Le transhumanisme va révolutionner notre vie, en commençant par la rendre éternelle.
Le but de ce mouvement intellectuel est d’améliorer la condition humaine grâce aux sciences, palier les faiblesses de l’homme, augementer ses capacités physiques et intellectuelles, repousser la mort, si ce n’est la vaincre. Alors certes beaucoup considèrent encore cela comme de la pure théorie, mais aujourd’hui elle commence à se concrétiser et les agents économiques s’affolent. Pour certains, c’est le marché du siècle.
Alors venez découvrir pourquoi il vous faut miser sur l’immortalité !
Vaincre la mort : les moyens d’y parvenir
Ce qui a changé avec les décennies passées, c’est que l’on a désormais les moyens de parvenir à faire de nous des humains « augmentés ». Après des investissements faramineux et des années de recherche, nombre de technologies seraient en mesure de vaincre la mort, ou du moins de la repousser. Ces sciences portent un nom: les NBIC. Neurotechnologies, Biotechnologies, Informatique & sciences Cognitives. Et clairement, ça va faire des miracles.
Tout d’abord, les progrès de la médecine régénérative devraient permettre de fabriquer des organes artificiels ou de rajeunir ses cellules. Les prothèses bioniques tel le cœur Carmat pourront aussi remplacer les membres défectueux, ou des nanorobots les réparer. Bref, à 80 balais vous serez encore en pleine forme. Mais la vie éternelle n’est pas nécessairement physique !
Le suivi médical par smartphone ou le séquençage des gènes et la thérapie génique sont aussi gages d’un prolongement de la vie. Enfin, certains programmes comme Eterni.me proposent de stocker votre cerveau et d’en faire une intelligence artificielle apte à dialoguer avec vos proches même après votre mort. Vous l’aurez compris, la vie éternelle et autres objectifs transhumanistes ne sont plus des mythes, mais une réalité.
Le All-in des multinationales et autres milliardaires
Face à de telles perspectives, les grands de ce monde n’ont pas tardé à réagir. D’abord, les nantis. Ces milliardaires qui ont investi leur fortune dans la recherche sur les biotechnologies et la régénération cellulaire. Dmitry Itskov, jeune milliardaire russe, finance le programme « Initiative 2045 » voué à la création d’un cerveau auxiliaire dans un corps artificiel. Robert Miller, milliardaire canadien, a choisi la cryogénisation avec sa fondation Alcor. À cœur vaillant et gros compte en banque, rien d’impossible.
Mais ces riches particuliers ne sont pas les seuls à miser sur le marché du transhumanisme et de la vie éternelle. Les multinationales se sont rapidement intéressées à ce marché qui pourrait être une révolution. En tête de file, Google. Loin de se cantonner à son rôle de moteur de recherche, la firme américain est en train de bâtir le futur de demain. D’abord avec l’espace, le web et la mémoire. Puis la réalité augmentée et la robotique. Et maintenant le transhumanisme. Lancée en 2013 au sein du laboratoire Google X, sa filiale Calico n’a qu’un seul et unique but : « tuer la mort ». Rien de moins. Biotechnologies, intelligence artificielle, thérapie génique, tout y passe, et ce sans limite de budget. Quand on aime, on ne compte pas. Et avec 64.4 milliards de dollars de trésorerie et 11.5 milliards en budget R&D annuel, Google peut se le permettre. Ce n’est pas Ray Kurzweil, pape du transhumanisme, fraîchement recruté, qui s’y opposera.
La firme de Mountain View n’est pas seule dans les starting-blocks. Apple, avec ses 8 milliards de budget en R&D pour 2015, ne compte pas se limiter aux iPhones. Si l’Apple Watch et les objets connectés concentrent les efforts, l’objectif à terme n’est autre que l’humain augmenté et l’intelligence artficielle. Terminator n’a qu’à bien se tenir.
Et même les firmes ne « produisant » rien s’y mettent. Le budget R&D de Facebook sur le premier trimestre de 2015 ? 1.06 milliard de dollars. Oui, sur le simple trimestre. Le double de celui de l’année dernière sur la même période. Alors à quoi sert tout cet argent ? Certes à congeler les ovocytes de ses employées, mais aussi à préparer l’avenir.
Le futur : seuls les riches seront immortels
Mais tous ces produits révolutionnaires ont un coût. Prenons quelques exemples parmi ceux récemment cités. Les Hololens, système de réalité augmentée révolutionnaire de chez Microsoft, seront vendues 3.000€ pièce. Pour renouveler son sang, il faut compter 16.000€ la cure d’ozonothérapie. Le coût moyen d’un bras bionique et de sa mise en place, 32.000€. Stocker ses cellules souches pour les re-cultiver plus tard, c’est 62.200€ chez Cellectis. Avec Alcor, une cryogénisation coûte au minimum 146.000€. Enfin, le prix du cœur artificiel Carmat est estimé entre 140.000 et 180.000€. Alors avec ces prix-là, on ne va pas se mentir, seuls les riches seront immortels.
En effet, le problème c’est que les seuls consommateurs potentiels de ces produits représentent dès aujourd’hui une élite. Selon Oxfam, 1% des habitants de la planète contrôlent plus de 50% de la richesse mondiale. Et c’est ce même 1% qui bénéficiera de ces avancées. Or ces augmentations et autres traitements ne feront qu’accentuer le clivage déjà existant. Pour rappel, l’espérance de vie d’un homme blanc diplômé est de 80 ans. Celle du même homme non-diplômé ? 67 ans. D’autant que pour les plus riches, cela ne servira pas seulement à se guérir, mais bien à améliorer ses performances, physiques ou intellectuelles. Alors ne confier la vie éternelle aux plus fortunés, c’est courir aux devants d’un cataclysme. De la lutte des classes à la « lutte des âges » (Aeon), il n’y a qu’un pas.
Du rêve au cauchemar ?
Un autre risque est tout simplement celui de la fin de l’humanité. Eh ouais. A vouloir jouer les apprentis sorciers, ces firmes seront dépassées par ce qu’elles auront créé. L’intelligence artificielle n’est pas à prendre à la légère. Lorsque la singularité sera atteinte, c’est-à-dire que l’intelligence artificielle s’auto-développera, alors l’humanité sera en perte totale de contrôle sur son destin. Certes, cela n’est pas sans rappeler Terminator. Mais tous ces progrès techniques n’étaient-ils pas non plus rabaissés au rang de science-fictions ?
En outre, comme tout ce qui touche à l’informatique, les prothèses biotechnologiques et les accessoires connectés comportent un risque de neuro-hacking. Imaginez non seulement la quantité de données que l’on pourrait récupérer sur un individu, mais aussi la manière dont on pourrait manipuler son corps. L’autre risque qui est lié est celui des neuro-dictatures. En situation de monopole, les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon et consorts) pourraient être tenter d’imposer leurs « mises-à-jour ». Ce qui ne serait pas sans rappeler Apple et sa maîtrise de l’obsolescence programmée. La dépendance à venir est limpide. Être augmenté vaut-il la perte de sa liberté ?
Ainsi, les solutions pour l’immortalité et les applications du transhumanisme sont nombreuses, souvent onéreuses, parfois borderlines. Une chose est sûre, c’est que les multinationales ne lésinent pas sur les moyens. Alors certes, moralement et éthiquement, on ferait mieux de réfléchir avant d’agir. Opter pour le principe de précaution ou celui de responsabilité, il faudra bien choisir.
Mais économiquement, chers businessmen, il n’y a pas à tergiverser. Misez tout sur le transhumanisme !