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Difficulté de la prévention du VIH/sida dans le milieu de la prostitution en France

Publié le 10 juin 2008 par Chictype

La prostitution est souvent perçue comme une situation particulièrement à risque vis à vis de l’infection à VIH/sida. La prévention a du mal à pénétrer ce milieu. Mais ce sont plutôt ceux qui achètent ce service que celles qui le vendent qui représenteraient l’ennemi principal de la prévention. Ce n’est pas forcément la prostitution elle-même qui conduit aux prises de risque mais plutôt les pratiques ou les situations associées comme la toxicomanie. Une enquête ethnographique a été réalisée à Paris et en proche banlieue entre 2002 et 2005

Deux groupes montrent des lacunes dans la connaissance que les personnes ont du sida : les femmes âgées anciennement installées et les femmes d’Europe de l’Est récemment arrivées. Pourtant ce n’est pas parmi ces prostituées que se rencontrent le plus de personnes séropositives et leurs pratiques préventives semblent globalement adaptées.

Les prostituées d’origine sub-saharienne ont un taux de prévalence d’infection à VIH plus élevé malgré un bon usage du préservatif et des connaissances plus approfondies que la moyenne. Elles sont parmi celles qui auraient un plus grand nombre de clients différents. La moindre faille de prévention peut être statistiquement lourde de conséquences.

Les prostituées dans leur grande majorité encouragent l’utilisation de préservatifs qui représentent pour elles une façon de se prémunir du virus mais surtout une barrière physique et morale mettant le client à distance et qui diminue le sentiment de “souillure”. Le préservatif remplace ainsi la “toilette du client”, nombre de services sexuels ayant lieu dans des endroits ne disposant pas d’eau courante.

La dépendance aux produits illicites demeure le principal vecteur indirect de transmission du virus. Les prostituées toxicomanes se protègent en priorité contre les risques liés à leur toxicomanie plutôt que contre les dangers liés à la sexualité.
L’augmentation du risque d’infection à VIH chez les utilisatrices de crack serait essentiellement liée aux relations ambiguës qu’elles entretiennent avec leurs fournisseurs et leurs partenaires de fumerie. Le crack et non l’argent sert alors bien souvent à payer la relation sexuelle, ce qui confère à ces clients un statut particulier proche du “partenaire privé” avec lequel les rapports sont le plus souvent non protégés.

Le recours au préservatif est moins systématique en dehors des pratiques monétarisées (petit ami, proxénète..) et avec certains clients très habituels dont le statut se rapproche alors de celui d’un partenaire privé.

Conclusion

Chez les prostituées, l’utilisation du préservatif est moins un acte de prévention qu’un vecteur de séparation et de neutralisation du geste prostitutionnel. Son relatif succès ne constitue donc pas forcément un signe de responsabilisation. Les migrantes d’Afrique sub-saharienne et les toxicomanes sont des groupes particulièrement à risque vis à vis de l’infection à VIH/sida.
Alors que les associations qui s’occupaient des prostituées dans les années 1980/1990 étaient surtout préoccupées par la prévention de la prostitution et la réinsertion des prostituées, les associations actuelles crées dans un but de “santé communautaire” (comme le bus des femmes à Paris) ont une logique basée essentiellement sur la prévention des risques liés à la prostitution et tout particulièrement ceux imputables au VIH/sida. Cependant avec l’arrivée massive des immigrés sur les trottoirs cette logique est actuellement mise à mal et ces jeunes associations sont confrontées aux situations de contrainte et d’esclavage sexuels. L’urgence est en train de redevenir la disparition de la prostitution avec la notion de “respect de la dignité humaine” qui tient une place croissante dans le droit national et international.. La prévention du risque VIH risque d’être considérée par certains comme accessoire voire comme incitatif à la prostitution.

Dans la presse scientifique :

“Prostitution de rue en France : splendeur et misère de la prévention du sida” ; Catherine Deschamps ; M/S hors série numéro 2, vol. 24, mars 2008

Source : http://femmesida.veille.inist.fr/spip.php?article584


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