Le ministère français de l'Intérieur a
demandé lundi à Twitter et Facebook, par réquisition judiciaire, de
retirer de leur réseau une photo prise au Bataclan après l'attentat,
montrant des corps jonchant le sol, a-t-on appris mercredi de sources
concordantes.
Les deux réseaux ont appliqué cette requête mais uniquement sur le
territoire français. Cette réquisition, signalée sur son site par
l'organisme de recherche américain Lumen, invoque une "atteinte grave à
la dignité humaine" ainsi qu'une "atteinte au secret de l'enquête".
"Nous avons reçu cette requête dès lundi.
Dès que la photo est signalée par un internaute, nous la faisons
disparaître", a indiqué un porte-parole de Facebook, qui n'intervient
jamais au préalable sur les contenus publiés par ses membres. "Le
signalement par notre communauté est le moyen le plus rapide" pour
repérer un contenu, a-t-il expliqué.
Depuis cette réquisition, Twitter applique, lui, de manière
systématique un filtre gris qui masque le tweet contenant la photo
incriminée, pour les internautes basés en France, a confirmé une source
proche du dossier. Cette technique est appliquée par Twitter pour toutes
les requêtes judiciaires de censure, dans le pays d'où émane cette
requête.
Twitter indique sur son site avoir reçu du gouvernement français 29
demandes de retraits de contenus et 139 requêtes d'information sur des
comptes au premier semestre. Facebook a dû, lui, retirer 295 contenus
entre janvier et juin, contre 22 au premier semestre 2014. Ces demandes
ont notamment été faites après les attentats de janvier.
Spontanément, de nombreux utilisateurs de Twitter, Instagram ou
Facebook appellent depuis plusieurs jours à ne pas diffuser la photo du
Bataclan, parue dans la presse étrangère. A l'inverse, certains
militants d'extrême droite déplorent cette censure gouvernementale:
"C'est pour ne pas stigmatiser les islamistes ?", interroge
l'administrateur du compte @FrDesouche (français de souche).
La ministre de la Justice Christiane Taubira avait dès dimanche
appelé les internautes à la retenue, leur demandant d'éviter de diffuser
des images choquantes, au nom du respect des familles. "J'ai appris la
diffusion d'images de corps. J'appelle au respect de la dignité des
personnes décédées, de leurs familles", a-t-elle déclaré.
Source : Lorientlejour