ne devait faire aucune différence. Mais au moins je pouvais sentir que j’avais fait tout ce qui était dans mes moyens pour être le meilleur possible au début de la course. Steve m’a bien expliqué qu’il ne pouvait pas faire de la magie sur mes performances, qu’il n’allait pas trouvé des super pouvoirs humains mais plutôt de m’aider à faire ce que je savais faire et que je me sentais capable de faire dans des conditions de pression extrême. Cela pouvait être la seule opportunité de ma carrière d’être à domicile, devant le public anglais aux JO. Si tu es déconcentré, si tu te concentres sur les mauvaises choses… pour moi, c’était de me concentrer sur ma performance. Steve m’a aidé car tout ce qui n’était pas utile, que je ne pouvais pas contrôler, il fallait que je l’oublie et que je me concentre sur le processus et pas la conséquence. Si tu te concentres sur le processus, le résultat arrivera.

Cela m’a aidé dans plusieurs situations. Cela m’a aidé à Athènes. On était à un camp d’entraînement deux semaines avant. Et Steve était là et m’a dit “Que vas-tu faire si quelqu’un bat le record du monde juste avant toi? et je lui ai dit “Je n’y penserais pas”. Il m’a répondu “si je te dis maintenant de ne pas penser à un éléphant rose, à quoi penses-tu en premier?” Et effectivement, c’est la première chose qui est venue à mon esprit. “Tu ne peux pas dire que tu ne vas pas y penser, tu peux te concentrer sur autre chose pour déplacer cette pensée négative et te concentrer sur ce que tu veux faire”. Et il m’a dit “à partir de maintenant, à chaque fois que tu as une pensée négative or n’importe quelle pensée qui t’angoisse, je veux que tu visualises ta course. Cela ne prend qu’une minute à faire en temps réel, à partir du moment où tu es devant la porte, le décompte, la respiration profonde, le bruit de la porte, la moitié du premier tour de piste, le deuxième tour de piste et de visualiser toute la course”. Et j’ai répondu “ok, pas de problèmes”. Je suis rentré dans ma chambre, et suis allé sur internet pour regarder une vidéo des français qui avaient fait un très bon temps à l’entraînement. Et j’ai ressenti l’adrénaline et c’est à partir de là que j’ai commencé à essayer cette technique. Je ne sais pas combien de milliers de fois j’ai fait cette course dans ma tête. Mais arrivé à la course, c’était comme si il avait eu une boule de crystal, car il y avait 4 cyclistes avant moi. Il y en a un qui venait de battre le record du monde. Il en restait 3 et un autre a battu le record du monde et on pouvait penser qu’on ne pouvait pas aller aussi vite. Au lieu de paniquer et de changer ma stratégie, j’étais conscient mais pas totalement de ce qui venait de se passer, mais je me suis concentré sur moi et d’essayer d’arriver à faire ce que j’espérais faire.

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Question: Penses-tu que la plupart des sportifs commence à comprendre l’intérêt de la psychologie du sport, de ne pas attendre qu’il y ait quelque chose qui cloche et aussi du point de vue du psychologue du sport, de ne pas se dire que la personne qui vient le consulter n’a pas nécessairement un problème, mais que le but est de l’aider à être meilleur en terme de préparation?

Sans aucun doute. C’est la clé. Cela dit, ce n’est pas parce que quelqu’un est psychologue du sport que cela veut dire qu’il soit un bon psychologue du sport. Il y en a des bons et des mauvais, tout comme il y a de bons et mauvais mécaniciens ou entraîneurs. Je connais beaucoup de coureurs dans l’équipe qui n’ont pas fait le travail avec Steve et qui ont fait de bonnes performances, mais cela ne veut pas dire qu’ils n’auraient pas pu s’améliorer. De la même manière, il y en a qui ont passé du temps avec Steve et qui ne se sont pas amélioré. Mais c’est une chose passionnante. Cela dépend de la manière dont tu t’engages, comment tu utilises les informations. C’est pour cette raison que c’est passionnant et que cela rend le sport intéressant: de voir comment les sportifs gèrent la pression. Je pense que la psychologie prend une place plus importante dans le sport et cela est fascinant et c’est pour cela qu’on l’aime parce que c’est la partie la plus excitante du sport.

Pour voir la vidéo en anglais (avec d’autres liens sur d’autres thématiques)

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